Les personnes déplacées internes (PDI) sont parmi les plus vulnérables, les femmes et les enfants étant confrontés à des risques accrus de problèmes de santé et de nutrition.
L'escalade de la violence par les groupes armés en Haïti a aggravé une situation économique et sociale déjà critique. De nombreux quartiers de la capitale, Port-au-Prince, sont plongés dans une violence extrême, aggravant les difficultés rencontrées par d'innombrables familles et enfants qui n'ont pas accès aux services de base, y compris l'eau potable, l’assainissement et l'hygiène.
Les données les plus récentes sur les déplacements révèlent que le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI) a considérablement augmenté en raison de la récente escalade de la violence. En juin 2024, l'Organisation Internationale des Migrations (OIM) estimait que près de 580.000 personnes avaient été déplacées en Haiti, dont 186.000 dans la région de Port-au-Prince. La majorité de ces personnes déplacées trouvent refuge dans des sites publics improvisés (61 %), tandis que les autres sont hébergées par des familles d'accueil (39 %). Les PDI exercent une pression énorme sur les ressources déjà limitées des communautés d'accueil ainsi que sur les infrastructures et services sociaux existants.
Les PDI sont parmi les plus vulnérables. Les femmes et les enfants sont confrontés à des risques accrus de problèmes de santé et de nutrition. Les risques de choléra sont également une préoccupation croissante.
Type de sites de déplacement dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Source: IOM
Le Projet d'Approvisionnement en Eau et d'Assainissement Rural Décentralisé, Durable et Résilient financé par la Banque mondiale soutient l’amélioration des conditions de vie et de bien être des personnes déplacées à Port-au-Prince par le biais d’un accord entre la Direction Nationale de l’Eau Potable et de l’Assainissement (DINEPA) et l’UNICEF, visant à assurer un approvisionnement satisfaisant en eau potable, des conditions sanitaires de base améliorées et une hygiène adéquate.
À ce jour, le Projet est intervenu sur 18 sites différents ; un million de litres d'eau potable ont été distribués à 22.000 personnes déplacées pendant une période de trois mois ; 400 personnes ont été formées à la chloration des points de stockage et de distribution d’ eau ; les toilettes existantes ont été réhabilitées ; des toilettes supplémentaires ont été installées ; des douches séparées pour les hommes et les femmes ont été construites ; des points de lavage des mains avec du savon ont été installés et 3.665 personnes ont bénéficié de kits d'hygiène. Il a été également mis en place la gestion des déchets solides pour assurer la salubrité des sites.
Le Projet renforce également le Département de Réponse aux Urgences de la DINEPA pour améliorer ses capacités à mieux répondre aux catastrophes naturelles et humaine dans un pays où près de 96 % de la population est considérée à risque. En soutenant la réponse rapide aux urgences et en renforçant les capacités institutionnelles de la DINEPA, le Projet établit un lien entre les interventions humanitaires et le développement, permettant ainsi au gouvernement d'aider et de protéger les populations déplacées à l'intérieur du pays.
À l'échelle mondiale, répondre aux besoins des PDI et des communautés d’accueil est une question de développement directement liée à la mission de la Banque mondiale, en collaboration étroite avec les partenaires de développement et les agences des Nations Unies impliquées dans l'aide humanitaire. La Banque mondiale s'engage de plus en plus dans la recherche, la collecte de données et des projets d'investissement en faveur des PDI. Entre 2000 et 2019, la Banque mondiale a financé 85 projets dans le monde où les PDI étaient soit les bénéficiaires directs, soit leur présence au sein d'une communauté un critère de sélection des interventions.
La feuille de route d'évolution de la Banque mondiale fixe les priorités et objectifs pour 2030. S'attaquer aux causes et aux impacts des déplacements de population est essentiel pour atteindre un monde sans pauvreté dans une planète vivable. Il est estimé que 40 % des pauvres dans le monde vivent dans des situations de fragilité et de conflit. Selon le FMI, ce chiffre pourrait atteindre 60 % d'ici 2030. Le nouveau tableau de bord de la Banque mondiale (2024) inclut l'indicateur n°14 « millions de personnes déplacées et de personnes dans les communautés d'accueil ayant accès à des services et des moyens de subsistance ». La région Amérique latine et Caraïbes (LCR) contient 28 % des personnes déplacées dans le monde, et parmi celles-ci, Haïti représente 18 %.
Le soutien du Projet aux populations déplacées internes par la violence marque une étape cruciale dans la réponse aux besoins urgents des communautés touchées. Il contribue à l'objectif plus large de développement durable et de stabilité en Haïti, renforçant l'engagement de la Banque mondiale à soutenir les populations vulnérables dans des contextes de fragilité et de conflit.
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