Pour comprendre les passions et parfois les peurs déchainées par cette étude, il faut se replonger dans le contexte et les caractéristiques de l’étude. Finalisé juste avant le Printemps Arabe, ce rapport anticipe la plupart de revendications exprimées haut et fort par les jeunes dès 2011. Il souligne l’exclusion sociale et économique et notamment le fait que la moitié des jeunes Marocains de 15 à 29 ans se trouvent sans emploi ou hors du milieu scolaire. Le rapport étudie les causes de cette inactivité généralisée et propose des recommandations pour parvenir à une meilleure inclusion et participation dans le processus décisionnel. Le lancement du rapport a été l’occasion de réunir à une même table la société civile des jeunes, les représentants institutionnels et les représentants du secteur privé.
Le secteur privé, un acteur incontournable de l’inclusion des jeunes
Le dialogue avec le secteur privé, a confirmé les conclusions du rapport : (i) renforcer les compétences du savoir être (compétences de vie) autant que le savoir-faire (compétences techniques); (ii) initier des stages précoces de formation en entreprises; et (iii) renforcer le pôle emploi officiel, ANAPEC, afin de ne plus focaliser essentiellement sur les diplômés chômeurs (5% du nombre total des jeunes chômeurs Marocains) et exclue la masse des non diplômés, (iv) favoriser un partenariat entre secteurs privé, public, société civile et autorités locales, mettant l’accent sur les services de proximité. M. Jamal Belahrach (Confédération Générale des Entreprises Marocaines) a insisté sur l’urgence de passer à la phase Action avec des « commandos » de mise en œuvre : « Tous les acteurs politiques doivent se réunir autour d’une table et dire aux jeunes ce qu’ils veulent faire « avec eux et non « pour » eux.
La continuité renouvelée des institutions publiquesLe dialogue entre le ministre et les jeunes était franc et réaliste.L’atmosphère était plutôt bon enfant. Tous avaient opté pour la langue arabe marocaine à l’humour et aux jeux de mots si pittoresques, malheureusement impossibles à traduire. Les jeunes ont interpellé (parfois vivement) le ministre sur plusieurs points: (i) la gageure du Conseil Consultatif de la Jeunesse et l’opacité de son fonctionnement, (ii) la responsabilité du gouvernement d’endosser la question jeunesse au niveau national avec si possible l’accompagnement des organisations internationales. Sommé par les jeunes de retrousser ses manches et de mettre en place sur le champ des actions concrètes pour remédier aux chiffres inquiétants du rapport, le ministre a rappelé que les faiseurs de miracles n’existent pas et a invité les jeunes à retrousser leurs manches eux-aussi en vue de construire ensemble l’avenir du pays. En conclusion, il a insisté sur la conjoncture très favorable pour une nouvelle stratégie de la jeunesse qui sans être entièrement neuve sera du moins renouvelle dans le sens d’une meilleure participation des jeunes.
Vers de réelles opportunités pour les jeunes
Le panel de jeunes participants a ouvert la discussion sur une citation de Georges Bernanos: « C'est la fièvre de la jeunesse qui maintient le reste du monde à la température normale. Quand la jeunesse se refroidit, le reste du monde claque des dents. » et a recommandé (i) La mise en œuvre urgente des recommandations du rapport; (ii) L’actualisation de l’enquête pour analyser les tendances depuis le Printemps Arabe ; et enfin (iii) la mise en place d’une plateforme indépendante de la jeunesse au rôle non limité au consultatif, s’appuyant sur des plateformes locales.
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