Publié sur Voix Arabes

Les régimes tombent mais des problèmes demeurent

Les régimes tombent mais des problèmes demeurentRéunissant militants, universitaires, intellectuels et experts éminents de toute la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, la conférence Voix et opinions arabes est un événement significatif en ce qu'il n'est pas le reflet de la Banque mondiale ni de ses opinions, le rôle de l'institution ayant simplement consisté à offrir la possibilité et l’espace nécessaires pour que s’engage le débat.
 
Il s'agit d'une rencontre exceptionnelle qui n'a pas pour objectif d'écouter divers exposés de la situation, mais d’ouvrir la discussion et de favoriser l’échange d’opinions sur les événements qui se déroulent dans la région. Pour être plus clair et plus précis, ce n’est pas un forum destiné à analyser les dimensions politiques changeantes des événements en cours dans le monde arabe, mais d’examiner de façon plus approfondie les problèmes qui ont contribué à les déclencher en partie et de tracer des perspectives pour l’avenir.

Nous savons tous que nombre des griefs et des éléments déclencheurs qui ont été à l’origine de ces événements sans précédent sont de nature économique et sociale, même s’ils ont pris une tournure très politique au cours des derniers mois, et ceci pour la raison principale qu’ils n’avaient pas été traités jusque là.
 
Il est tout à fait évident aujourd’hui que ces sujets de mécontentement couvaient depuis longtemps et qu'ils traduisent le manque fondamental de débouchés et de perspectives ressenti par les populations de ces pays, et plus particulièrement les jeunes.  
 
Les frustrations des populations portent vraisemblablement en grande partie sur le manque d’accès à des emplois de qualité, le manque d’accès à des débouchés économiques, le manque d’accès à la bonne gouvernance – c'est-à-dire des institutions publiques transparentes, responsables et accessibles – et le manque d’accès à des canaux institutionnels crédibles par lesquels leurs voix peuvent être entendues et prises en compte.
 
S’il ne fait bien sûr aucun doute que la plupart de ces problèmes sous-jacents sont très complexes et qu’il faudra beaucoup de temps pour les régler, ce n'est pas parce qu’un régime sera tombé ou qu’un leader en aura remplacé un autre qu'ils vont disparaître.
 
En abordant la question dans une perspective régionale, au lieu de l’aborder pays par pays, on constate très clairement qu’une grande partie de la région fait face à un ensemble de défis de développement communs qui ont pris une dimension politique parce qu’ils sont restés sans réponse pendant trop longtemps.
 
Ces défis sont de nature économique et sociale. Nombre d’entre eux dépassent en fait les frontières, et aucun des pays de la région n'a la capacité d’y faire face à lui tout seul. Qu'il s'agisse des réformes de la gouvernance, de l’emploi des jeunes, de la rareté de l’eau, de la sécurité alimentaire, du rôle du secteur privé, de la qualité de l’éducation, des inégalités hommes-femmes ou encore des conséquences de changements climatiques probables, toutes ces questions transcendent les frontières nationales et il est non seulement possible mais aussi souhaitable selon moi d'y faire face à un niveau régional.
 
Les pays de la région se trouvent devant une occasion historique de relever ensemble ces défis. Forts d'une histoire et d'un patrimoine communs, ils peuvent ensemble avancer plus vite et obtenir collectivement des résultats plus profonds et de portée plus large.

Cet article est une traduction de la version anglaise.
 


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