La Tunisie est l’un des pays les plus sécularisés du monde arabe et est dotée de l’un des systèmes éducatifs les plus développés de cette région. Pourtant, c’est par milliers que les jeunes Tunisiens se tournent vers le djihadisme — un phénomène sans commune mesure avec ce que l’on observe ailleurs.
Pourquoi ? La réponse se trouve probablement dans les salles de classe primaires et secondaires, où les élèves, notamment les plus vulnérables, ceux qui se sentent rejetés par la société, sont une proie facile pour les mouvements radicaux.
Pendant longtemps, la question des violences à l’école a été étouffée sous la chape de plomb de l’ancien régime autoritaire et de ses politiques de contrôle de l’information. Mais la Révolution de 2011, qui a réveillé la société civile tunisienne et apporté une ouverture aux libertés politiques, a permis de montrer ce qui se passe vraiment derrière les murs des établissements scolaires.
Désormais, la radicalisation et les violences qui sévissent dans les écoles ne sont plus un sujet tabou.
En mai, l’Union générale tunisienne du travail s’est associée à la Banque mondiale, au Centre pour l’intégration en Méditerranée (CMI) et à des institutions spécialisées dans l’éducation pour aborder, pour la première fois, la question de la prévention des violences scolaires et leurs éventuels liens avec la radicalisation. À Tunis, ils ont rencontré des membres de la société civile ainsi que des représentants des écoles et des organisations de développement pour envisager des solutions et sensibiliser l’opinion publique.
Le professeur Farhad Khroskhovar, directeur du Centre d’analyse et d’intervention sociologiques à l’École des hautes études en sciences sociales, a observé des similitudes dans les processus de radicalisation djihadiste en France et en Tunisie, à commencer par le profil des jeunes, issus de familles décomposées et de cités dans les banlieues pauvres des villes.
Les difficultés scolaires poussent les jeunes à abandonner tôt l’école ; les actes de délinquance juvénile les emmènent en prison, ce qui vient compléter le processus de marginalisation.
Un scénario que viennent confirmer les observations de Rim Ben Ismail, une psychologue tunisienne qui a travaillé avec des djihadistes de retour dans leur pays d’origine. Ces anciens combattants ne se décrivent pas comme des révolutionnaires ni même engagés pour une cause spécifique, mais plutôt comme des individus marginalisés sans objectifs précis dans la vie.
Bon nombre de jeunes Tunisiens ne bénéficient pas du soutien, notamment moral, apporté par le système scolaire et, plus largement, la société. Selon des statistiques du ministère tunisien de l’Éducation, les violences scolaires sont étroitement liées aux difficultés d’apprentissage et à l’absence de soutien familial. Même si cela ne conduit pas systématiquement à la radicalisation, les effets sur le mental et les performances des élèves sont dans tous les cas dévastateurs.
D’autant que les violences rongent la qualité de l’environnement d’apprentissage, mettant en péril tout le système scolaire.
Comment les Tunisiens peuvent-ils contrer ce phénomène ? La radicalisation serait-elle l’aboutissement naturel de la rencontre entre des revendications non satisfaites (sur fond d’accélération des exclusions économiques, sociales et politiques) et des discours extrémistes qui interpellent une jeunesse en quête de revanche contre une société qu’elle estime être injuste à son égard ? Dès lors qu’elle propose une forme de réseau social et une dynamique de groupe confortant la notion d’identité et de finalité commune, la radicalisation agit comme un aimant irrésistible pour les jeunes qui adhèrent à ce nouveau système de croyance pouvant déboucher sur des actes radicaux.
Même sans appartenir à un tel système de croyance, les jeunes violents, qui se sentent dépossédés et exclus, peuvent éprouver une certaine attirance pour le jihadisme.
Les plans de prévention de la radicalisation doivent s’attaquer à la racine de l’insatisfaction et de l’exclusion et redonner aux jeunes de l’espoir en leur proposant des récits alternatifs séduisants assortis réponses concrètes (emplois, services et modes d’expression) pour atteindre les objectifs proposés. Ils doivent également renforcer la cohésion autour d’objectifs positifs.
Le passé récent est riche d’expériences utiles : dans les années 70, les États-Unis confrontés à une vague de violences scolaires ont contrecarré ce phénomène par des programmes de « discipline positive » (a) » déployés dans l’ensemble du pays ; au Canada, pour contrer le harcèlement et les violences, les écoles font appel à la médiation par les pairs, l’engagement civique, la résolution de conflit et d’autres techniques reposant sur le comportement.
De tels exemples ont ont aidé les organisations tunisiennes à identifier des mesures de prévention des violences scolaires et du risque de radicalisation. Les participants sont ensuite convenus d’un plan d’amélioration de l’environnement scolaire couvrant entre autres les infrastructures et la gouvernance. Les échanges se sont poursuivis lors du Forum mondial de la jeunesse (a), organisé récemment à Washington.
