Au lendemain du Printemps arabe, le secteur égyptien de la santé a connu une transition agitée : sept ministres de la Santé successifs se sont efforcés d’apporter des solutions à la hauteur de l’idéal porté par la révolution, à savoir l’instauration d’un système de santé publique qui serve la dignité humaine et la justice sociale. Des réformes entreprises avant la révolution avaient tenté d’élargir l’accès à l’assurance maladie et aux services essentiels dans le domaine de la santé familiale. Mais, en raison de l’environnement politique et des capacités limitées du secteur de la santé, ces projets pilotes n’avaient pas pu être déployés à grande échelle, selon une approche qui favorise les pauvres et la lutte contre la pauvreté.
Dans le sillage de la révolution de janvier 2011, le Parlement égyptien s’est attaché à atteindre l’idéal d’un système de santé plus juste en adoptant deux lois conçues pour étendre le régime d’assurance maladie aux ménages dirigés par une femme et aux enfants de moins de cinq ans, avant d’élargir cette couverture également aux agriculteurs par une loi de 2013. Ces lois ont eu pour conséquence de faire grossir les rangs des bénéficiaires de l’organisme d’assurance santé égyptien (Health Insurance Organization) et pour effet involontaire de creuser son déficit : le nombre de patients nécessitant des soins médicaux coûteux a connu un accroissement excessif en l’absence d’un système d’affiliation et de cotisations qui permette de faire en sorte que les personnes en bonne santé paient pour les personnes malades.
En 2014, le gouvernement égyptien a sollicité l’assistance technique et financière de la Banque mondiale en vue d’étendre la couverture de l’assurance maladie en faveur des pauvres. En engageant le dialogue avec l’ensemble des parties prenantes du secteur, la Banque a élaboré un rapport intitulé Roadmap to Achieving Social Justice in the Healthcare Sector. Cette « feuille de route pour la promotion de la justice sociale dans le secteur de la santé publique » fournit une méthodologie de diagnostic des inégalités qui frappent les pauvres à trois niveaux : l’état de santé, la protection financière et la prise en charge et l’accueil par le système de santé.
Le document préconise un certain nombre d’interventions pour remédier aux problèmes du secteur de la santé qui participent de l’injustice sociale. Sur la base de ces recommandations, le gouvernement s’est engagé sur une voie plus progressive, en donnant la priorité à l’expansion de l’accès aux services de santé publics et à la protection financière des populations défavorisées (soit une approche ascendante de la couverture maladie universelle).
En 2015, le gouvernement a augmenté le budget de la santé de 400 millions de dollars afin d’atteindre la cible fixée dans la Constitution du pays, laquelle stipule que l’État doit affecter aux dépenses de santé l’équivalent de 3 % du PIB d’ici 2017. Cette hausse de l’enveloppe budgétaire allouée à la santé était destinée à l’instauration d’un programme d’accès aux soins pour les pauvres. Ce programme subventionne les soins pour les personnes qui sont bénéficiaires du dispositif d’aide sociale et vise dans un premier temps celles qui vivent en Haute-Égypte, une région du pays notablement sous-développée.
Avec un prêt de 75 millions de dollars de la Banque mondiale, le gouvernement a commencé à améliorer la qualité des soins primaires dans les 1 000 villages de Haute-Égypte les plus pauvres, afin de veiller à ce que leurs établissements de santé soient opérationnels et pourvus de médecins, de personnels infirmiers et de médicaments. Ce financement porte ses fruits selon un audit indépendant réalisé par l’UNICEF, qui relève une maturité indéniable pour des améliorations dans la prestation des services de santé ainsi qu’une hausse des certificats d’accréditation accordés.
Le projet apporte son soutien au renforcement des mécanismes de remontée d’information, soit plus précisément le règlement des plaintes, le contrôle par des tiers et la mesure de la satisfaction des usagers. Il appuie également le renforcement de la transparence en permettant au ministère de la Santé de publier sur le web les performances de tous les établissements de santé. Quand le programme aura atteint ses objectifs, il incombera au ministère des Finances égyptien de poursuivre les financements.
Au début de l’année 2016, 4 millions de personnes s’étaient inscrites au programme, dont l’objectif est d’atteindre 7,2 millions de patients d’ici 2017. Le nombre de visites dans les structures de soins de santé primaires en Haute-Égypte s’élève en moyenne à 5,4 consultations par patient et par an, contre une moyenne nationale de 1,1. L’approche suivie, qui combine des interventions complémentaires au niveau de la demande et de l’offre, va se développer pour déboucher sur un système de santé « pro-pauvres » abouti, qui aura bénéficié des fruits de l’expérience progressivement acquise par l’Égypte.
