MaliAppChallenge 2016 : la première grande compétition d’applications mobiles au Mali qui a mis l’Education à l’honneur

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ImageLors de la grande compétition d’applications mobile MaliAppChallenge, organisée à Bamako le 9 mai 2016, la jeunesse du Mali a montré à tous qu’elle est prête à prendre pleinement part à la révolution numérique qui commence à arriver dans le pays.
 
Malgré une tension palpable et bien compréhensible, les huit équipes finalistes ont fait preuve d’un enthousiasme réjouissant, lorsqu’elles ont présenté leurs prototypes d’applications devant un parterre d’officiels du Mali et du reste de la région du Sahel, ainsi que de nombreux acteurs de la communauté des TIC au Mali. Ces jeunes se sont investis pleinement, ayant bien conscience des enjeux : les équipes gagnantes allaient recevoir des smartphones et des tablettes, des possibilités d’incubation, des offres de stages, des formations… Bref, de quoi se lancer dans l’entreprenariat numérique, avec des ressources très difficiles à mobiliser en temps normal.
 
Ces projets d’entreprenariat ne fournissent pas qu’un début de solution au problème dramatique du chômage des jeunes dans le pays. Les démonstrations ont illustré, les unes après les autres, que ces applications avaient un véritable potentiel transformationnel, que ce soit dans les secteurs de l’agriculture, de la santé, de l’éduction. Deux des équipes ont notamment choisi ce thème de l’éducation, et ont chacune gagné l’un des quatre prix mis en jeu :
  • le 2e prix pour l’application Univ Kibaru, qui a pour ambition de faciliter la communication entre universités et étudiants, au sujet par exemple de changements d’emplois du temps ou d’opportunités de bourses scolaires
le prix du public pour l’application Orient Key, axée sur l’orientation scolaire et professionnelle destinée aux étudiants (annuaire d’établissements scolaires, guide des filières et matières enseignées, forum de discussion, etc.)
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Paul Noumba Um, Directeur des Opérations de la Banque mondiale,
félicite les gagnantes du 2 e prix de la compétition pour leur application Univ Kibaru.
Source : MaliiAppChallenge
Au travers de ces exemples, il est apparu évident au public que les TIC, via des applications simples développées par des étudiants pour des étudiants, offrent la possibilité de compenser facilement certaines lacunes existantes du système en place et, pourquoi pas, de moderniser rapidement l’ensemble du système éducatif. Khairy Niang, qui a gagné avec son équipe le 2 e prix de la compétition pour leur application Univ Kibaru, explique : " J'ai découvert la compétition MaliAppChallenge sur Facebook. J'ai toujours été intéressée par tout ce qui est TIC, développement d'applications mobiles, etc. C'est ce qui m'a motivé à participer au challenge et je suis convaincue que notre projet répond à une problématique car au Mali, beaucoup d'étudiants se plaignent de ne pas être suffisamment informés sur leur planning de cours, ou encore les opportunités de stage, de bourses et d'emplois."
 
Six mois plus tôt, lorsque nous avions commencé à réfléchir sur le concept de cette compétition, nous nous reposions sur l’exemple de la Mauritanie, où une compétition similaire avait été organisée en 2015, avec un succès retentissant. Une inconnue de taille subsistait néanmoins, à savoir le niveau de maturité de l’écosystème local des applications mobiles. Dans un pays comme le Mali, où Internet reste hors de portée d’une large portion de la population, et où les formations techniques n’ont que peu de moyens, regrouper une communauté de jeunes développeurs et entrepreneurs autour d’un même projet ne se présentait pas, au départ, comme une tâche aisée.
 
Mais l’organisation de cette compétition nous a conduit de bonne surprise en bonne surprise, de la phase de la préparation du concept jusqu’à la finale, à Bamako, le 9 mai 2016.
 
Dès la phase de préparation, tout un ensemble d’acteurs du secteur se sont réunis autour de ce projet, dans un esprit collaboratif remarquable : les incubateurs de Bamako (Impact Hub Bamako et Createam) se sont mobilisés pour organiser ensemble l’évènement et les formations des candidats, avec le soutien des communautés de développeurs et des institutions éducatives, des acteurs privés du secteur (entreprises d’informatique, opérateurs, etc.) et des autorités.
 
Puis la phase de sélection, qui a attiré plus d’une centaine de candidatures en seulement dix jours, nous a convaincu que ce type d’évènements répondait à une vrai aspiration de la part de la jeunesse, et dans des proportions loin d’être anecdotiques. Dix projets se sont démarqués du lot, et ont été sélectionnés pour la participation à la finale. Mais n’oublions pas qu’il reste un vivier important de jeunes entrepreneurs au Mali, qui ne demande qu’à bénéficier d’encouragements et de soutiens, pour essayer de mener à bien leurs projets.
 
Les équipes sélectionnées ont montré un engouement et une assiduité remarquables, tout au long des formations techniques et commerciales organisées pendant le mois précédent la finale. Ces équipes ont travaillé sans relâche autour de projets adaptés aux difficultés spécifiques auxquelles la jeunesse fait face, comme l’explique Fadimata Wallet, qui a gagné avec son équipe le prix du public pour l’application Orient Key : " Notre application veut apporter une réponse à une vrai problématique malienne, car beaucoup de jeunes étudiants sont confrontés aux difficultés liés à l'orientation académique et professionnelle. Je suis vraiment heureuse que notre projet ait été choisi par le public, cela montre que notre application a marqué les esprits".

Ces exemples nous invitent à réfléchir d’avantage à la contribution possible des TIC au secteur de l’éducation au Mali. Des exemples internationaux innombrables, même si souvent de dimension modeste, nous ont montré depuis longtemps que les TIC représentent une opportunité extraordinaire pour le secteur de l’éducation. Le Mali se doit de saisir cette opportunité. Dans un pays où la population jeune croît à une vitesse supérieure à celle des infrastructures qui lui sont nécessaires (écoles, bibliothèques, etc.), la diffusion à grande échelle de contenu éducatif sous format électronique, la dématérialisation des cours, l’accès à distance aux ressources numériques nationales et internationales, bref l’ensemble des solutions de E-éducation, apportent une réponse à des difficultés qui risquent autrement de devenir progressivement insurmontables.
 
La jeunesse du Mali n’attend qu’un peu plus de soutiens et d’encouragements pour prendre pleinement part à cette révolution.
 
Links
http://www.banquemondiale.org/fr/news/feature/2016/05/12/young-entrepreneurs-tackling-development-challenges-with-technology-win-the-maliappchallenge
https://www.facebook.com/maliappchallenge/
http://maliappchallenge.com/

Auteurs

Charles Hurpy

Senior Digital Development Specialist, World Bank

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