On sait que l’épidémie d’Ebola a eu un impact dévastateur sur le plan de la santé, avec, à ce jour, 21 000 personnes infectées et 8 000 décédées. On connaît aussi ses effets sur l’économie de l’Afrique de l’Ouest : selon les dernières estimations de la Banque mondiale, la crise Ebola se chiffrera en 2015 à au moins 1,6 milliard de dollars de pertes de croissance pour la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone.
Mais que signifient ces chiffres et l’épidémie elle-même du point de vue des agriculteurs et des millions d’habitants qui en dépendent pour se nourrir ?
Par le biais de son Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (WAAPP), la Banque mondiale a permis à des équipes déployées sur le terrain d’effectuer un diagnostic de la situation de l’agriculture en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone. Les résultats de leurs enquêtes sont tout à fait alarmants. Les agriculteurs ont déserté leurs champs par peur de la contagion. Les mesures de quarantaine et de limitation des déplacements compliquent la tâche des agriculteurs alors qu’ils doivent constituer leurs équipes d’ouvriers, commercialiser leur production, préparer les plantations et s’approvisionner en semences. Il apparaît également que la faim pousse des familles à entamer des stocks de semences initialement destinés à la prochaine campagne. Tout cela a contribué à une pénurie de main-d’œuvre qui a entraîné l’abandon des récoltes, laissant des milliers de familles privées de nourriture.
En Guinée, 230 000 personnes souffrent de la faim, et ce chiffre pourrait grimper à 470 000 d’ici mars 2015. Au Libéria, près de 65 % des foyers agricoles redoutent que leur récolte ne soit inférieure à celle de l’année passée. En Sierra Leone, l’un des épicentres de l’épidémie, Kailahun, est aussi la région agricole la plus productive du pays.
Si la communauté internationale ne prend pas des mesures pour préserver les cultures et l’élevage dans ces trois pays, leur secteur agricole risque de s’effondrer, ce qui aura pour conséquence non seulement de paralyser un moteur de croissance essentiel (en Sierra Leone, l’agriculture représentait 50 % de l’économie en 2013) mais aussi de mettre en danger les moyens d’existence d’un très grand nombre de petits agriculteurs et de réduire à la faim jusqu’à un million de personnes.
Quelles actions faudrait-il mettre en place pour relancer le secteur agricole et éviter la famine dans les pays frappés de plein fouet par l’épidémie d’Ebola ?
Identifier ce dont les agriculteurs ont besoin : de quelle manière les agriculteurs (et leurs exploitations) sont-ils été affectés ? Quelles sont leurs difficultés au quotidien et de quoi ont-ils besoin pour remettre leur activité sur les rails ? La Banque a travaillé avec des équipes déployées dans différentes régions en vue de réaliser une évaluation des besoins sur le terrain. Il est utile de prendre connaissance des difficultés et des besoins auprès des principaux intéressés pour pouvoir concevoir et mettre en œuvre des solutions véritablement efficaces.
Monter des interventions d’urgence efficaces : ayant appris que les agriculteurs avaient surtout un besoin urgent de semences et d’engrais pour la période des semis, en avril, les équipes ont recherché des fournisseurs de semences et noué des partenariats pour multiplier l’offre de semences de base et organiser la distribution de semences et d’engrais en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone. Ils ont réglé les itinéraires des camions de semences avec les autorités douanières et frontalières pour permettre un passage rapide. Finalement, le projet a pour objectif de livrer 9 000 tonnes de semences certifiées et 1 500 tonnes de semences de base à 200 000 agriculteurs pour leur permettre de planter du maïs et du riz.
Planifier à long terme pour accompagner le rétablissement du secteur agricole : dans les pays touchés par l’épidémie d’Ebola, les agriculteurs doivent aussi remettre sur pied leurs actifs. Le Groupe de la Banque mondiale a mobilisé, à l’appui de ce processus, un financement d’urgence de 15 millions de dollars destiné à financer la distribution de semences. Mais les besoins ne s’arrêtent pas là : il faut cultiver la terre pour produire de la nourriture et aider les agriculteurs en leur permettant d’accéder à de meilleures semences et techniques agricoles ainsi qu’à des services de vulgarisation plus efficaces. L’ensemble de ces activités bénéficient de l’appui du WAAPP.
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