L’Indian High School, qui est la plus grande école de Dubaï avec ses quelque 10 000 élèves, n’avait jamais été confrontée au problème de l’absentéisme jusqu’à l’ouverture en 2009 d’une nouvelle station de métro devant ses portes. Tout à coup, les élèves ont été tentés de sécher les cours pour se rendre dans le plus grand centre commercial au monde, à une station de là.
Mais comment contrôler les allées et les venues de tant d’élèves ? Devant cette tâche herculéenne, le directeur de l’établissement s’est tourné vers les technologies de l’information. Pour entrer ou sortir de l’école, chaque élève dispose aujourd’hui d’un badge qu’il insère dans l’un des lecteurs installés à l’entrée du bâtiment, ce qui déclenche l’envoi instantané d’un SMS informant ses parents de son heure d’arrivée ou de départ.
On observe depuis une baisse du taux d’absentéisme. Faire l’école buissonnière est beaucoup moins drôle dès lors que papa ou maman l’apprend...
Pour divertissant qu’il soit, cet exemple touche plus largement aux questions de gouvernance : l’accès à l’information favorise-t-elle une plus grande responsabilisation ? La transparence est-elle en soi un gage d’amélioration ?
Deux questions auxquelles l’Autorité pour les connaissances et le développement humain (Knowledge and Human Development Authority ou KHDA), un organisme semi-autonome chargé de la supervision de l’enseignement privé à Dubaï, a tenté de répondre dans le cadre d’une réforme innovante de l’éducation.
Depuis son lancement, la KHDA a mis en place de nombreuses initiatives pour accompagner les établissements scolaires, suivre leurs progrès et les doter d’un cadre réglementaire garant des intérêts des élèves, des parents et des éducateurs. Ce travail consiste fondamentalement à fournir aux acteurs concernés des informations sur les écoles de Dubaï. Sur la base des meilleures pratiques internationales, le service d’inspection de la KHDA (DSIB) inspecte toutes les écoles une fois par an et publie ses conclusions en ligne, sur papier ou via une application mobile. L’évaluation, qui porte sur huit critères, donne lieu à une appréciation générale (non satisfaisant, passable, honorable, excellent).
Aujourd’hui, 90 % des élèves de Dubaï sont scolarisés dans le privé. Ces établissements répondent aux besoins des diverses communautés de la ville, avec une offre de 15 programmes scolaires destinés notamment aux écoliers britanniques, américains, indiens, pakistanais, iraniens, français, allemands, philippins et japonais. Par ailleurs, les jeunes Émiratis, qui ont la possibilité de s’inscrire dans le public, se tournent de plus en plus vers l’enseignement privé.
Le profil des établissements varie énormément à Dubaï : les écoles situées à la périphérie ressemblent à des centres de vacances ; il existe des écoles pour les enfants des chauffeurs de taxi bangladeshis, des écoles maternelles ultraspécialisées qui ne dépareraient pas à Manhattan ou à Berlin et des écoles dotées de splendides fanfares. Toutes relèvent de la compétence d’un inspecteur et toutes sont notées. Les frais de scolarité n’entrent pas en ligne de compte : l’Indian High School, par exemple, qui est l’une des écoles les moins chères de la ville, a reçu la mention « excellent » alors que des écoles dix fois plus chères peuvent recevoir la mention « passable ».
Il est surprenant de constater que les parents et les éducateurs eux-mêmes méconnaissent bien souvent l’état des écoles du pays. La KHDA permet donc de faire la lumière sur la qualité des systèmes éducatifs, des écoles et des acquis des élèves en procédant à des évaluations transparentes et en rendant publiques les données recueillies. Mais est-il établi qu’une meilleure information entraîne nécessairement une décision plus éclairée ?
L’étude que mène la Banque mondiale sur la démarche de la KHDA paraît confirmer cette hypothèse. Depuis la création de cet organisme, il existe beaucoup plus d’informations détaillant par le menu le système éducatif privé de l’émirat, ce qui a pour effet d’alimenter dans les médias un débat autour de ces questions. Nos conclusions indiquent également que ces informations sont exploitées et qu’elles sont donc utiles. Les parents posent plus de questions et prennent de meilleures décisions sur le choix d’une école. À l’aune des évaluations du DSIB, les enseignants et les directeurs d’établissement mettent tout en œuvre pour améliorer les choses, qu’il s’agisse des pratiques pédagogiques ou d’autres aspects relatifs aux établissements.
On peut toutefois émettre cette réserve : seuls ceux qui ont les moyens de mettre à profit les informations qui leur sont présentées sont en mesure d’agir effectivement. En effet, les établissements dotés de ressources financières et techniques s’améliorent, tandis que les moins avantagés se retrouvent prisonniers d’un « équilibre de bas niveau », privés des moyens techniques ou matériels qui les en sortiraient.
Consciente de cette difficulté, la KHDA ne ménage aucun effort pour venir en aide à chacun. Elle a élaboré à l’attention des parents des guides qui présentent les critères d’une bonne école. Le DSIB travaille également avec les établissements mal notés pour les aider à se redresser. Promus par la KHDA, les événements What Works (« ce qui marche ») sont l’occasion de présenter aux enseignants et aux écoles les meilleures pratiques en vigueur.
