Dans ce dernier billet consacré à l’éducation en Tunisie, Ahmed Nagazi, originaire de Kairouan, évoque les lacunes du système et partage sa vision pour l’avenir.
En Tunisie, l’éducation est l’un des piliers de la construction de l’État depuis l’indépendance du pays : Habib Bourguiba et les gouvernements successifs se sont attachés à sa modernisation, rendant la scolarité universelle, gratuite et obligatoire. Or, aujourd’hui, cette orientation et cette politique pâtissent d’un certain nombre de failles et de problèmes, qui menacent leur continuité et les avancées réalisées. Nous examinerons quatre aspects tour à tour.
La concentration géographique des établissements d’enseignement dans le Grand Tunis et sur la côte : la répartition géographique inégale des écoles et universités constitue l’obstacle le plus important, et le plus épineux, qui doit être levé pour moderniser le système et améliorer la qualité de l’éducation en Tunisie. Elle compromet le développement des autres régions du pays et accroît les difficultés des élèves et étudiants qui ont des frais de transport et de logement qu’ils n’auraient pas s’ils trouvaient un établissement dans leur ville, ou dans une ville voisine. Ils pourraient ainsi rester à proximité de leur lieu d’origine pour contribuer à son développement. Par exemple, on trouve sur la côte deux facultés de médecine, à Monastir et à Sousse, qui ne sont distantes que d’une quinzaine de kilomètres, alors que le Centre, le Nord-Ouest et le Sud en manquent cruellement.
L’inadaptation des diplômes scientifiques aux besoins du marché de l’emploi et aux réalités socioéconomiques dans la Tunisie post-révolution : étant donné le nombre considérable d’embauches après la révolution, l’administration publique devrait réduire progressivement les recrutements de fonctionnaires, afin d’atténuer les pressions pesant sur le budget de l’État. En conséquence, de nombreux titulaires d’un diplôme scientifique spécialisé rejoignent le secteur privé, et les tendances de l’emploi dans le secteur public ne sont pas en phase avec la politique gouvernementale actuelle qui vise à redynamiser l’emploi.
Une grave pénurie de ressources pour l’éducation : l’exemple le plus éloquent concerne les taux de scolarisation pour l’année scolaire en cours, en particulier dans le gouvernorat de Kairouan, où de nombreux établissements manquent cruellement de ressources. Une situation qui a poussé les parents d’élèves à manifester : le 26 septembre 2017 au matin, les habitants du quartier d’Ouled el Eissawi ont bloqué la route d’accès à l’école pour protester contre un système qui prive leurs enfants du droit d’étudier. De même, Rafie al-Suhaili, secrétaire général de l’Association de l’éducation de base à Bou Hajl, a déclaré aux médias que ce niveau d’enseignement souffrait d’une grave pénurie de ressources, et que, dans l’ensemble du pays, il y avait 5 150 postes d’enseignants à pourvoir. C’est dans le gouvernorat de Kairouan que le nombre de postes vacants est le plus élevé (1 256).
Le mauvais état de beaucoup d’établissements d’enseignement, surtout dans les zones rurales : afin de pouvoir accueillir des élèves dans les meilleures conditions, ces établissements ont besoin d’une aide exceptionnelle, qui remédiera à l’insuffisance de leurs infrastructures (sanitaires, sportives et culturelles, tout particulièrement) et à leur manque d’entretien. Nombre d’associations, de fondations privées et même de personnalités publiques ont dû financer la rénovation et la réparation d’écoles.
En conclusion, et malgré les aspects énumérés ci-dessus, qui expliquent une partie, et peut-être l’essentiel, des problèmes actuels du système d’éducation en Tunisie, on peut souligner, cependant, les efforts accomplis par les différents gouvernements depuis la révolution du 14 janvier 2011 pour améliorer ce système.
Selon nous, le pays ne pourra y parvenir qu’en engageant un vaste dialogue national, à l’instar du Dialogue national du 5 octobre 2013, qui a fait cesser la crise et les divisions politiques et mené aux élections de 2014. Tous les acteurs y ont participé, et tous les problèmes et failles y ont été mis en lumière. Ce processus a débouché sur la formulation d’un document de travail et d’un plan stratégique qui s’imposeront à l’ensemble des signataires. Il faudra aussi s’appuyer sur les expériences comparatives et s’attacher à nouer des partenariats qui permettront d’attirer les compétences ainsi que l’expertise en matière d’élaboration et de modernisation du système d’éducation.
