Éducation et développement économique : retour sur cinq réformes efficaces

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Les systèmes éducatifs ne sont tout bonnement pas à la hauteur des besoins économiques ni des attentes des parents. D’où l’importance de célébrer et prendre acte des succès importants obtenus dans certains pays [MPS1] . (Photo : Sofie Tesson / Taimani Films / Banque mondiale)

Tous les secteurs se réforment pour s’adapter à l’évolution des demandes de l’économie mondiale. Sauf un. L’éducation. Qui reste majoritairement un service public. Si ce n’est pas en soi un problème, cela signifie que l’État reste le maître du jeu, en termes d’offre, de financements et de réglementation. Aucune agence publique ne pourra jamais satisfaire les attentes — immenses — face à l’éducation. Comment s’en sortent les différents pays ?
Dans la plupart des cas, les systèmes (a) éducatifs échouent à impartir aux futurs travailleurs les compétences indispensables pour affronter la concurrence caractéristique des marchés du travail actuels. La Corée (a) fait exception, qui a engagé depuis longtemps une réforme des programmes et est parvenue à améliorer sensiblement les performances des élèves. Ce succès, le pays le doit à sa décision, saluée partout, de poser de solides jalons dès les premières années de scolarité et de s’appuyer sur le secteur privé pour élargir l’accès et développer les compétences recherchées. La Commission sur le financement de l’éducation (a) — qui réunit des chefs d’État, des ministres, des prix Nobel et des personnalités du milieu de l’éducation — félicite la Corée pour son efficacité et invite les autres pays à suivre la voie de « l’universalisme progressif » ouverte par ce pays d’Asie de l’Est.
 
Comme le démontre la publication (a) récente des résultats aux enquêtes internationales TIMSS (a) et PISA, la plupart des pays vont devoir améliorer de toute urgence leurs systèmes éducatifs. C’est évident dans les pays les moins performants comme dans les pays qui se situent à mi-chemin et tentent de refaire leur retard, mais également dans les pays les plus performants, parce que la nature même de l’économie évolue et, partant, les demandes de compétences liées à la « quatrième révolution industrielle » (a), pour reprendre l’expression du Forum économique mondial.
 
Non seulement les performances éducatives sont souvent médiocres mais les écarts sont importants et ne cessent de se creuser. Cela transparaît désormais dans la hausse du taux de rendement des études et l’aggravation des inégalités de revenus. Les systèmes éducatifs ne sont tout bonnement pas à la hauteur des besoins économiques ni des attentes des parents. Même dans les pays les plus performants, le niveau d’insatisfaction est élevé.
 
D’où l’importance de célébrer et prendre acte des succès importants obtenus dans certains pays. En voici cinq exemples : 

  • Pologne : la réforme engagée en 1999 a porté ses fruits puisque dès 2012, l’OCDE classait les enseignants polonais (a) parmi les meilleurs du monde. Une partie des mesures prises a consisté en une refonte du système éducatif qui a permis de retarder l’orientation vers les différentes voies d’études possibles. Les recherches (a) ont montré que ce changement a induit une nette hausse des résultats, propulsant la Pologne dans le haut du classement PISA.
  • Viet Nam : les résultats aux enquêtes PISA 2012 et 2015 ont surpris la planète entière, qui voyaient un pays à faible revenu se hisser devant la plupart des pays de l’OCDE. Les évaluations confirment l’efficacité des écoles primaires du pays : « Tandis que les élèves vietnamiens apprennent chaque année la même quantité d’informations pour les opérations les plus simples (addition et soustraction par exemple), ils sont nettement plus en avance quand il s’agit de les appliquer à des opérations plus complexes (multiplication, division et problèmes) » (ce billet de blog [a] vous en dira plus). Autrement dit, les écoles vietnamiennes sont plus productives pour inculquer un savoir. C’est d’ailleurs ce qu’a démontré aussi la transposition dans les classes du Viet Nam d’un modèle novateur venu de Colombie, l’Escuela Nueva (a).
 
