Voici 15 mois que la guerre ravage le Yémen.
Plus de 21 millions de Yéménites ont un besoin urgent d’aide humanitaire et plus de la moitié de la population est en situation d’insécurité alimentaire grave — sans parler des millions d’individus sans travail et des innombrables déplacés. Et pourtant,
la demande de qat ne faiblit pas. Comment expliquer ce phénomène ? On évoque rarement les raisons qui font que cet arbuste parvient à occuper une telle importance dans la vie des Yéménites, en tout temps et en toutes circonstances.
Indépendamment de la situation, la place du qat est extrêmement préoccupante .
La semaine dernière, j’ai eu la chance de pouvoir discuter avec un vendeur de qat de Sanaa. Entré en contact avec lui via les réseaux sociaux, je lui ai demandé si la guerre avait eu des retentissements négatifs sur son activité. Et bien non, m’a-t-il dit, la demande était nettement plus forte qu’avant le conflit. Son explication ? « Les gens ont plus de temps libre et, en fait, nulle part où aller. » Pour lui, le fait que l’électricité soit totalement coupée et que l’essence coûte les yeux de la tête ne laisse que peu d’options aux Yéménites. Justifiant son activité, il ajoute : « Mieux vaut rester chez soi à mâcher du qat et tenter d’oublier le fracas terrifiant des avions de chasse, plutôt que de s’aventurer dehors au péril de sa vie. »
Pendant ces échanges passionnants, j’ai évoqué le décalage saisissant entre l’effondrement patent de l’économie et l’insolente santé du marché du qat. Mon interlocuteur m’a alors expliqué qu’ils avaient dû — pendant une courte période — baisser les prix pour s’adapter aux difficultés économiques de leurs clients. Tout en précisant immédiatement que l’augmentation du volume des ventes avait permis de compenser ce recul des prix. Il m’a même détaillé les nouvelles dispositions prises par les vendeurs de qat pour permettre aux consommateurs de satisfaire leurs besoins malgré leurs problèmes financiers : grâce à des mécanismes de paiement flexibles, leurs clients peuvent les régler plus tard ou échelonner leurs versements. Les vendeurs de qat ont aussi profité de la guerre, qui mobilise totalement les pouvoirs publics, pour proposer leur marchandise à la sauvette dans les rues principales de Sanaa et éviter ainsi de payer des impôts. Quant aux cultivateurs de ce précieux arbuste, ils ne se sont pas gênés pour creuser de nouveaux puits et capter les eaux souterraines — pourtant de plus en plus rares — afin de pouvoir irriguer leurs terres, sachant que les autorités n’étaient pas capables de mettre fin à ce terrible gâchis.
Ce qui m’a frappé pendant notre discussion, c’est que mon interlocuteur était convaincu des bienfaits de son activité. Pour lui, elle permet en effet à des individus, surtout s’ils ont perdu leur emploi, de s’assurer un revenu.
D’où cette dernière remarque, pour conclure : si la guerre au Yémen a fait un vainqueur, c’est visiblement le qat et tous ceux qui travaillent dans cette filière !
La semaine dernière, j’ai eu la chance de pouvoir discuter avec un vendeur de qat de Sanaa. Entré en contact avec lui via les réseaux sociaux, je lui ai demandé si la guerre avait eu des retentissements négatifs sur son activité. Et bien non, m’a-t-il dit, la demande était nettement plus forte qu’avant le conflit. Son explication ? « Les gens ont plus de temps libre et, en fait, nulle part où aller. » Pour lui, le fait que l’électricité soit totalement coupée et que l’essence coûte les yeux de la tête ne laisse que peu d’options aux Yéménites. Justifiant son activité, il ajoute : « Mieux vaut rester chez soi à mâcher du qat et tenter d’oublier le fracas terrifiant des avions de chasse, plutôt que de s’aventurer dehors au péril de sa vie. »
Pendant ces échanges passionnants, j’ai évoqué le décalage saisissant entre l’effondrement patent de l’économie et l’insolente santé du marché du qat. Mon interlocuteur m’a alors expliqué qu’ils avaient dû — pendant une courte période — baisser les prix pour s’adapter aux difficultés économiques de leurs clients. Tout en précisant immédiatement que l’augmentation du volume des ventes avait permis de compenser ce recul des prix. Il m’a même détaillé les nouvelles dispositions prises par les vendeurs de qat pour permettre aux consommateurs de satisfaire leurs besoins malgré leurs problèmes financiers : grâce à des mécanismes de paiement flexibles, leurs clients peuvent les régler plus tard ou échelonner leurs versements. Les vendeurs de qat ont aussi profité de la guerre, qui mobilise totalement les pouvoirs publics, pour proposer leur marchandise à la sauvette dans les rues principales de Sanaa et éviter ainsi de payer des impôts. Quant aux cultivateurs de ce précieux arbuste, ils ne se sont pas gênés pour creuser de nouveaux puits et capter les eaux souterraines — pourtant de plus en plus rares — afin de pouvoir irriguer leurs terres, sachant que les autorités n’étaient pas capables de mettre fin à ce terrible gâchis.
Ce qui m’a frappé pendant notre discussion, c’est que mon interlocuteur était convaincu des bienfaits de son activité. Pour lui, elle permet en effet à des individus, surtout s’ils ont perdu leur emploi, de s’assurer un revenu.
D’où cette dernière remarque, pour conclure : si la guerre au Yémen a fait un vainqueur, c’est visiblement le qat et tous ceux qui travaillent dans cette filière !
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