Je rentre tout juste de Tunisie, un pays magnifique où je mettais les pieds pour la première fois. Découvrir ainsi le berceau de la révolution arabe, qui a éclaté fin 2010, a été une expérience émouvante. Malheureusement, la plupart des pays du « Printemps arabe » se retrouvent désormais plongés dans des guerres destructrices et effroyables, aux effets dévastateurs pour leurs habitants, leur économie et leurs infrastructures.
Ce n’est pas le cas en Tunisie, un pays débordant de vie, d’énergie, de débats et, surtout, d’espérance. J’adore discuter avec les chauffeurs de taxi, parce qu’ils relaient souvent l’humeur de la rue. Les Tunisiens semblent confiants et optimistes quant à leur futur. Ils sont heureux que leur pays soit sauvé et que les choses progressent, même si la démocratie y est encore balbutiante…
L’un des chauffeurs m’a raconté que, malgré son diplôme universitaire, il n’avait pas trouvé d’emploi. Il fait le taxi pour gagner de l’argent et ouvrir ensuite une entreprise de vente de matériel médical. Il aurait bien voulu souscrire un emprunt bancaire, mais cela lui a été refusé, puisqu’il n’a pas d’antécédents en la matière. Il travaille donc nuit et jour dans sa voiture pour réunir les fonds nécessaires. Cette discussion m’a rappelé l’ouvrage de Hernando De Soto, intitulé Le mystère du capital : pourquoi le capitalisme triomphe en Occident et échoue partout ailleurs ?. L’auteur constate que les pays occidentaux ayant établi des régimes de droits de propriété, des infrastructures financières et l’État de droit, les gens ont pu emprunter de l’argent en mettant en garantie leurs terres ou leurs biens et, ce faisant, créer de nouvelles entreprises ou développer une activité existante.
C’était exactement le but de mon voyage en Tunisie : les autorités veulent moderniser et informatiser leur cadastre et leurs systèmes d’enregistrement des biens fonciers, une étape indispensable pour pouvoir nantir ses terres ou ses biens à titre de garantie d’emprunt. La détermination des autorités à faire avancer ce projet m’a paru très forte. Certes, cela ne suffira pas et d’autres éléments devront être mis en place également, ne serait-ce qu’un secteur financier solide, des lois garantes du respect des contrats et un système judiciaire transparent et irréprochable.
Les fameux « tigres » d’Asie se sont lancés dans des programmes de ce type à la fin des années 1980 et 1990. L’Europe de l’Est et la Turquie s’y sont mises à la fin des années 1990 et au début des années 2000, suivies par de nombreux pays d’Amérique latine. Le Rwanda a achevé un programme d’attribution de titres de propriété et plusieurs autres pays d’Afrique ont engagé des initiatives du même type.
Les recherches menées sur le programme thaïlandais d’octroi de titres fonciers révèlent que cela a contribué à renforcer la productivité agricole, à augmenter les crédits bancaires nantis sur des biens fonciers, à faire baisser le loyer de l’argent et à accroître les recettes de l’État, à travers les taxes foncières et les droits d’enregistrement. Ce type de résultats a été observé dans d’autres pays. Ainsi au Laos, l’attribution de titres de propriété pouvant servir de garantie à un crédit a permis aux femmes (plus qu’aux hommes) de créer leur entreprise.
Si de nombreux pays arabes ont déjà des dispositifs d’enregistrement des opérations foncières, le système est totalement obsolète et peu efficace. Le plus souvent, les démarches prennent plusieurs semaines (voire plusieurs mois). Sans oublier les lourdeurs et les chevauchements et, parfois, de multiples titres de propriété pour un même bien. Résultat, les banques n’ont guère confiance dans ces documents. Or, l’on sait que l’accès à la terre est l’un des premiers freins à l’investissement dans de nombreux pays arabes. Et, à de rares exceptions près, la plupart de ces pays n’ont pas fait de réels efforts pour moderniser et informatiser leurs registres fonciers.
