Publié sur Investing in Health

Les risques d'une crise sanitaire secondaire pour les femmes et les enfants : 3 choses à savoir

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Mothers receive family planning services provided by nurses at Primary Health Care Maraba, in Karu, Nigeria. Photo © Dominic Chavez / Global Financing Facility Mothers receive family planning services provided by nurses at Primary Health Care Maraba, in Karu, Nigeria. Photo © Dominic Chavez / Global Financing Facility.

1. Quels sont les enjeux pour les femmes et les enfants ?

Des millions de vies sont en danger car la COVID-19 perturbe de plus en plus l'accès aux services de santé essentiels et vitaux pour les femmes et les enfants dans les pays à revenu faible et intermédiaire de la tranche inférieure. Lorsque des systèmes de santé déjà fragiles s'adaptent pour répondre à une grave épidémie, le financement et les efforts déployés pour fournir des services de santé de routine aux femmes et aux enfants sont souvent détournés, compromis ou dépriorisés, ce qui a un impact dévastateur sur la santé et l'équité.

Des années de progrès au niveau mondial pour mettre fin aux décès maternels et infantiles évitables sont menacées si les services de santé essentiels tels que les consultations prénatales, les accouchements assistés, la vaccination des enfants et l'accès à la planification familiale ne sont pas protégés.

Les estimations publiées dans le Lancet suggèrent que, selon l’hypothèse où  la COVID-19 provoquerait les mêmes perturbations que lors de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l’Ouest, près de 1,2 million d'enfants et 57 000 mères pourraient mourir dans les six prochains mois – soit une augmentation de 45% de la mortalité infantile par rapport au niveau actuel.

Le Mécanisme de financement mondial (GFF), un partenariat piloté par les pays et hébergé par le Groupe de la Banque mondiale, s'est associé à  Reproductive Health Supplies Coalition (Coalition pour la fourniture des produits de santé reproductive) afin de mettre au point un outil permettant aux décideurs politiques de comprendre comment la COVID-19 et les mesures d'atténuation sont susceptibles d'affecter l'accès à la planification familiale. Grâce à cet outil, le GFF peut estimer que, sans mesures d'atténuation, jusqu'à 26 millions de femmes pourraient perdre l'accès à la contraception dans les 36 pays du GFF, ce qui entraînerait près de 8 millions de grossesses non désirées.

2. Que signale-t-on un peu partout dans le monde?

Les pays à revenu faible et intermédiaire de la tranche inférieure sont de plus en plus nombreux à signaler des perturbations importantes des services de santé essentiels vitaux. À partir de fin mars / début avril 2020, le GFF a commencé à mener des enquêtes qualitatives mensuelles rapides auprès de son personnel local basé dans ses 36 pays partenaires afin de faire le point sur l'évolution de l'impact de la pandémie de COVID-19 sur les services de santé et de nutrition essentiels pour les femmes, les enfants et les adolescents.

D'avril à juin 2020, ces enquêtes d’opinion rapides indiquent une progression constante de la perturbation de l'offre et de la demande de services de santé primaire et de nutrition essentiels - principaux moteurs de la récente réduction mondiale de la mortalité maternelle et infantile - tels que la planification familiale, les consultations pré et postnatales, les accouchements assistés, les vaccinations des enfants et autres soins vitaux. 

Au Liberia, par exemple, la crainte de contracter la COVID-19 empêche les parents d'emmener leurs enfants dans des établissements de santé. Au Ghana, certaines femmes enceintes et mères allaitantes ont choisi de reporter les consultations prénatales et les vaccinations de routine par crainte de contracter le virus. Au Bangladesh, certains hôpitaux ne reçoivent plus que des patients atteints de COVID-19 et orientent les autres patients vers d'autres hôpitaux.

3. Quelles sont les mesures à prendre?

Le GFF préconise que la protection des services de santé essentiels pour les femmes et les enfants soit un élément central de la réponse face à la COVID-19 et des efforts de reprise. L’impact de la COVID 19 sur les femmes, les enfants et les adolescents dans les pays à revenu faible et intermédiaire de la tranche inferieure n’en est qu’à ses prémices. Des investissements plus importants et de meilleure qualité pour créer des systèmes de santé plus solides sont nécessaires pour sauver des vies dès maintenant, empêcher le recul des progrès récents dans la réduction de la mortalité maternelle et infantile et garantir que chacun, partout, puisse avoir accès à des soins de santé sûrs, de qualité et abordables.

Alors que les cas de COVID-19 continuent à augmenter dans le monde entier, avec le risque potentiel d'une crise sanitaire secondaire, la faiblesse du système de santé de tout pays - qui n'a pas la capacité de mettre fin à cette pandémie et à la suivante - pose un risque sanitaire et économique pour tous les pays.

Des systèmes de santé plus solides et plus équitables sont essentiels pour mettre fin aux décès évitables de femmes, d'enfants et d'adolescents - la mission principale du GFF - et constituent également les pilliers d'une préparation, d'une réponse et d'une reprise plus efficaces en cas de pandémie.

Le GFF aide ses pays partenaires à obtenir de meilleurs résultats en matière de santé pour les femmes, les enfants et les adolescents en accordant la priorité aux investissements dans des interventions sanitaires éprouvées à fort impact, ainsi qu'à des efforts ciblés pour renforcer les systèmes de santé, améliorer les soins de santé primaires et promouvoir un financement national durable.


Auteurs

Monique Vledder

Practice Manager for the Global Health, Nutrition and Population

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