Publié sur Voix Arabes

Vos mots clés pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord

Inger Andersen est Vice-présidente de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord au sein de la Banque mondiale.

ImageLa semaine prochaine, lors d’un chat en direct, je vais discuter avec toutes celles et ceux qui souhaitent faire part de leur point de vue sur l’avenir du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord : de quoi la région a-t-elle aujourd’hui besoin pour forger son futur alors que les revendications des citoyens en faveur d’un meilleur contrat social ont changé la donne en profondeur ?


 

Tout au long de l’année écoulée, les jeunes ont fait preuve d’une créativité stupéfiante en s’emparant des plateformes de médias sociaux pour non seulement échanger leurs idées mais aussi surveiller les autorités et les rendre comptables de leurs actions. Au niveau de la Banque mondiale, ces mêmes outils peuvent nous permettre, j’en suis convaincue, de connaître, directement de la voix des citoyens, les priorités qui sont les leurs aujourd’hui. Même si la Banque mondiale ne représente pas une grande source de financement pour la région MENA (contrairement à ce que pensent certains à notre sujet !), nous avons une réserve mondiale de connaissances à partager avec les pays et nous pouvons leur offrir notre expertise. Mais pour cela faut-il encore que les pays apprécient la valeur de notre contribution et sollicitent celle-ci.   

Nous pensons qu’en écoutant la parole des citoyens de la région MENA et en acquérant ainsi une meilleure compréhension de leurs préoccupations et de leurs priorités, nous serons mieux à même de servir la région MENA dans sa poursuite du développement. C’est la raison d’être de notre chat en direct de mardi prochain, et des suivants que j’appelle de mes vœux.

Nous avons reçu jusqu’ici une soixantaine de commentaires et je vous en remercie. Le chat devait à l’origine avoir lieu en arabe uniquement mais, compte tenu du nombre de vos commentaires en anglais, nous avons décidé d’ajouter un forum en anglais et je ferais de mon mieux pour jongler entre les deux.

À la lecture de vos messages, j’ai été frappée par la récurrence de deux mots : ÉDUCATION et GOUVERNANCE. Viennent juste après — par regroupement — les termes emplois-travail, transparence-accès-responsabilité, savoir-innovation-idées-données, viabilité-croissance, corruption (qui relève en fait de la gouvernance), jeunesse, transformation, entrepreneurs, leaders et femmes-égalité (je suis ravie que celles-ci se soient frayées une place dans la liste des mots clés) ; a également été mentionnée à deux reprises l’éducation civique, qui constitue un angle de vue légèrement différent mais important de l’éducation en général.

Alors que vous invitez le monde entier à s’exprimer sur une question, comme il est fascinant de constater une telle cohérence dans les réponses. Il est clair qu’il existe un consensus autour des priorités pour la région MENA aujourd’hui. Et les priorités dont vous nous avez fait part trouvent un large écho dans celles qui occupent nos discussions à la Banque.

Je me réjouis de connaître les autres aspects que vous souhaiteriez aborder dans notre chat et de vous « rencontrer » en ligne la semaine prochaine. Les opinions et les points de vue qui ont déjà été exprimés nourrissent ma confiance et je sais que nous avons beaucoup à apprendre en écoutant les peuples de la région MENA : votre vision des choses, votre perspective et votre savoir recèlent une force formidable.

J’aimerais citer quelques extraits de vos commentaires, parmi ceux que je préfère et qui résonnent plus particulièrement à mon attention. Khaled Hussain, en Tunisie, rêve d’un système éducatif qui « encourage l’initiative, la créativité, l’individualité et la curiosité ». Et de poursuivre : « Nous voulons être libérés, penser librement et utilement, nous voulons que nous soient donnés les outils et les possibilités de transformer cette réflexion en action et de concevoir le monde comme un lieu amical ». Au Maroc, Kaouthar Azaaj « pense que le développement repose en grande partie sur les jeunes, auxquels il faut donner les moyens de s’affirmer, conférer des responsabilités et insuffler un esprit citoyen ». Et Kais Aliriani, du Yémen, écrit : « Il n’y a pas de recette pour les pays arabes. Il faut laisser les peuples de la région penser eux-mêmes leur avenir ».

Je ne saurais être davantage d’accord avec Kais et j’espère que celles et ceux d’entre vous qui me rejoindront dans la discussion mardi prochain seront animés du même esprit. Quelque soient les actions entreprises par la Banque mondiale ou les autres institutions pour soutenir les populations des pays de la région MENA, elles devront être conformes à la vision de ces populations. Alors merci de bien vouloir nous faire part de votre vision.


Auteurs

Inger Andersen

Ancienne Vice-présidente de la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord

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