Publié sur Voix Arabes

Les peuples arabes et leur révolution de l’ouverture : la Banque mondiale est-elle en mesure de suivre ?

Les peuples arabes et leur révolution de l’ouverture : la Banque mondiale est-elle en mesure de suivre ?Le monde arabe était un foyer d’effervescence intellectuelle et de découverte scientifique quand mes ancêtres d’Europe du Nord étaient un peuple relativement arriéré, occupé à lancer des raids sur ses voisins et à suer sang et eau au service du roi. Puis la roue a tourné et, au cours des dernières décennies, le monde arabe s’est caractérisé par des régimes politiques autoritaires, le non-respect des libertés fondamentales et une exclusion généralisée.

Pendant ce temps, dans d’autres parties du monde, les populations jouissaient de plus en plus de libertés et étaient de plus en plus nombreuses à bénéficier d’une révolution médiatique  qui leur ouvrait grand les portes de l’information.

Et voilà que, quasiment du jour au lendemain, des millions de citoyens arabes sont devenus les acteurs de cette scène mondialisée  d’échange et d’ouverture. Tweets, publications sur Facebook et autres blogs, des quatre coins du monde arabe est parvenu le bouillonnement d’une liberté  fraîchement acquise. Je viens moi-même d’en être le témoin en Tunisie.  Tous les soirs, à la  télévision, il y a une interview d’un ministre et les téléspectateurs peuvent poser leurs questions. Un soir, un ministre a refusé de qualifier de « révolution » les événements récents. Le lendemain, il était démis de ses fonctions.  D’autres raisons ont probablement été à l’origine de ce renvoi mais de toute évidence l’impact médiatique était frappant. Il faut bien avouer qu’avant, lorsque vous regardiez la télévision ou lisiez les journaux tunisiens en ligne, vous risquiez de plonger dans un certain ennui tellement il était évident que l’information était manipulée. Avant la révolution, alors que je participais à une émission à la télévision tunisienne, le journaliste, visiblement très inquiet à l’idée de ce que cet étranger allait bien pouvoir raconter, s’est empressé de rappeler au collègue tunisien qui m’accompagnait que je ne devais rien dire de négatif sur le Président. J’ai répondu, en plaisantant, qu’il ne fallait pas s’inquiéter et que si d’aventure je tenais des propos inappropriés, il suffisait que l’interprète les « corrige ». Cela n’a pas fait rire le journaliste, qui a blêmi encore un peu plus. J’avais manifestement touché une corde sensible. Cette fois-ci, quand je suis retourné en Tunisie, les choses avaient changé et je me suis retrouvé dans la situation exactement opposée, avec des journalistes qui voulaient nous parler, qui voulaient connaître notre avis sur la situation, savoir ce que nous faisions pour aider le gouvernement provisoire. C’était à présent au tour de la Banque d’être inquiète et d’être sur la retenue.

Si je vous fais part de ces réflexions aujourd’hui c’est pour me pousser à suivre l’exemple des peuples arabes et à être plus ouvert, et pour appeler mes collègues à en faire de même. Nous devons arrêter de nous censurer, nous devons utiliser les nouveaux médias  pour entrer dans la discussion et partager nos opinions, même si elles ne sont pas totalement abouties.  Ce n’est pas que  nous avons la culture du secret à la Banque mondiale, mais plutôt que nous avons peut-être peur de dire ce que nous pensons tant que nous ne sommes pas convaincus d’avoir raison. Voilà tout l’enjeu de ce blog : nous faire entendre et être entendus, échanger des points de vue et mettre en pratique l’ouverture que nous prônons en théorie.

Et, d’ailleurs, soit dit en passant, nous pouvons compter sur nos traducteurs arabes pour vérifier ce que nous écrirons… C’est une blague, bien sûr.

À vos blogs, collègues !

Cet article est une traduction de la version anglaise.


Auteurs

Steen Jorgensen

Directeur du secteur Développement humain (santé, éducation, travail et protection sociale) - Région Moyen-Orient et Afrique du Nord

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