Publié sur Voix Arabes

Qu’y a-t-il derrière l’acronyme PAMT ? En quoi cela va-t-il m’aider à trouver un emploi ?

World Bank | Arne Hoel - Qu’y a-t-il derrière l’acronyme PAMT ? En quoi cela va-t-il m’aider à trouver un emploi ?C’était une fraîche journée de janvier. Je me trouvais avec des collègues au ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi en Tunisie. Nous étions assis autour d’une grande table ovale, dans une salle de conférence. Il faisait froid dans cette pièce sans chauffage, mais les attentes que suscitait cette réunion suffisaient à nous réchauffer… D’un côté de la table étaient assis les agents de la Direction ministérielle des programmes d’emploi, de l’autre les représentants d’ONG, d’employeurs et de sociétés proposant des services de formation et de placement aux demandeurs d’emploi dans le pays.

Après les salutations d’usage, nous avons expliqué aux participants que nous souhaitions connaître leur avis sur la récente réforme des PAMT en Tunisie. Cette réforme a été lancée en octobre dernier, avec le soutien d’un programme de prêts à l’appui des politiques de développement octroyés par la Banque mondiale. Les participants sont restés silencieux durant un moment, puis l’un d’eux, avec un regard très direct, a demandé : « Excusez-moi, monsieur Diego, mais qu’entendez-vous par ‘PAMT’ ? »

Je dois admettre que l’on me pose assez souvent cette question. J’ai expliqué : « Les PAMT, ce sont les programmes actifs du marché du travail, et ils sont destinés à aider les chômeurs à trouver un emploi en leur donnant l’opportunité de bénéficier activement de services d’emploi, tels que la formation, des conseils ou l’intermédiation. La Tunisie consacre chaque année environ 0,5 % de son produit intérieur brut à ces types de programmes. »

J’ai aussi expliqué que, pendant longtemps, l’ANETI (Agence nationale pour le travail et l’emploi indépendant) a été quasiment le seul organisme à proposer des PAMT en Tunisie. Cependant, une étude menée il y a peu montre que ces programmes ne permettent guère aux chômeurs de trouver du travail. C’est pourquoi l’un des nombreux objectifs de la réforme est d’encourager le secteur privé à travailler en partenariat avec l’ANETI pour améliorer l’efficacité des PAMT.

« Nous pouvons aider l’ANETI à former les demandeurs d’emploi, a indiqué l’un des participants, qui représentait un prestataire de formations privé. Mais, le problème, c’est qu’il n’y a pas d’emplois ». Le directeur général des programmes d’emploi publics l’a aussitôt interrompu : « Ce n’est pas tout à fait exact ! Nos données administratives font état d’environ 150 000 postes vacants chaque année en Tunisie, mais moins de 20 % sont pourvus. » Et de poursuivre : « Votre rôle, dans le cadre de la nouvelle réforme, consiste à repérer où se trouvent ces postes vacants et à procurer aux personnes les qualifications et les compétences requises pour ces emplois L’État rémunérera vos services non seulement sur la base de votre capacité à former les individus, mais aussi d’après votre capacité à les placer dans des emplois de l’économie formelle. L’ANETI ne peut pas y parvenir toute seule. »

À l’issue de la réunion, un participant m’a abordé. « Monsieur Diego, m’a-t-il dit,si on peut aider 10 000 jeunes au chômage en Tunisie à acquérir les qualifications nécessaires pour les emplois disponibles, et à s’informer sur les moyens de les trouver, la réforme sera un succès. » Il a marqué un temps d’arrêt avant d’ajouter : « mais, pour cela, nous devons établir des partenariats très étroits avec les employeurs. » En acquiesçant de la tête, je lui ai répondu : « Monsieur, vous venez de résumer en quelques mots le principal message d’un rapport de 100 pages que nous sommes en train de finaliser sur les PAMT au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ! »

Ce rapport (à paraître) de la Banque mondiale, intitulé Building Effective Employment Services for Unemployed Youth in the Middle East and North Africa (« Instaurer des services d’emploi efficaces pour les jeunes chômeurs au Moyen-Orient et en Afrique du Nord »), conclut qu’il est urgent de refondre les programmes d’emploi existants dans les pays de la région si l’on veut aider les travailleurs sans emploi à se doter des qualifications qui leur donneront accès aux emplois disponibles. Nombre des programmes actuels sont déployés uniquement par des prestataires publics. Il faut changer la donne en encourageant des partenariats robustes entre agences publiques, prestataires publics et employeurs privés. Ces partenariats public-privé seront essentiels dans la région pour promouvoir des programmes d’emploi qui répondront aux besoins du marché du travail. Parallèlement, de solides mécanismes de gouvernance devront être instaurés, avec des contrats axés sur les résultats. Les prestataires de services d’emploi seront ainsi évalués et rémunérés en fonction de leur capacité à aider les bénéficiaires à obtenir un stage ou un emploi dans le secteur privé.


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