Pourquoi ? La réponse se trouve probablement dans les salles de classe primaires et secondaires, où les élèves, notamment les plus vulnérables, ceux qui se sentent rejetés par la société, sont une proie facile pour les mouvements radicaux.
Pendant longtemps, la question des violences à l’école a été étouffée sous la chape de plomb de l’ancien régime autoritaire et de ses politiques de contrôle de l’information. Mais la Révolution de 2011, qui a réveillé la société civile tunisienne et apporté une ouverture aux libertés politiques, a permis de montrer ce qui se passe vraiment derrière les murs des établissements scolaires.
Désormais, la radicalisation et les violences qui sévissent dans les écoles ne sont plus un sujet tabou.
En mai, l’Union générale tunisienne du travail s’est associée à la Banque mondiale, au Centre pour l’intégration en Méditerranée (CMI) et à des institutions spécialisées dans l’éducation pour aborder, pour la première fois, la question de la prévention des violences scolaires et leurs éventuels liens avec la radicalisation. À Tunis, ils ont rencontré des membres de la société civile ainsi que des représentants des écoles et des organisations de développement pour envisager des solutions et sensibiliser l’opinion publique.
Le professeur Farhad Khroskhovar, directeur du Centre d’analyse et d’intervention sociologiques à l’École des hautes études en sciences sociales, a observé des similitudes dans les processus de radicalisation djihadiste en France et en Tunisie, à commencer par le profil des jeunes, issus de familles décomposées et de cités dans les banlieues pauvres des villes.
Les difficultés scolaires poussent les jeunes à abandonner tôt l’école ; les actes de délinquance juvénile les emmènent en prison, ce qui vient compléter le processus de marginalisation.
Un scénario que viennent confirmer les observations de Rim Ben Ismail, une psychologue tunisienne qui a travaillé avec des djihadistes de retour dans leur pays d’origine. Ces anciens combattants ne se décrivent pas comme des révolutionnaires ni même engagés pour une cause spécifique, mais plutôt comme des individus marginalisés sans objectifs précis dans la vie.
Bon nombre de jeunes Tunisiens ne bénéficient pas du soutien, notamment moral, apporté par le système scolaire et, plus largement, la société. Selon des statistiques du ministère tunisien de l’Éducation, les violences scolaires sont étroitement liées aux difficultés d’apprentissage et à l’absence de soutien familial. Même si cela ne conduit pas systématiquement à la radicalisation, les effets sur le mental et les performances des élèves sont dans tous les cas dévastateurs.
D’autant que les violences rongent la qualité de l’environnement d’apprentissage, mettant en péril tout le système scolaire.
Comment les Tunisiens peuvent-ils contrer ce phénomène ? La radicalisation serait-elle l’aboutissement naturel de la rencontre entre des revendications non satisfaites (sur fond d’accélération des exclusions économiques, sociales et politiques) et des discours extrémistes qui interpellent une jeunesse en quête de revanche contre une société qu’elle estime être injuste à son égard ? Dès lors qu’elle propose une forme de réseau social et une dynamique de groupe confortant la notion d’identité et de finalité commune, la radicalisation agit comme un aimant irrésistible pour les jeunes qui adhèrent à ce nouveau système de croyance pouvant déboucher sur des actes radicaux.
Même sans appartenir à un tel système de croyance, les jeunes violents, qui se sentent dépossédés et exclus, peuvent éprouver une certaine attirance pour le jihadisme.
Les plans de prévention de la radicalisation doivent s’attaquer à la racine de l’insatisfaction et de l’exclusion et redonner aux jeunes de l’espoir en leur proposant des récits alternatifs séduisants assortis réponses concrètes (emplois, services et modes d’expression) pour atteindre les objectifs proposés. Ils doivent également renforcer la cohésion autour d’objectifs positifs.
Le passé récent est riche d’expériences utiles : dans les années 70, les États-Unis confrontés à une vague de violences scolaires ont contrecarré ce phénomène par des programmes de « discipline positive » (a) » déployés dans l’ensemble du pays ; au Canada, pour contrer le harcèlement et les violences, les écoles font appel à la médiation par les pairs, l’engagement civique, la résolution de conflit et d’autres techniques reposant sur le comportement.
De tels exemples ont ont aidé les organisations tunisiennes à identifier des mesures de prévention des violences scolaires et du risque de radicalisation. Les participants sont ensuite convenus d’un plan d’amélioration de l’environnement scolaire couvrant entre autres les infrastructures et la gouvernance. Les échanges se sont poursuivis lors du Forum mondial de la jeunesse (a), organisé récemment à Washington.
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