Alors que la rentrée se profile à l’issue de la pause estivale, mes enfants sont, comme tous leurs camarades, impatients de retourner à l’école. Ils ont le sentiment que chaque année scolaire qui passe les rapproche de l’aboutissement de leurs rêves...
Mais pour moi comme pour leur mère, la rentrée scolaire est source d’angoisse et de confusion : le conflit entre Israël et les factions armées palestiniennes est une épée de Damoclès qui nous oblige à rechercher des établissements scolaires à proximité de notre domicile. Nous vivons constamment dans la peur de voir une guerre éclater à l’improviste, comme en 2008, lorsque les forces aériennes israéliennes ont pilonné Gaza, et que nous nous sommes précipités en hurlant vers l’école pour ramener nos enfants à la maison. Ces heures fatidiques que nous endurons à chaque rentrée expliquent que nous taisons à nos enfants la raison pour laquelle nous souhaitons qu’ils soient inscrits dans une école près de chez nous.
Cette année, Mohammed a été le plus enthousiaste de mes fils. Il entre au collège et voulait que tout soit nouveau et différent. Il a choisi une école de garçons placée sous les auspices de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), et étrenné un nouvel uniforme et un nouveau sac à doc. Ses rêves prennent forme : il veut devenir cardiologue. J’ignore pourquoi il a choisi cette voie. Peut-être est-ce parce qu’il a dû être opéré plusieurs fois après un accident de la route. Il fait de l’équitation et a remporté plusieurs médailles ; chaque année, il se distingue parmi les meilleurs élèves de son école. En cette rentrée scolaire, seules les manifestations des travailleurs de l’UNRWA (l’institution internationale est confrontée à des difficultés budgétaires) viennent contrarier sa joie.
Nos trois jumelles Sama, Saba et Basma sont toutes mignonnes dans leur tablier d’école. Elles sont euphoriques à l’idée d’être scolarisées dans une école reconstruite pour accueillir les enfants de réfugiés, où les bureaux et tous les équipements sont neufs, à l’image de leur uniforme et de leur cartable. Leur excitation croît de jour en jour.
Sama a pour ambition de devenir journaliste. Elle aime discuter, pose des questions sur tout, mais ne souhaite pas grandir parce qu’elle redoute de devoir porter le hijab, une pratique désormais très courante dans les écoles de Gaza.
Saba veut devenir architecte. À cause peut-être des maisons détruites qui hantent les rues de Gaza, des coupures d’électricité qui la dérangent, ou de la nécessité de réparer l’unique centrale électrique de Gaza...
Basma, elle, est douée pour le dessin. J’ai cherché un atelier où elle pourrait développer son talent, mais ce qui la passionne, c’est la chimie.
La plupart des écoles de Gaza se bornent au programme scolaire standard et ne proposent aucune formation en art, musique ou sport. Les activités extrascolaires sont inenvisageables tant les Gazaouis peinent à joindre les deux bouts.
Je suis comme tous les papas à Gaza. J’habite un territoire dont les organisations de l’ONU disent qu’il sera inhabitable en 2020 si rien ne change. Autant dire que les rêves de mes enfants sont compromis. À l’issue de la dernière guerre, qui dura 51 jours, un ami m’a dit que c’était un pur hasard que nous soyons toujours en vie. Et pourtant, nous devons continuer d’espérer, parce qu’il y a des enfants toujours aussi enjoués à l’idée de rentrer à l’école chaque année et qui entendent bien concrétiser leurs rêves.
Les opinions exprimées dans ce billet sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement celles du Groupe de la Banque mondiale.
Mais pour moi comme pour leur mère, la rentrée scolaire est source d’angoisse et de confusion : le conflit entre Israël et les factions armées palestiniennes est une épée de Damoclès qui nous oblige à rechercher des établissements scolaires à proximité de notre domicile. Nous vivons constamment dans la peur de voir une guerre éclater à l’improviste, comme en 2008, lorsque les forces aériennes israéliennes ont pilonné Gaza, et que nous nous sommes précipités en hurlant vers l’école pour ramener nos enfants à la maison. Ces heures fatidiques que nous endurons à chaque rentrée expliquent que nous taisons à nos enfants la raison pour laquelle nous souhaitons qu’ils soient inscrits dans une école près de chez nous.
Cette année, Mohammed a été le plus enthousiaste de mes fils. Il entre au collège et voulait que tout soit nouveau et différent. Il a choisi une école de garçons placée sous les auspices de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), et étrenné un nouvel uniforme et un nouveau sac à doc. Ses rêves prennent forme : il veut devenir cardiologue. J’ignore pourquoi il a choisi cette voie. Peut-être est-ce parce qu’il a dû être opéré plusieurs fois après un accident de la route. Il fait de l’équitation et a remporté plusieurs médailles ; chaque année, il se distingue parmi les meilleurs élèves de son école. En cette rentrée scolaire, seules les manifestations des travailleurs de l’UNRWA (l’institution internationale est confrontée à des difficultés budgétaires) viennent contrarier sa joie.
Nos trois jumelles Sama, Saba et Basma sont toutes mignonnes dans leur tablier d’école. Elles sont euphoriques à l’idée d’être scolarisées dans une école reconstruite pour accueillir les enfants de réfugiés, où les bureaux et tous les équipements sont neufs, à l’image de leur uniforme et de leur cartable. Leur excitation croît de jour en jour.
Sama a pour ambition de devenir journaliste. Elle aime discuter, pose des questions sur tout, mais ne souhaite pas grandir parce qu’elle redoute de devoir porter le hijab, une pratique désormais très courante dans les écoles de Gaza.
Saba veut devenir architecte. À cause peut-être des maisons détruites qui hantent les rues de Gaza, des coupures d’électricité qui la dérangent, ou de la nécessité de réparer l’unique centrale électrique de Gaza...
Basma, elle, est douée pour le dessin. J’ai cherché un atelier où elle pourrait développer son talent, mais ce qui la passionne, c’est la chimie.
La plupart des écoles de Gaza se bornent au programme scolaire standard et ne proposent aucune formation en art, musique ou sport. Les activités extrascolaires sont inenvisageables tant les Gazaouis peinent à joindre les deux bouts.
Je suis comme tous les papas à Gaza. J’habite un territoire dont les organisations de l’ONU disent qu’il sera inhabitable en 2020 si rien ne change. Autant dire que les rêves de mes enfants sont compromis. À l’issue de la dernière guerre, qui dura 51 jours, un ami m’a dit que c’était un pur hasard que nous soyons toujours en vie. Et pourtant, nous devons continuer d’espérer, parce qu’il y a des enfants toujours aussi enjoués à l’idée de rentrer à l’école chaque année et qui entendent bien concrétiser leurs rêves.
Les opinions exprimées dans ce billet sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement celles du Groupe de la Banque mondiale.
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