El Aroussa, village du nord-ouest de la Tunisie, dans la région de Siliana. Une petite maison en pierre accueille un groupe de femmes de tous âges. Leur point commun ? Le tissage. Si elles sont réunies ici c’est pour suivre une formation destinée à aider les artisans tunisiens à vivre de leur activité et à trouver d’autres débouchés pour leur production en s’ouvrant à l’international.
« Pour nous, c’est un moyen de gagner de l’argent », témoigne Khawla Mahjbi, qui était au chômage avant le début du projet. D’après cette jeune femme de 23 ans, il est difficile de trouver un travail dans la région de Siliana, un territoire parmi les plus défavorisés du pays, miné par un taux de chômage élevé et une pauvreté endémique.
Voilà pourquoi cette initiative a vu le jour ici. « L’objectif est d’aider les femmes à gagner en indépendance », explique Emma Djilali, qui a cofondé le projet Aatik, en bénéficiant du concours financier de l’ambassade du Canada.
Elles sont 21 femmes à être assises devant leur métier à tisser, toutes sélectionnées sur la base d’entretiens qui se sont déroulés à l’automne dernier. La moitié d’entre elles ont entre 18 et 30 ans, le reste entre 30 et 67 ans. La plupart n’ont pas fait d’études ; au lancement du projet, en décembre dernier, elles étaient au chômage. Leur connaissance du tissage est inégale : les plus âgées ont pratiqué pendant longtemps ce métier comme employées dans l’usine locale, d’autres sont novices.
« Les premiers jours ont été difficiles », reconnaît Afef Oueslati. Avant le lancement de cette initiative, cette mère de deux enfants, âgée de 28 ans, était au chômage et ne connaissait pas grand-chose au tissage. C’était également le cas d’Hiba Wahbi, une jeune femme de 22 ans qui avait pour habitude de regarder sa mère et sa grand-mère tisser. Aujourd’hui, elle est désireuse d’apprendre de nouvelles techniques, et surtout de pouvoir offrir des kilims de grande qualité
À 45 ans, Rabiha Riahi est au contraire très expérimentée. Elle a travaillé dans une usine jusqu’à sa fermeture voilà plusieurs années, pour des raisons inexpliquées. Les cours consacrés aux motifs et aux couleurs la passionnent tout particulièrement. Car, en effet, en plus des procédés techniques du tissage, ces femmes apprennent aussi toutes les nuances de l’association des couleurs et de la composition des motifs. Il faut ainsi veiller à ce que leurs tapis reflètent leur expression artistique et le style local, afin d’ajouter une authenticité tunisienne et plus de prix à leurs travaux, explique Emma Djilali.
« Elles ont soif d’apprendre », confie Layla Jendoubi, une tisserande de 48 ans venue aider ce groupe d’apprenties. La Tunisie est réputée pour son art du tissage de tapis . D’après l’ Office national de l’artisanat tunisien, le secteur artisanal employait 11 % du total de la population active en 2013 . En dépit de ce patrimoine culturel, certains craignent une homogénéisation et une modernisation du secteur, avec le risque de perdre en authenticité. Layla Jendoubi a cependant constaté un intérêt croissant pour le tissage chez les jeunes gens de Kef, sa ville natale. Comme le groupe d’El Aroussa, remarque-t-elle, il est bon que des femmes plus jeunes héritent du savoir-faire traditionnel de leurs aînées.
L’idée est de passer par un enseignement horizontal : les apprenties s’échangent des techniques pour devenir progressivement autonomes. « Travailler en groupe, c’est utile », reconnaît Rabiha Riahi, « l’échange d’idées et d’expériences profite à chacune. » Cette communauté a l’avantage de rapprocher les femmes du village, et l’atelier est également un endroit sûr où elles peuvent s’exprimer ouvertement. Les jeunes Tunisiennes en milieu rural sont soumises à une pression sociale qui restreint leur liberté de mouvement et de travail . Certaines d’entre elles se sont heurtées à la difficulté de voyager seules, par exemple, pour se rendre à des salons d’artisanat. Voilà également pourquoi ces femmes ont besoin d’un appui supplémentaire. « Dans les régions rurales de Tunisie, les femmes sont les agents du changement », explique Emma Djilali.
Outre les techniques de tissage et l’art de la composition, les femmes seront formées à la gestion, la communication et la vente via une plateforme de commerce électronique. L’objectif est qu’elles puissent gérer ce portail numérique elles-mêmes, de la publication de photos pour promouvoir leurs nouveaux produits au traitement des commandes et à l’expédition, explique Sophie Bergmann, cofondatrice d’Aatik. « Il est important qu’elles s’approprient ce projet. »
Cependant, la majorité d’entre elles ne possèdent pas d’ordinateur et elles sont plusieurs à n’avoir pas accès à Internet. Elles se retrouvent ainsi désemparées lorsqu’il s’agit de maîtriser ne serait-ce qu’une messagerie électronique. « À quoi cela va nous servir ? », ont demandé les aînées. D’autres, comme Hiba Wahbi, sont enthousiastes. Elle espère pouvoir ainsi entrer en contact avec de nouvelles personnes. En laissant l’ordinateur de l’atelier à leur disposition, l’idée est qu’elles prennent peu à peu confiance dans la gestion de leur nouveau portail, depuis lequel des clients du monde entier pourront commander des kilims tissés à Siliana ! Ces derniers pourront passer commande en ligne, directement auprès des artisans, et le kilim fait main sera livré chez eux, moyennant un délai de quelques semaines, par le biais de services de livraison internationaux.
