Publié sur Voix Arabes

À Washington comme au Koweït, les écoles se réforment

 Maryam Abdullah/World BankL’école élémentaire Garfield est située dans l’un des quartiers les plus pauvres de la capitale fédérale des États-Unis. Il y a quatre ans, elle se classait parmi les plus mauvais établissements de la ville. « Ça criait beaucoup, on se serait cru dans une colonie de vacances », relate l’actuel directeur, Kennard Branch. « Les élèves étaient sans arrêt en sortie scolaire. »
 
Difficile d’imaginer cela aujourd’hui. Quand on entre dans l’école, la première impression est celle d’un grand sérieux. L’établissement est propre et calme ; dans toutes les classes, les écoliers travaillent. Le nouveau directeur n’en demandait pas plus. À son arrivée, il s’est immédiatement consacré à ce qui constitue la fonction centrale de l’école : les apprentissages. «  Instruire les enfants : n’est-ce pas ce qu’est censée faire l’école ?  », demande-t-il l’air faussement dubitatif.
 
De Washington au Koweït, il y a un gouffre, et pourtant l’amélioration des établissements scolaires se pose avec la même urgence. C’est dans cet état d’esprit qu’une délégation de professionnels des écoles publiques koweïtiennes a entamé un voyage de cinq jours dans le district de Columbia. L’objectif ? Découvrir comment DC Public Schools, l’organe chargé des écoles publiques de la capitale américaine, s’emploie à les remettre sur pied.
 
Certes, les écoles publiques de Washington diffèrent de celles du Koweït. Mais ce qu’elle a vu à Garfield n’en a pas moins impressionné la délégation koweïtienne : un chef d’établissement qui, avec son équipe, est parvenu à juguler le déclin de son école en plaçant l’instruction au centre de ses préoccupations.
 
Ce renouveau est d’abord passé par l’amélioration de l’environnement de travail : il a fallu apprendre aux élèves qu’un bon comportement est une condition préalable à la réussite. À partir de là, l’équipe a pu se concentrer sur l’enseignement, procéder à des évaluations pour avoir une idée précise des connaissances des élèves et de leurs lacunes, et obtenir auprès du bureau de DC Public Schools les orientations dont elle avait besoin.
 
Mais le personnel scolaire a dû aussi aller vers la population du quartier pour la convaincre de l’importance de l’école. La tâche n’a pas été facile : la plupart des parents d’élèves ont eux-mêmes été en échec scolaire, nombre d’entre eux ont abandonné leurs études et sont aujourd’hui au chômage. Ici, la population est intrinsèquement défavorisée.
 
« Nous avons encore beaucoup à faire, mais nous sommes sur la bonne voie », assure le directeur de Garfield. De fait, la plupart des élèves ont à présent des résultats supérieurs à la moyenne. Et M. Branch a été désigné « chef d’établissement de l’année » en 2015. « C’est toute l’école qui mérite cette récompense », commente-t-il avec modestie.
 
Qualité des enseignants, gestion des établissements, niveaux et évaluations : tous ces aspects qui sont au cœur de la rénovation de l’école Garfield font aussi partie du Programme de réforme intégrée de l’éducation (IERP) actuellement mené par le Koweït. Sous l’égide du National Center for Education Development, les autorités procèdent depuis trois ans à une évaluation des acquis scolaires dans les écoles publiques à la fin de la 5e année de scolarité (fin du cycle primaire), de la 9e année (fin du premier degré du cycle secondaire) et de la 12e année (fin du cycle secondaire). Au cours des cinq prochaines années, le Koweït mettra en place de nouveaux programmes scolaires et objectifs d’apprentissage axés sur les compétences pour la totalité des niveaux d’enseignement et des disciplines.
 
Son programme destiné à améliorer les procédures et les pratiques de gestion des établissements a déjà été étendu à plus de 80 écoles. Il s’agit de définir les pouvoirs du chef d’établissement et de ses adjoints mais aussi du corps enseignant. Où l’on voit que le processus de réforme de l’éducation au Koweït n’est pas si éloigné de ce qui se passe dans les écoles publiques de Washington .

Auteurs

Simon Thacker

Spécialiste en éducation

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