La diffusion de l’information a eu un impact considérable sur les écoles privées de Dubaï. En l’espace de cinq ans, la KHDA a montré que, grâce à l’information, les écoles s’améliorent, les parents prennent des décisions éclairées… et les élèves ont retrouvé le chemin de leur salle de classe.
Pour plus d'infos, consultez notre brief.
Mais comment contrôler les allées et les venues de tant d’élèves ? Devant cette tâche herculéenne, le directeur de l’établissement s’est tourné vers les technologies de l’information. Pour entrer ou sortir de l’école, chaque élève dispose aujourd’hui d’un badge qu’il insère dans l’un des lecteurs installés à l’entrée du bâtiment, ce qui déclenche l’envoi instantané d’un SMS informant ses parents de son heure d’arrivée ou de départ.
On observe depuis une baisse du taux d’absentéisme. Faire l’école buissonnière est beaucoup moins drôle dès lors que papa ou maman l’apprend...
Pour divertissant qu’il soit, cet exemple touche plus largement aux questions de gouvernance : l’accès à l’information favorise-t-elle une plus grande responsabilisation ? La transparence est-elle en soi un gage d’amélioration ?
Deux questions auxquelles l’Autorité pour les connaissances et le développement humain (Knowledge and Human Development Authority ou KHDA), un organisme semi-autonome chargé de la supervision de l’enseignement privé à Dubaï, a tenté de répondre dans le cadre d’une réforme innovante de l’éducation.
Depuis son lancement, la KHDA a mis en place de nombreuses initiatives pour accompagner les établissements scolaires, suivre leurs progrès et les doter d’un cadre réglementaire garant des intérêts des élèves, des parents et des éducateurs. Ce travail consiste fondamentalement à fournir aux acteurs concernés des informations sur les écoles de Dubaï. Sur la base des meilleures pratiques internationales, le service d’inspection de la KHDA (DSIB) inspecte toutes les écoles une fois par an et publie ses conclusions en ligne, sur papier ou via une application mobile. L’évaluation, qui porte sur huit critères, donne lieu à une appréciation générale (non satisfaisant, passable, honorable, excellent).
Aujourd’hui, 90 % des élèves de Dubaï sont scolarisés dans le privé. Ces établissements répondent aux besoins des diverses communautés de la ville, avec une offre de 15 programmes scolaires destinés notamment aux écoliers britanniques, américains, indiens, pakistanais, iraniens, français, allemands, philippins et japonais. Par ailleurs, les jeunes Émiratis, qui ont la possibilité de s’inscrire dans le public, se tournent de plus en plus vers l’enseignement privé.
Le profil des établissements varie énormément à Dubaï : les écoles situées à la périphérie ressemblent à des centres de vacances ; il existe des écoles pour les enfants des chauffeurs de taxi bangladeshis, des écoles maternelles ultraspécialisées qui ne dépareraient pas à Manhattan ou à Berlin et des écoles dotées de splendides fanfares. Toutes relèvent de la compétence d’un inspecteur et toutes sont notées. Les frais de scolarité n’entrent pas en ligne de compte : l’Indian High School, par exemple, qui est l’une des écoles les moins chères de la ville, a reçu la mention « excellent » alors que des écoles dix fois plus chères peuvent recevoir la mention « passable ».
Il est surprenant de constater que les parents et les éducateurs eux-mêmes méconnaissent bien souvent l’état des écoles du pays. La KHDA permet donc de faire la lumière sur la qualité des systèmes éducatifs, des écoles et des acquis des élèves en procédant à des évaluations transparentes et en rendant publiques les données recueillies. Mais est-il établi qu’une meilleure information entraîne nécessairement une décision plus éclairée ?
L’étude que mène la Banque mondiale sur la démarche de la KHDA paraît confirmer cette hypothèse. Depuis la création de cet organisme, il existe beaucoup plus d’informations détaillant par le menu le système éducatif privé de l’émirat, ce qui a pour effet d’alimenter dans les médias un débat autour de ces questions. Nos conclusions indiquent également que ces informations sont exploitées et qu’elles sont donc utiles. Les parents posent plus de questions et prennent de meilleures décisions sur le choix d’une école. À l’aune des évaluations du DSIB, les enseignants et les directeurs d’établissement mettent tout en œuvre pour améliorer les choses, qu’il s’agisse des pratiques pédagogiques ou d’autres aspects relatifs aux établissements.
On peut toutefois émettre cette réserve : seuls ceux qui ont les moyens de mettre à profit les informations qui leur sont présentées sont en mesure d’agir effectivement. En effet, les établissements dotés de ressources financières et techniques s’améliorent, tandis que les moins avantagés se retrouvent prisonniers d’un « équilibre de bas niveau », privés des moyens techniques ou matériels qui les en sortiraient.
Consciente de cette difficulté, la KHDA ne ménage aucun effort pour venir en aide à chacun. Elle a élaboré à l’attention des parents des guides qui présentent les critères d’une bonne école. Le DSIB travaille également avec les établissements mal notés pour les aider à se redresser. Promus par la KHDA, les événements What Works (« ce qui marche ») sont l’occasion de présenter aux enseignants et aux écoles les meilleures pratiques en vigueur.
La diffusion de l’information a eu un impact considérable sur les écoles privées de Dubaï. En l’espace de cinq ans, la KHDA a montré que, grâce à l’information, les écoles s’améliorent, les parents prennent des décisions éclairées… et les élèves ont retrouvé le chemin de leur salle de classe.
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