De sorte que si la Tunisie parvient à mettre en place ce programme, elle pourrait bien être le premier des pays arabes à le faire. Elle se retrouverait donc, à nouveau, à l’avant-garde d’une « autre » révolution arabe, axée sur la transformation de l’économie pour créer des emplois et introduire un dispositif répondant aux attentes des jeunes qui ont été à l’origine de la première révolution.
Ce n’est pas le cas en Tunisie, un pays débordant de vie, d’énergie, de débats et, surtout, d’espérance. J’adore discuter avec les chauffeurs de taxi, parce qu’ils relaient souvent l’humeur de la rue. Les Tunisiens semblent confiants et optimistes quant à leur futur. Ils sont heureux que leur pays soit sauvé et que les choses progressent, même si la démocratie y est encore balbutiante…
L’un des chauffeurs m’a raconté que, malgré son diplôme universitaire, il n’avait pas trouvé d’emploi. Il fait le taxi pour gagner de l’argent et ouvrir ensuite une entreprise de vente de matériel médical. Il aurait bien voulu souscrire un emprunt bancaire, mais cela lui a été refusé, puisqu’il n’a pas d’antécédents en la matière. Il travaille donc nuit et jour dans sa voiture pour réunir les fonds nécessaires. Cette discussion m’a rappelé l’ouvrage de Hernando De Soto, intitulé Le mystère du capital : pourquoi le capitalisme triomphe en Occident et échoue partout ailleurs ?. L’auteur constate que les pays occidentaux ayant établi des régimes de droits de propriété, des infrastructures financières et l’État de droit, les gens ont pu emprunter de l’argent en mettant en garantie leurs terres ou leurs biens et, ce faisant, créer de nouvelles entreprises ou développer une activité existante.
C’était exactement le but de mon voyage en Tunisie : les autorités veulent moderniser et informatiser leur cadastre et leurs systèmes d’enregistrement des biens fonciers, une étape indispensable pour pouvoir nantir ses terres ou ses biens à titre de garantie d’emprunt. La détermination des autorités à faire avancer ce projet m’a paru très forte. Certes, cela ne suffira pas et d’autres éléments devront être mis en place également, ne serait-ce qu’un secteur financier solide, des lois garantes du respect des contrats et un système judiciaire transparent et irréprochable.
Les fameux « tigres » d’Asie se sont lancés dans des programmes de ce type à la fin des années 1980 et 1990. L’Europe de l’Est et la Turquie s’y sont mises à la fin des années 1990 et au début des années 2000, suivies par de nombreux pays d’Amérique latine. Le Rwanda a achevé un programme d’attribution de titres de propriété et plusieurs autres pays d’Afrique ont engagé des initiatives du même type.
Les recherches menées sur le programme thaïlandais d’octroi de titres fonciers révèlent que cela a contribué à renforcer la productivité agricole, à augmenter les crédits bancaires nantis sur des biens fonciers, à faire baisser le loyer de l’argent et à accroître les recettes de l’État, à travers les taxes foncières et les droits d’enregistrement. Ce type de résultats a été observé dans d’autres pays. Ainsi au Laos, l’attribution de titres de propriété pouvant servir de garantie à un crédit a permis aux femmes (plus qu’aux hommes) de créer leur entreprise.
Si de nombreux pays arabes ont déjà des dispositifs d’enregistrement des opérations foncières, le système est totalement obsolète et peu efficace. Le plus souvent, les démarches prennent plusieurs semaines (voire plusieurs mois). Sans oublier les lourdeurs et les chevauchements et, parfois, de multiples titres de propriété pour un même bien. Résultat, les banques n’ont guère confiance dans ces documents. Or, l’on sait que l’accès à la terre est l’un des premiers freins à l’investissement dans de nombreux pays arabes. Et, à de rares exceptions près, la plupart de ces pays n’ont pas fait de réels efforts pour moderniser et informatiser leurs registres fonciers.
De sorte que si la Tunisie parvient à mettre en place ce programme, elle pourrait bien être le premier des pays arabes à le faire. Elle se retrouverait donc, à nouveau, à l’avant-garde d’une « autre » révolution arabe, axée sur la transformation de l’économie pour créer des emplois et introduire un dispositif répondant aux attentes des jeunes qui ont été à l’origine de la première révolution.
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