En Iraq, le faible niveau des apprentissages met en péril l’avenir des enfants et, par conséquent, celui du pays. Le développement du capital humain, nécessaire à une croissance économique durable, fléchit depuis un certain nombre d’années. Selon une évaluation des capacités de lecture des jeunes élèves (a), la plupart des écoliers du pays en 2e et 3e années étaient incapables de comprendre un texte adapté à leur âge. Même avant la survenue de la pandémie, les écoliers iraquiens étaient très en retard en termes de développement du capital humain (tel que mesuré par l’indice de la Banque mondiale). Un enfant qui vient au monde aujourd’hui en Iraq n’atteindra, en moyenne, que 41 % de son niveau potentiel de productivité (a) à l’âge adulte. Sur une durée moyenne de scolarité de sept ans, le niveau des acquis chez les élèves ne correspond en réalité qu’à quatre années d’instruction. La pandémie de COVID-19 a accentué cette tendance : 11 millions d’élèves ont vu leur établissement fermer, avec des possibilités d’apprentissage à distance limitées.
La réforme du secteur éducatif est essentielle pour sortir de l’impasse et mettre de nouveau l’accent sur les apprentissages. En 2019, l’État iraquien s’est adressé aux membres du Fonds pour la réforme, le redressement et la reconstruction de l’Iraq (I3RF), administré par la Banque mondiale et coprésidé par le ministère de la Planification, avec l’appui du Canada, de l’Allemagne, de la Suède et du Royaume-Uni, afin de l’aider à élaborer un programme de réforme global basé sur des données probantes. Le ministère de l’Éducation et la Banque mondiale ont convenu d’un volant de mesures de soutien analytique et technique.
Trois enseignements clés sont ressortis de cette étroite collaboration :
1. Allier soutien technique et renforcement des capacités, un élément vital pour pérenniser l’impact sur le développement
Au cours des trente-six derniers mois, notre soutien a porté sur le renforcement des capacités institutionnelles, selon une approche qui concilie « nouvelles stratégies pour définir les orientations futures » et « nouvelles idées pour optimiser les dépenses dans le secteur de l’éducation ». Parmi les principales avancées figurent la stratégie décennale en matière d’éducation, qui vient d’être parachevée, ainsi que les politiques relatives aux infrastructures scolaires et aux enseignants, en passe d’être adoptées par le ministère de l’Éducation. Ces orientations devraient favoriser l’encadrement des enseignants et des écoles, qui constitue le poste de dépenses le plus important. On observe en outre des progrès considérables en ce qui concerne le système national d’évaluation des apprentissages et la promotion d’un processus décisionnel fondé sur des données factuelles en vue d’améliorer les programmes et les enseignements.
Pour chacune de ces activités, l’équipe de la Banque mondiale a mis l’accent sur le renforcement des capacités des services du ministère de l’Éducation, ainsi que sur leur implication et leur responsabilisation, soit autant d’éléments essentiels à un redressement et à des réformes durables.
L’examen des dépenses publiques pour le développement humain (a) qu’a mené la Banque mondiale s’emploie à définir des recommandations concrètes pour une meilleure affectation des dépenses dans le secteur de l’éducation. Un mécanisme de financement concurrentiel introduit à titre expérimental en tant qu'activité de renforcement des capacités a ainsi été intégré à un nouveau projet d’investissement (a), avec, à la clé, des modes de financement de l’enseignement supérieur plus efficaces et efficients. Ce fonds, qui repose sur des appels à propositions et un processus de sélection transparent, incite les établissements à remédier aux problèmes de qualité et de pertinence de leurs cursus, à favoriser les partenariats avec le secteur privé, à encourager l’innovation et à soutenir les priorités nationales de développement.
2. Des partenariats souples et solides pour surmonter les obstacles et répondre à des besoins nouveaux
Les modalités des financements alloués par le fonds I3RF offrent une souplesse qui permet de répondre rapidement aux besoins naissants. La collaboration entre la Banque mondiale et le ministère de l’Éducation a ainsi pu évoluer et se renforcer au fil du temps. Le secteur éducatif iraquien est rompu à la nécessité de s’adapter et de composer avec inventivité du fait de son exposition à des crises fréquentes, à l’instar de la pandémie de COVID, qui a touché le pays de plein fouet. Compte tenu de ces impondérables, il était indispensable d’élaborer un plan de réforme de l’éducation cohérent (a), qui transpose les priorités nationales de développement en mesures réalisables à court et moyen terme afin d’améliorer l’accès à un système éducatif équitable et de qualité. Cependant, les contraintes de capacité compliquent leur mise en œuvre.
Grâce à une collaboration étroite entre le ministère et la Banque mondiale, plusieurs obstacles de mise en œuvre ont pu être surmontés. C'est notamment le cas de l’enquête sur les indicateurs de prestation de services en éducation, (a) qui avait dû être différée à cause de la fermeture des établissements scolaires. Inédite en Iraq, cette enquête, qui évalue des facteurs clés au sein des écoles (enseignants, direction, cadre d’apprentissage…), devrait fournir des informations précieuses sur les apprentissages des élèves et la prestation des services éducatifs. Grâce à ce partenariat, plusieurs freins à l’exécution ont pu être levés rapidement, la collecte des données touchant aujourd’hui à sa fin.
3. Renforcer les capacités et pallier le manque de connaissances
Même si l’appui technique financé par l’I3RF a posé les premiers jalons pour de meilleures politiques publiques, l’urgence est d'accroître les investissements. Ce travail préparatoire jette les fondations d’un chantier plus vaste, financé sur le budget national ou avec l’aide de donateurs.
Plusieurs initiatives ont ainsi vu le jour, dont le projet d’appui à l’innovation pour les apprentissages dans les gouvernorats défavorisés (a), en passe d’être approuvé. Il a pour ambition de consolider la pédagogie de quelque 3 000 professeurs d’arabe et de mathématiques et d’améliorer les compétences en lecture, écriture et calcul de plus de 300 000 élèves vulnérables dans les trois gouvernorats les plus fragilisés.
Autre projet récemment approuvé, le projet de soutien à l’enseignement supérieur (a), qui stimulera le développement des capacités institutionnelles du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche au regard des priorités nationales de développement, notamment l’agriculture et les énergies renouvelables.
Certes, il reste plusieurs défis à relever pour améliorer les apprentissages chez tous les enfants iraquiens, mais le travail de l’I3RF auprès du ministère de l’Éducation demeure fondamental dans la conception des politiques, des stratégies et des outils de diagnostic. Ces initiatives ouvrent la voie au renforcement de la maîtrise des apprentissages et à une croissance économique durable pour les générations à venir.
Pour plus de précisions, nous vous invitons à consulter le rapport d’activité annuel de l’I3RF.
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