Entre l’été et l’automne de chaque année se tiennent les assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, occasion de débattre de diverses questions relatives à l’économie mondiale. En dépit des craintes et perspectives incertaines qui ont caractérisé l’année en cours, je me suis interrogée sur la pertinence du thème central choisi pour ces assemblées, à savoir garantir l’égalité des sexes. Débattre d’une telle question, malgré son importance, ne permettrait pas de réaliser les résultats escomptés sur le court terme, dans un contexte ou les pays émergents, notamment, font face à un avenir incertain.
Cela ne m’empêche pas de ressentir une certaine fierté et appropriation de voir ce message ambitieux et visuel : les hauts drapeaux hissés le long des 13 étages du bâtiment et qui portaient les photos de femmes venues de partout dans le monde, posant la même question avec des langues différentes : « égale ? », Une question me rappelant l’histoire de plusieurs femmes ayants mené des vies de moindre qualité car les horizons devant elles étaient très limités et le prix à payer pour les élargir très exorbitant.
Et puis je me suis rappelé….
Dès la fin du 19ème siècle, les écrivains et poètes de la renaissance ont milité pour l’égalité des sexes en vue de bâtir une société équilibrée. Le premier ouvrage écrit dans ce sens était celui de Qasim Amin [1] "la libération de la femme" publié en 1899, qui prônait l’émancipation de la femme et encourageait son éducation afin qu’elle joue un rôle plus important dans la société. Sur le même sujet, le poète Hafiz Ibrahim [2] (1932-1872) disait son fameux vers:
"Si les femmes d’un pays sont averties, son peuple sera éclairé".
Je me suis alors rendu compte, d’où l’idée de ce blog, de la raison pour laquelle le rapport annuel de la Banque mondiale, le Rapport sur le développement dans le monde en 2012, soit consacré au thème "Égalité des genres et développement". Le Rapport souligne que malgré les progrès considérables accomplis au cours des dernières décennies dans plusieurs domaines tels que l’éducation, par exemple, ils demeurent insuffisants tant que les inégalités entre les hommes et les femmes, et pour diverses raisons, continuent à persister.
Le rapport met également en exergue les secteurs ou un progrès rapide visant à réduire les écarts entre les sexes a été réalisé. En contrepartie, Il consacre une analyse en profondeur des domaines n’ayant pas connu de changements notables, notamment l’économie (disparité des revenus), la prise de décisions (influence minime de la femme dans la prise de décision au sein des ménages et dans la société) et les coutumes et normes sociales (transmission des disparités d’une génération à l’autre).
En outre, le rapport propose de mener des politiques divers en vue de réduire les inégalités entre les sexes en matière de capital humain (Santé et éducation), améliorer les opportunités économiques pour les femmes, lutter contre la discrimination dans le marché de travail et accroître l’influence des femmes …etc. Il demeure néanmoins important de lire ce rapport au regard des questions et solutions importantes traitées et qui influent de manière déterminante sur le processus de développement.
Un détail secondaire…
Ce qui a attiré mon attention le plus dans cette analyse exhaustive est un détail plutôt secondaire, mais qui, à mon point de vue, reflète un contexte vécu par toutes les femmes, indépendamment de leur statut social ou économique. Il s’agit, en effet, des différences entre les sexes en matière d’utilisation du temps, surtout pour la femme qui passe beaucoup de son temps dans l’entretien des affaires de la famille et des tâches ménagères….etc, conséquence de coutumes et traditions anciennes. Je pense que la libération du temps de la femme est une question à traiter d’urgence si on aspire vraiment à réussir l’égalité entre les sexes et donner à la femme l’opportunité d’atteindre ses pleins potentiels.
Et je suis sûre que les réformateurs de la fin du 19ème siècle dans le monde arabe trouveront là une raison pour célébrer….
[1]Qasim Amin (1863-1928), écrivain, essayiste et réformateur social égyptien, reconnu pour sa défense de la liberté des femmes, son appel pour la justice, et pour être un pionnier dans le mouvement d’émancipation de la femme.
[2]Hafiz Ibrahim (1872-1932), Poète égyptien ayant plusieurs œuvres littéraires à son actif, notamment la traduction du roman « Les misérables » de Victor Hugo et son recueil de poèmes.
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