Publié sur Voix Arabes

Quand les peuples changent le destin des nations

Quand les peuples changent le destin des nationsBien trop souvent, le monde arabe a fait la une des journaux pour des tensions géopolitiques et autres conflits frontaliers. Aujourd’hui ce sont les peuples du monde arabe qui se soulèvent pour réclamer un changement de régime, le respect des droits citoyens, une bonne gouvernance et une meilleure qualité de vie.

Par son ampleur et sa force, la voix des peuples arabes a surpris le monde entier jusqu’aux analystes politiques les plus avisés. La révolution du Jasmin en Tunisie a rendu la population égyptienne – la plus importante de la région –confiante dans la possibilité d’un changement de régime. Ces événements ont créé une émulation dans l’ensemble du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.

Réveil citoyen

La réalité aujourd’hui, ce sont des peuples, des jeunes, des femmes, la société civile, qui ont  gagné – grâce en partie aux nouveaux médias et aux technologies de l’information – là où les armées et les rebelles avaient échoué auparavant.

Dans une région qui est un centre névralgique pour la production de pétrole et de gaz, et le berceau d’une culture et de traditions extraordinaires, ce réveil citoyen, s’il est entendu comme il le faut, pourrait marquer une ère nouvelle pour le monde arabe. Animés d’une énergie débordante, les citoyens arabes ont aujourd’hui le sentiment qu’ils peuvent se prendre en charge. Les peuples font le constat de leurs pouvoirs à l’œuvre et, en dépit des incertitudes politiques et économiques, ils aspirent au changement. S’ils peuvent jouir de leurs droits fondamentaux, d’un environnement propice et d’un accès simple aux services, les citoyens arabes pourront conduire leur pays vers de nouveaux sommets et agir sur leur propre destinée.

Consciente de l’importance de ce changement historique et capital, la Banque mondiale, partenaire de longue date, va répondre aux nouveaux gouvernements démocratiquement élus. Face à des événements mouvants et en évolution rapide, nous devons être prêts à répondre de manière responsable, souple et vigilante. Nous devons aller au delà de la machine d’État pour atteindre les acteurs non étatiques, et notamment les jeunes, la société civile et le secteur privé, et veiller à ce que leur voix soit bien intégrée dans les prochains programmes et stratégies de développement.

Notre expérience internationale est riche d’enseignements sur lesquels nous pouvons tabler, et nous pourrions à mon sens concentrer initialement notre attention sur les quatre axes de départ suivants:

  • mettre au point et adopter un cadre de responsabilité sociale propre à renforcer la transparence, à faire participer les citoyens aux prestations de services économiques et sociaux, et à les associer au processus tendant à rendre plus redevables de leur action les prestataires de ces services ainsi que les autres organismes publics ;
  • créer des emplois pour ceux (hommes et femmes) qui sont au chômage ou sous-employés ;
  • renforcer l’insertion économique, sociale et financière, notamment des jeunes et des femmes, ainsi que des pauvres vivant dans des régions économiquement défavorisées ;
  • accélérer et renforcer le processus de croissance solidaire par la mise en œuvre de politiques tendant à rendre le secteur privé plus dynamique et compétitif, apte à soutenir l’initiative individuelle et l’entreprenariat, et à même de créer des emplois meilleurs et plus nombreux.


La nécessité s’impose pour nous d’agir de manière cohérente et systématique, car une situation floue amplifiera les risques liés à l’instabilité politique, et le ralentissement de l’économie aura des répercussions pour les population vulnérables. Mais les gouvernements intérimaires doivent d’abord assurer une transition politique sans heurts et conforme aux attentes de l’opinion, et à mettre en place des institutions de lutte contre la corruption et les intérêts acquis.

Dans le même temps, il faut relancer l’économie, rétablir une stabilité macroéconomique pour regagner la confiance des investisseurs. Il faut que les entreprises recommencent à fonctionner et que l’activité économique retourne à la normale. Durant la phase de transition à venir et pendant un certain temps encore, le rétablissement de la stabilité sociale passera par l’application de subventions et de volets sociaux bien ciblés, la mise en œuvre de programmes de travaux publics à haute intensité de main-d’œuvre pour aider les chômeurs, et la création d’un environnement porteur pour que le secteur privé, et les PME en particulier, puissent assumer le rôle moteur dans la création d’emplois.

Une occasion unique

Le bouleversement total intervenu dans l’équilibre des forces politiques à travers le monde arabe offre une occasion unique pour les institutions étatiques, les jeunes générations, les membres de la société civile et les organismes d’aide au développement d’agir ensemble pour répondre aux aspirations de tous. L’avenir va donner lieu à un riche et important débat, et j’espère que nous pourrons y contribuer au moyen de la tribune que constitue ce blog. Mais aussi et surtout, j’espère que cet espace nous permettra de saisir, dans toute leur multitude et diversité, les voix qui viennent, à la faveur de ce moment historique, de commencer à résonner devant nous tous.

Cet article est une traduction de la version anglaise.


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