En Tunisie, l’éducation est l’un des piliers de la construction de l’État depuis l’indépendance du pays : Habib Bourguiba et les gouvernements successifs se sont attachés à sa modernisation, rendant la scolarité universelle, gratuite et obligatoire. Or, aujourd’hui, cette orientation et cette politique pâtissent d’un certain nombre de failles et de problèmes, qui menacent leur continuité et les avancées réalisées. Nous examinerons quatre aspects tour à tour.
La concentration géographique des établissements d’enseignement dans le Grand Tunis et sur la côte : la répartition géographique inégale des écoles et universités constitue l’obstacle le plus important, et le plus épineux, qui doit être levé pour moderniser le système et améliorer la qualité de l’éducation en Tunisie. Elle compromet le développement des autres régions du pays et accroît les difficultés des élèves et étudiants qui ont des frais de transport et de logement qu’ils n’auraient pas s’ils trouvaient un établissement dans leur ville, ou dans une ville voisine. Ils pourraient ainsi rester à proximité de leur lieu d’origine pour contribuer à son développement. Par exemple, on trouve sur la côte deux facultés de médecine, à Monastir et à Sousse, qui ne sont distantes que d’une quinzaine de kilomètres, alors que le Centre, le Nord-Ouest et le Sud en manquent cruellement.
L’inadaptation des diplômes scientifiques aux besoins du marché de l’emploi et aux réalités socioéconomiques dans la Tunisie post-révolution : étant donné le nombre considérable d’embauches après la révolution, l’administration publique devrait réduire progressivement les recrutements de fonctionnaires, afin d’atténuer les pressions pesant sur le budget de l’État. En conséquence, de nombreux titulaires d’un diplôme scientifique spécialisé rejoignent le secteur privé, et les tendances de l’emploi dans le secteur public ne sont pas en phase avec la politique gouvernementale actuelle qui vise à redynamiser l’emploi.
Une grave pénurie de ressources pour l’éducation : l’exemple le plus éloquent concerne les taux de scolarisation pour l’année scolaire en cours, en particulier dans le gouvernorat de Kairouan, où de nombreux établissements manquent cruellement de ressources. Une situation qui a poussé les parents d’élèves à manifester : le 26 septembre 2017 au matin, les habitants du quartier d’Ouled el Eissawi ont bloqué la route d’accès à l’école pour protester contre un système qui prive leurs enfants du droit d’étudier. De même, Rafie al-Suhaili, secrétaire général de l’Association de l’éducation de base à Bou Hajl, a déclaré aux médias que ce niveau d’enseignement souffrait d’une grave pénurie de ressources, et que, dans l’ensemble du pays, il y avait 5 150 postes d’enseignants à pourvoir. C’est dans le gouvernorat de Kairouan que le nombre de postes vacants est le plus élevé (1 256).
Le mauvais état de beaucoup d’établissements d’enseignement, surtout dans les zones rurales : afin de pouvoir accueillir des élèves dans les meilleures conditions, ces établissements ont besoin d’une aide exceptionnelle, qui remédiera à l’insuffisance de leurs infrastructures (sanitaires, sportives et culturelles, tout particulièrement) et à leur manque d’entretien. Nombre d’associations, de fondations privées et même de personnalités publiques ont dû financer la rénovation et la réparation d’écoles.
En conclusion, et malgré les aspects énumérés ci-dessus, qui expliquent une partie, et peut-être l’essentiel, des problèmes actuels du système d’éducation en Tunisie, on peut souligner, cependant, les efforts accomplis par les différents gouvernements depuis la révolution du 14 janvier 2011 pour améliorer ce système.
Selon nous, le pays ne pourra y parvenir qu’en engageant un vaste dialogue national, à l’instar du Dialogue national du 5 octobre 2013, qui a fait cesser la crise et les divisions politiques et mené aux élections de 2014. Tous les acteurs y ont participé, et tous les problèmes et failles y ont été mis en lumière. Ce processus a débouché sur la formulation d’un document de travail et d’un plan stratégique qui s’imposeront à l’ensemble des signataires. Il faudra aussi s’appuyer sur les expériences comparatives et s’attacher à nouer des partenariats qui permettront d’attirer les compétences ainsi que l’expertise en matière d’élaboration et de modernisation du système d’éducation.
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