Une simple invitation a suffi à provoquer une avalanche de réactions. Plus de 1 200 jeunes d’Asie du Sud ont répondu à notre appel, en nous faisant part de leurs solutions pour lutter contre les violences sexistes dans leur région. Le jury a eu la tâche délicate de désigner 10 lauréats parmi les quelque 60 finalistes, mais bien d’autres propositions de qualité ont été soumises. Voici quelques-uns des messages qui m’ont le plus touchée, mais qui n’ont pas été retenus.
Pour certains, 140 caractères n’ont pas suffi : ils ont exposé en détail les solutions qui leur semblaient justes.
Il faut avant tout sensibiliser et éduquer les hommes, en partant des premiers échelons de notre société. Ainsi, ils apprendront dès leur plus jeune âge que les femmes méritent le respect. Et deviendront de meilleurs pères, fils ou maris.
— Pallak Arora, Inde
Même si le concours était réservé aux jeunes de 18 à 25 ans vivant en Asie du Sud, nous avons reçu des contributions de personnes plus âgées et également d’autres pays.
On devrait imprimer « Respectez les femmes » sur tous les produits de grande consommation : des briques de lait aux paquets de cigarettes, en passant par les allumettes, l’eau minérale, le dentifrice ou les préservatifs…
— Rajib Roy, 46 ans, Inde
Éduquons les femmes pour qu’elles deviennent une force économique et sociale ; qu’elles soient en bonne santé ; qu’elles connaissent leurs droits ; qu’elles bénéficient au plus vite de la protection des lois contre les violences.
— Naresh Priyadarshi, 43 ans, Inde
L’enthousiasme avec lequel les participants au concours ont abordé cette question est pour moi source de motivation. Les contributions, qui mettent en avant l’importance de la place de chacun dans la société, font ressortir des thèmes communs aux sept pays concernés. Ainsi, beaucoup de messages exhortent les parents à inculquer des valeurs exemplaires à leurs enfants, à un âge où ils sont encore malléables. Ils s’adressent aussi aux gouvernants, afin qu’ils modernisent le système éducatif, en veillant à l’égalité des droits entre les garçons et les filles. Enfin, ils appellent souvent les hommes à respecter les femmes.
Toute femme est une mère, une sœur, une épouse ou une parente, et avant tout un être humain comme vous. Si vous voulez que les autres les respectent, respectez-les vous-mêmes et aidez-les à s’épanouir.
— Anonyme, Afghanistan
Les femmes sont par ailleurs encouragées à prendre davantage leur place dans la société et à prendre conscience de leur droit à l’éducation, à l’égalité et à un traitement équitable.
Pour que les femmes d’Asie du Sud volent de leurs propres ailes, la solution la mieux adaptée consiste à créer des opportunités d’emplois et leur donner une connaissance du marché.
— Zabihullah Buda, Afghanistan
Le rôle des autorités est aussi capital : les États doivent protéger les citoyennes des injustices sociales, punir les coupables et créer des emplois pour les jeunes.
Si les gouvernements veillent à l’application du droit, avec l’appui d’associations de défense des droits de l'homme, les femmes seront protégées et les violences à leur encontre diminueront.
-- Saiful Islam, Bangladesh
Quant aux organisations non gouvernementales et de la société civile, elles doivent offrir aux victimes un environnement sécurisant et organiser des campagnes de sensibilisation.
Vous les artisans du changement, faites du porte-à-porte et veillez à ce que les femmes et les enfants soient en sécurité et jouissent d’une vie saine et paisible, loin de toute violence sexiste.
— Jahanzaid Javed, Pakistan
De nombreux messages soulignent également le rôle de l’industrie du divertissement dans la représentation des femmes et la valeur qu’on leur accorde, qui altère la perception qu’ont les hommes des femmes dans la société.
La représentation médiatique des femmes et les qualificatifs utilisés ne devraient pas être de nature sexiste et destinés à les rabaisser.
— Mittal Chauhan, Inde
Et d’autres d’invoquer les effets positifs que susciterait précisément la défense de cette cause par des personnalités auxquelles la société s’identifie.
Si une majorité de hauts responsables publics, d’hommes politiques, de sportifs, de stars de cinéma et autres célébrités pouvait condamner publiquement les violences sexistes...
— Nadhiya Najab, Sri Lanka
Les idées lumineuses avancées par ces jeunes participants témoignent de la volonté de la génération montante à libérer l’Asie du Sud du fléau des violences faites aux femmes.
Les messages récompensés seront projetés sur grand écran le 18 avril, lors d’une table ronde sur les violences sexistes organisée dans le cadre des Réunions de printemps de la Banque mondiale.
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