« Il n’existe aucun autre projet de ce genre ici », constate Rafika Haeni, coordinatrice de l’atelier. Convaincue du potentiel de ce type d’initiative, elle espère que les activités qui en découleront seront pérennes et qu’il sera possible de l’élargir à d’autres régions tunisiennes.
« Pour nous, c’est un moyen de gagner de l’argent », témoigne Khawla Mahjbi, qui était au chômage avant le début du projet. D’après cette jeune femme de 23 ans, il est difficile de trouver un travail dans la région de Siliana, un territoire parmi les plus défavorisés du pays, miné par un taux de chômage élevé et une pauvreté endémique.
Voilà pourquoi cette initiative a vu le jour ici. « L’objectif est d’aider les femmes à gagner en indépendance », explique Emma Djilali, qui a cofondé le projet Aatik, en bénéficiant du concours financier de l’ambassade du Canada.
Elles sont 21 femmes à être assises devant leur métier à tisser, toutes sélectionnées sur la base d’entretiens qui se sont déroulés à l’automne dernier. La moitié d’entre elles ont entre 18 et 30 ans, le reste entre 30 et 67 ans. La plupart n’ont pas fait d’études ; au lancement du projet, en décembre dernier, elles étaient au chômage. Leur connaissance du tissage est inégale : les plus âgées ont pratiqué pendant longtemps ce métier comme employées dans l’usine locale, d’autres sont novices.
« Les premiers jours ont été difficiles », reconnaît Afef Oueslati. Avant le lancement de cette initiative, cette mère de deux enfants, âgée de 28 ans, était au chômage et ne connaissait pas grand-chose au tissage. C’était également le cas d’Hiba Wahbi, une jeune femme de 22 ans qui avait pour habitude de regarder sa mère et sa grand-mère tisser. Aujourd’hui, elle est désireuse d’apprendre de nouvelles techniques, et surtout de pouvoir offrir des kilims de grande qualité
À 45 ans, Rabiha Riahi est au contraire très expérimentée. Elle a travaillé dans une usine jusqu’à sa fermeture voilà plusieurs années, pour des raisons inexpliquées. Les cours consacrés aux motifs et aux couleurs la passionnent tout particulièrement. Car, en effet, en plus des procédés techniques du tissage, ces femmes apprennent aussi toutes les nuances de l’association des couleurs et de la composition des motifs. Il faut ainsi veiller à ce que leurs tapis reflètent leur expression artistique et le style local, afin d’ajouter une authenticité tunisienne et plus de prix à leurs travaux, explique Emma Djilali.
« Elles ont soif d’apprendre », confie Layla Jendoubi, une tisserande de 48 ans venue aider ce groupe d’apprenties. La Tunisie est réputée pour son art du tissage de tapis . D’après l’ Office national de l’artisanat tunisien, le secteur artisanal employait 11 % du total de la population active en 2013 . En dépit de ce patrimoine culturel, certains craignent une homogénéisation et une modernisation du secteur, avec le risque de perdre en authenticité. Layla Jendoubi a cependant constaté un intérêt croissant pour le tissage chez les jeunes gens de Kef, sa ville natale. Comme le groupe d’El Aroussa, remarque-t-elle, il est bon que des femmes plus jeunes héritent du savoir-faire traditionnel de leurs aînées.
L’idée est de passer par un enseignement horizontal : les apprenties s’échangent des techniques pour devenir progressivement autonomes. « Travailler en groupe, c’est utile », reconnaît Rabiha Riahi, « l’échange d’idées et d’expériences profite à chacune. » Cette communauté a l’avantage de rapprocher les femmes du village, et l’atelier est également un endroit sûr où elles peuvent s’exprimer ouvertement. Les jeunes Tunisiennes en milieu rural sont soumises à une pression sociale qui restreint leur liberté de mouvement et de travail . Certaines d’entre elles se sont heurtées à la difficulté de voyager seules, par exemple, pour se rendre à des salons d’artisanat. Voilà également pourquoi ces femmes ont besoin d’un appui supplémentaire. « Dans les régions rurales de Tunisie, les femmes sont les agents du changement », explique Emma Djilali.
Outre les techniques de tissage et l’art de la composition, les femmes seront formées à la gestion, la communication et la vente via une plateforme de commerce électronique. L’objectif est qu’elles puissent gérer ce portail numérique elles-mêmes, de la publication de photos pour promouvoir leurs nouveaux produits au traitement des commandes et à l’expédition, explique Sophie Bergmann, cofondatrice d’Aatik. « Il est important qu’elles s’approprient ce projet. »
Cependant, la majorité d’entre elles ne possèdent pas d’ordinateur et elles sont plusieurs à n’avoir pas accès à Internet. Elles se retrouvent ainsi désemparées lorsqu’il s’agit de maîtriser ne serait-ce qu’une messagerie électronique. « À quoi cela va nous servir ? », ont demandé les aînées. D’autres, comme Hiba Wahbi, sont enthousiastes. Elle espère pouvoir ainsi entrer en contact avec de nouvelles personnes. En laissant l’ordinateur de l’atelier à leur disposition, l’idée est qu’elles prennent peu à peu confiance dans la gestion de leur nouveau portail, depuis lequel des clients du monde entier pourront commander des kilims tissés à Siliana ! Ces derniers pourront passer commande en ligne, directement auprès des artisans, et le kilim fait main sera livré chez eux, moyennant un délai de quelques semaines, par le biais de services de livraison internationaux.
« Il n’existe aucun autre projet de ce genre ici », constate Rafika Haeni, coordinatrice de l’atelier. Convaincue du potentiel de ce type d’initiative, elle espère que les activités qui en découleront seront pérennes et qu’il sera possible de l’élargir à d’autres régions tunisiennes.
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