Samedi 1er décembre, un groupe de bailleurs de fonds s’est retrouvé dans les bureaux de la Banque mondiale, à Sanaa, pour voir comment ils pourraient aider le Yémen à concrétiser les conclusions de la Conférence du dialogue national (NDC). Des représentants des Nations unies, du Conseil de coopération du Golfe (CCG), de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), du Département du développement international du Royaume-Uni (DfID), de l’Allemagne, des Pays-Bas et du Japon et bon nombre d’autres personnes ont participé, aux côtés du personnel de la Banque mondiale, à cette rencontre. Comme elle avait lieu pendant le week-end, la plupart des bureaux étaient vides. J’étais assis en face de Michael. Tous ensemble, nous avons discuté des étapes à suivre pour avancer et décision a été prise d’étudier d’autres expériences face à une situation de transition similaire, indépendamment du résultat obtenu, et de dresser un bilan des dix années de réformes mises en œuvre au Yémen.
Nous sommes par ailleurs convenus de recruter une équipe d’experts chevronnés pour réfléchir à différents scénarios d’aide au pays en vue d’assurer la concrétisation des conclusions de la NDC… Puis nous avons fixé la date de la prochaine réunion, prévue la semaine suivante.
Comment imaginer alors que Michael ne serait plus parmi nous ?
Le 5 décembre au matin, Michael Nebelung, directeur-pays pour le Yémen à la Société allemande pour la coopération internationale (GIZ), s’est rendu à l’hôpital de Sanaa pour un bilan de santé. Il était accompagné d’un collègue de la GIZ et de leur chauffeur. Alors qu’ils étaient dans l’hôpital, un groupe de terroristes a attaqué l’établissement, tirant sur tous ceux qui se trouvaient sur leur chemin, médecins, infirmiers et patients.
Bilan : 56 morts et plus de 200 victimes.
Parmi les personnes fauchées, Michael, assassiné de sang-froid par de lâches terroristes.
Je l’avais rencontré voici un an environ. Il est arrivé un jour dans mon bureau avec une longue liste recensant tous les programmes appuyés par la GIZ. Nous en avons discuté puis avons envisagé ensemble des pistes de coopération entre nos deux institutions. Et c’est ainsi que nous sommes devenus amis. Michael était un homme intelligent, qui connaissait bien son affaire et était entièrement dévoué à la cause du développement. Il aura passé pratiquement toute sa vie professionnelle à aider les autres, du Guatemala au Kosovo, avant d’être nommé au Yémen. Michael s’était engagé à aider les Yéménites à scolariser leurs enfants, à améliorer leurs services de santé et à avoir accès, chez eux, à une eau salubre. Comme chacun de nous, il faisait son possible pour accompagner le pays lors de cette transition historique.
Aucun des participants à la réunion du 1er décembre ne se faisait d’illusions : nous savons que la tâche qui nous attend est rude et sans doute périlleuse, mais nous avons confiance dans le peuple yéménite. Nous savons aussi que pour forger son avenir, ce pays a besoin d’un appui constant de la communauté internationale. Ceux qui ont assassiné Michael et tous les autres innocents du 5 décembre cherchent, eux, à entraver cette transition politique historique et pacifique.
Mais ils doivent savoir que leur stratégie meurtrière est vouée à l’échec.
Nous allons prendre la relève de Michael et poursuivre son travail.
Nous resterons aux côtés du peuple du Yémen alors qu’il s’engage dans l’édification d’un État démocratique moderne.
Et nous sommes déterminés à faire aboutir les projets que Michael avait engagés.
Prenez part au débat