Publié sur Voix Arabes

Monde arabe : quelles sont les requêtes des internautes ?

ImageLa fonctionnalité Tendances des recherches de Google livre une réponse à cette question : en 2011, "Facebook" a été, très largement, le terme le plus recherché au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Seuls les Omanais et les Iraniens ne l’ont pas affiché parmi leurs 3 premières requêtes. Les Yéménites, eux, n’ont quasiment recherché que Facebook. Ces tendances témoignent d’un changement considérable par rapport à 2009, année durant laquelle le monde arabe (et l’Iran) avaient principalement recherché des "jeux" et des "images". Il est intéressant de noter que le seul pays où Facebook avait été l’un des termes les plus demandés en 2009 n’est autre que le leader des révolutions arabes : la Tunisie. En 2010, Facebook a fait partie des 3 principales requêtes dans tous les pays du monde arabe, sauf dans 6 (voir le tableau ci-dessous pour les données détaillées).

Entre 2009 et 2011, la progression de Facebook dans les recherches reflète en partie le rôle joué par les réseaux sociaux dans les révolutions arabes. La revue Technology Review du MIT publie un article intéressant qui retrace l’histoire de l’utilisation d’Internet et des médias sociaux dans le contexte des soulèvements tunisiens et égyptiens (a). L’opposition a commencé à recourir à Internet dès 1998 pour des discussions, puis pour diffuser photographies, plaisanteries ou commentaires. Internet lui a également permis de rallier des supporters de football qui, jusque-là, ne pratiquaient que la confrontation avec les forces de l’ordre.

Tableau: Principales requêtes sur Google par pays
ImageL’absence d’une technologie adéquate expliquerait aussi pourquoi les premiers mouvements de contestation n’ont pas réussi à s’étendre. En particulier, ceux qui se sont déroulés dans le district minier de la Tunisie et dans le delta du Nil en Égypte pendant l’année 2008 étaient restés circonscrits, car, à l’époque, les réseaux tels que Facebook ou Twitter étaient peu utilisés et il y avait peu de téléphones mobiles pouvant filmer les événements. Takriz, un révolutionnaire tunisien, décrit Facebook comme "le GPS de cette révolution". Samir Garbaya (Institut des sciences et technologies de Paris) souligne lui aussi l’importance de Facebook. Il a observé que le délai moyen de réaction à des messages de contestation postés sur Facebook était de quatre jours en novembre, "de huit heures au lendemain de l’immolation de Mohamed Bouazizi, de deux heures le 1er janvier et de seulement trois minutes lors du départ de Ben Ali."

C’est le peuple qui fait les révolutions, et nombre de personnes réfutent la contribution de la technologie aux révolutions au motif que beaucoup sont survenues avant l’apparition de Facebook ou de la téléphonie mobile. Il est toutefois indéniable qu’une meilleure communication facilite le changement. Comment expliquer, sinon, que tant de gouvernements (a) continuent de restreindre les recherches sur Internet et l’utilisation des sites de réseaux sociaux ?

En outre, cette technologie se révèle un puissant outil pour amener l’État à rendre davantage compte de son action. Elle peut servir à débusquer la corruption et à déterminer l’efficacité des services publics, tels que l’éducation ou les soins de santé. Pour reprendre la formule éloquente de Takriz, Facebook a été le GPS de la Révolution arabe. Et, aujourd’hui, il peut constituer le thermomètre numérique du changement et de la responsabilisation.


Prenez part au débat

Le contenu de ce champ est confidentiel et ne sera pas visible sur le site
Nombre de caractères restants: 1000