Après la révolution, les responsables publics égyptiens ont eu une occasion historique de lever les obstacles qui avaient auparavant empêché le développement d’un tel système. Sans cette révolution, l’Égypte en serait peut-être encore à expérimenter de nouvelles approches, au lieu d’édifier le système de santé plus juste et plus transparent auquel elle s’attelle à présent.
Dans le sillage de la révolution de janvier 2011, le Parlement égyptien s’est attaché à atteindre l’idéal d’un système de santé plus juste en adoptant deux lois conçues pour étendre le régime d’assurance maladie aux ménages dirigés par une femme et aux enfants de moins de cinq ans, avant d’élargir cette couverture également aux agriculteurs par une loi de 2013. Ces lois ont eu pour conséquence de faire grossir les rangs des bénéficiaires de l’organisme d’assurance santé égyptien (Health Insurance Organization) et pour effet involontaire de creuser son déficit : le nombre de patients nécessitant des soins médicaux coûteux a connu un accroissement excessif en l’absence d’un système d’affiliation et de cotisations qui permette de faire en sorte que les personnes en bonne santé paient pour les personnes malades.
En 2014, le gouvernement égyptien a sollicité l’assistance technique et financière de la Banque mondiale en vue d’étendre la couverture de l’assurance maladie en faveur des pauvres. En engageant le dialogue avec l’ensemble des parties prenantes du secteur, la Banque a élaboré un rapport intitulé Roadmap to Achieving Social Justice in the Healthcare Sector. Cette « feuille de route pour la promotion de la justice sociale dans le secteur de la santé publique » fournit une méthodologie de diagnostic des inégalités qui frappent les pauvres à trois niveaux : l’état de santé, la protection financière et la prise en charge et l’accueil par le système de santé.
Le document préconise un certain nombre d’interventions pour remédier aux problèmes du secteur de la santé qui participent de l’injustice sociale. Sur la base de ces recommandations, le gouvernement s’est engagé sur une voie plus progressive, en donnant la priorité à l’expansion de l’accès aux services de santé publics et à la protection financière des populations défavorisées (soit une approche ascendante de la couverture maladie universelle).
En 2015, le gouvernement a augmenté le budget de la santé de 400 millions de dollars afin d’atteindre la cible fixée dans la Constitution du pays, laquelle stipule que l’État doit affecter aux dépenses de santé l’équivalent de 3 % du PIB d’ici 2017. Cette hausse de l’enveloppe budgétaire allouée à la santé était destinée à l’instauration d’un programme d’accès aux soins pour les pauvres. Ce programme subventionne les soins pour les personnes qui sont bénéficiaires du dispositif d’aide sociale et vise dans un premier temps celles qui vivent en Haute-Égypte, une région du pays notablement sous-développée.
Avec un prêt de 75 millions de dollars de la Banque mondiale, le gouvernement a commencé à améliorer la qualité des soins primaires dans les 1 000 villages de Haute-Égypte les plus pauvres, afin de veiller à ce que leurs établissements de santé soient opérationnels et pourvus de médecins, de personnels infirmiers et de médicaments. Ce financement porte ses fruits selon un audit indépendant réalisé par l’UNICEF, qui relève une maturité indéniable pour des améliorations dans la prestation des services de santé ainsi qu’une hausse des certificats d’accréditation accordés.
Le projet apporte son soutien au renforcement des mécanismes de remontée d’information, soit plus précisément le règlement des plaintes, le contrôle par des tiers et la mesure de la satisfaction des usagers. Il appuie également le renforcement de la transparence en permettant au ministère de la Santé de publier sur le web les performances de tous les établissements de santé. Quand le programme aura atteint ses objectifs, il incombera au ministère des Finances égyptien de poursuivre les financements.
Au début de l’année 2016, 4 millions de personnes s’étaient inscrites au programme, dont l’objectif est d’atteindre 7,2 millions de patients d’ici 2017. Le nombre de visites dans les structures de soins de santé primaires en Haute-Égypte s’élève en moyenne à 5,4 consultations par patient et par an, contre une moyenne nationale de 1,1. L’approche suivie, qui combine des interventions complémentaires au niveau de la demande et de l’offre, va se développer pour déboucher sur un système de santé « pro-pauvres » abouti, qui aura bénéficié des fruits de l’expérience progressivement acquise par l’Égypte.
Après la révolution, les responsables publics égyptiens ont eu une occasion historique de lever les obstacles qui avaient auparavant empêché le développement d’un tel système. Sans cette révolution, l’Égypte en serait peut-être encore à expérimenter de nouvelles approches, au lieu d’édifier le système de santé plus juste et plus transparent auquel elle s’attelle à présent.
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