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PIB par habitant en 2015 (ou dernière année disponible) comparé aux résultats en sciences pour l’enquête PISA 2015 Source (a)
  • Pakistan : grâce à un programme soutenu par la Banque mondiale (a), le pays a mis en place des écoles privées subventionnées (les Foundation Assisted Schools) dans la province du Pendjab. Géré par la Fondation pour l’éducation du Pendjab, un organisme intermédiaire semi-autonome, ce programme mobilise des fonds publics en faveur d’enfants défavorisés pour rendre l’accès à la scolarité plus équitable que s’ils restaient dans le système public de la province. Plusieurs documents (a) et articles (a) attestent de l’efficacité de ce dispositif en termes de couverture, d’intrants scolaires, de soutien aux enseignants et de résultats aux tests.
  • Mexique : un projet d’éducation compensatoire soutenu par la Banque mondiale (a) comportant un volet relatif à l’autonomie des écoles, qui permet aux établissements d’améliorer la qualité des prestations en donnant aux parents du pouvoir et des moyens matériels et d’expression, a fait l’objet d’une évaluation rigoureuse. Le premier projet de recherche (a) a mis en évidence un effet net sur les redoublements et l’échec scolaire. Les recherches suivantes ont voulu savoir si le fait de donner aux parents plus de contrôle sur les subventions aux écoles locales pouvait améliorer les résultats scolaires, surtout dans les communautés défavorisées. Des résultats préliminaires indiquent que le doublement des subventions aux associations de parents a un effet modeste sur la baisse du décrochage et l’amélioration des résultats aux examens. Mais au bout d’un an seulement, les élèves d’écoles dont l’association de parents avait bénéficié d’une formation amélioraient en moyenne leurs performances aux tests (a) par rapport aux élèves dont les parents n’avaient pas été formés. Ces progrès pourraient permettre à ces écoles d’obtenir des résultats meilleurs que la moyenne nationale et donc de se rapprocher des scores des pays de l’OCDE.
  • Papouasie Nouvelle-Guinée : les programmes de développement de la petite enfance et les investissements précoces dans la lecture se révèlent être deux outils très rentables. Au point que la lecture précoce devrait faire partie de toute tentative sérieuse de transformation des systèmes éducatifs. En Papouasie Nouvelle-Guinée, les évaluations ont montré que trop peu d’enfants étaient capables de lire en deuxième année. Un programme d’intervention ciblé dans le cadre d’un projet (a) soutenu par la Banque mondiale a permis de réduire sensiblement en une seule année scolaire le nombre d’enfants incapables de lire le moindre mot.
Cette amélioration de la lecture (d’environ un écart type plus ou moins égal à trois années de scolarité) a été constatée à travers une étude (a) randomisée réalisée dans une province du pays. Si le programme était généralisé à l’ensemble du pays, le système pourrait être radicalement transformé. D’autres pays obtiennent des résultats semblables — la Gambie, les Tonga, le Kenya et le Libéria notamment — et les nouvelles sont encourageantes.

Le fait d’améliorer les compétences en lecture dès les premières années permet de s’assurer que tous les enfants tirent une juste part des systèmes éducatifs. Comment quelqu’un qui n’a pas appris à lire dès son plus jeune âge peut-il ensuite apprendre les mathématiques, les sciences ou n’importe quelle autre matière ? Comment peut-il ensuite espérer bénéficier des retombées économiques et sociales induites par l’éducation et dont tout le monde connaît l’importance ? De toute évidence, cette personne sera totalement démunie dans l’économie numérique d’aujourd’hui.
 
Voici quelques-unes des leçons à tirer de la réussite de pays, notamment d’Asie de l’Est, qui seront évoquées plus en détail pendant la conférence de Jakarta (a) organisée dans quelques jours.
 
Pour suivre Harry Anthony Patrinos  sur Twitter : @hpatrinos .
 
Pour en savoir plus sur les activités du Groupe de la Banque mondiale dans le secteur de l’éducation, rendez-vous sur notre site web (a) et sur Twitter .
 

Auteurs

Harry A. Patrinos

Responsable au sein du pôle mondial d'expertise en Éducation de la Banque mondiale

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