Publié sur Voix Arabes

Plus de clarté dans la région MENA : Importance de la transparence pour faire échec au coronavirus, susciter l’espoir et apporter la prospérité à la région

Au moment où le coronavirus se propage dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), les rues se laissent aller à l?incertitude et à la peur. Au moment où le coronavirus se propage dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), les rues se laissent aller à l’incertitude et à la peur.

Au moment où le coronavirus se propage dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), les rues se laissent aller à l’incertitude et à la peur. Les citoyens se tournent vers leurs gouvernants pour obtenir une réaction, mais des décennies d’absence de transparence ont fait le lit de la méfiance et, dans bien des cas, sapé la crédibilité de nos États. Personne ne peut dire avec certitude si les nouvelles et les rapports qui lui parviennent au jour le jour sont vrais. Comme l’a bien résumé un citoyen au sujet de la réaction des gouvernants de la région face à la pandémie de COVID-19 : « quand vous perdez la confiance du peuple, même lorsque vous dites la vérité, on ne vous croit plus ». 

Comme s’il ne suffisait pas qu’une pandémie survienne par temps d’agitation sociale, plus que toute autre région du monde, la région MENA est secouée par deux chocs distincts, quoique liés : les prix du pétrole s’effondrent pendant que le virus se répand. Cette situation a des répercussions directes sur les recettes et les comptes budgétaires des pays exportateurs de pétrole, mais elle affecte aussi indirectement, bien que lourdement, les économies en développement de la région qui sont tributaires de la manne pétrolière pour recevoir des envois de fonds, de l’investissement direct étranger et des transferts en provenance de leurs voisins fortunés. 

Alors que nous luttons contre la propagation de la COVID-19, les politiques conçues pour contenir la pandémie, comme la distanciation sociale, ont des conséquences récessionnistes à court terme, et des coûts économiques potentiellement à long terme. Le Groupe de la Banque mondiale est résolu à aider les pays à surmonter ce double choc avec pour objectif de ne pas faire de laissés-pour-compte. 

À cet égard, nous avons établi un mécanisme de financement d’urgence d’un montant de 14 milliards de dollars pour la lutte contre la COVID-19, et nous ne ménageons aucun effort pour intensifier nos opérations. David Malpass, le président de la Banque mondiale, s’est engagé le 25 mars dernier à mettre à disposition 160 milliards de dollars qui serviront à financer, durant les 15 prochains mois, des opérations conçues sur mesure pour répondre aux besoins de chaque pays, mais fortement axées sur le financement à l’appui des politiques, la protection des ménages les plus démunis et la préservation de l’environnement. 

Après le passage du virus 

Cela dit, nos partenaires dans la région MENA et nous-mêmes sortirons du mode d’intervention d’urgence à un certain moment. Mais nous devrons alors être plus forts qu’auparavant, dans l’espérance d’un avenir meilleur pour la région ! 

Pour redonner espoir à nos citoyens, nous devons apprendre et changer. Après tout, lorsque le virus s’est déclaré, toute la région, je veux dire tout le monde — ses dirigeants, ses entrepreneurs, sa jeunesse instruite, sa société civile tout entière — était déjà engagé dans des débats difficiles autour de l’évolution des différents pays et de leurs perspectives de développement. Toute la société semblait remise en cause, de la nature des systèmes politiques aux considérations techniques des politiques sociales et macroéconomiques. 

Notre nouveau bulletin d’information économique régionale fournit des détails pertinents pour ces débats, s’agissant de l’importance de la transparence dans l’administration publique. De fait, s’il est une leçon à tirer de la pandémie, c’est que la transparence dans la fourniture de l’information publique peut sauver des vies et améliorer les résultats économiques, en renforçant la confiance de la société à l’égard de l’État. 

Malheureusement, la transparence laisse à désirer dans la région MENA depuis des années et des décennies. En fait, cette région apparaît comme la seule au monde à avoir connu une baisse de sa capacité statistique et de la transparence depuis 2005, bon nombre de ses pays ayant pris du retard dans leur capacité à produire des données, ou empêchant complètement l’accès aux informations qui existent. 

Plus de données, s’il vous plait 

Comme on a pu le voir avec la propagation de la COVID-19, des données fiables et transparentes favorisent l’amélioration des politiques publiques et le renforcement de la confiance des populations à l’égard de l’État. En revanche, le manque de données et de transparence pourrait être en partie responsable de la faible croissance chronique dont souffre la région.  

Depuis le début du XXIe siècle, la croissance de la production par habitant dans toute la région MENA est inférieure à ce qui caractérise les autres économies ayant le même niveau de développement. Notre nouveau rapport fait valoir que si la région avait progressé au taux typique observé ailleurs dans le monde durant les 20 dernières années, elle serait au moins 20 % plus riche qu’elle ne l’est aujourd’hui. 

Nos économistes ont également constaté que le manque de transparence est encore plus préjudiciable lorsque les systèmes sont exposés à des menaces graves comme la pandémie actuelle. Le déficit croissant de transparence des données a provoqué des pertes de revenu par habitant comprises entre 7 et 14 % : il est donc plausible qu’il explique la plus grande part des pertes de revenu accumulées au XXIe siècle. 

Il est difficile de penser à des défis à long terme plus importants pour la région MENA que l’accélération de la croissance économique, la réduction des vulnérabilités en matière de finances publiques et l’amélioration de la performance des marchés du travail. Et pourtant, soit il manque des informations dans ces domaines, soit celles-ci sont ambigües. Cette nouvelle étude met en lumière les aspects obscurs du débat crucial en cours sur les politiques publiques. 

Les griefs à l’origine des troubles sociaux et des manifestations qui ont secoué la région tout entière ne peuvent être réglés qu’en rétablissant la confiance. La pandémie de coronavirus a exposé les enjeux au grand jour : il ne s’agit ni plus ni moins que de l’existence et la prospérité humaines.  

Aujourd’hui plus que jamais auparavant, un nouveau contrat social est nécessaire. Le processus de guérison commence par la transparence et la responsabilité. Un surcroit de transparence peut aider à assurer un avenir prospère pour la région MENA, un avenir basé sur une plus grande confiance de la société à l’égard de l’État, qui génère croissance et prospérité dans les années et les décennies à venir. 


Auteurs

Ferid Belhaj

Vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord

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