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Autonomisation des femmes et des filles au Togo : célébrer le chemin parcouru et celui à accomplir

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Il est important de célébrer les progrès – et il y en a à célébrer. Utilisons cette énergie positive pour nous attaquer aux nombreux défis qui restent à relever. Nous avons vu qu'il était possible d'avancer sur cette question au Togo, alors ne nous arrêtons pas en si bon chemin.
Représentante d'une OSC
Réunion de lancement du rapport de la Banque mondiale sur le genre et la pauvreté et SWEED+, novembre 2023


Quels sont les « progrès » à célébrer ? Il y en a un certain nombre

Selon le récent rapport Disparités de Genre et Pauvreté - Document d’Information pour l’évaluation de la pauvreté et de la situation du genre au Togo 2022, sur de nombreux aspects de l'égalité entre les sexes, le pays obtient de meilleurs résultats que ses pairs régionaux. Le Togo affiche l'un des plus bas taux de mortalité maternelle de la région (399 morts pour 100 000 naissances en 2020), à mettre en rapport avec la moyenne pour l'Afrique subsaharienne de 536 décès  (WDI 2020). Par ailleurs, le taux d'acceptation des violences faites aux femmes parmi les femmes âgées de 15 à 49 ans (28,7 %, Fig.1) est en-dessous des taux enregistrés dans les pays pairs, notamment au Bénin (31,8 %), au Sénégal (39,1 %), au Burkina Faso (43,5 %), en Côte d'Ivoire (47,9 %), en Guinée (67,2 %), au Tchad (73,5 %), et au Mali (79,4 %). Les filles togolaises sont également moins susceptibles que leurs homologues de la région de tomber enceintes au cours de leur adolescence (Fig. 2) comme l'indique un taux de fertilité des adolescentes de 88,3 naissances pour 1 000 femmes âgées de 15 à 19 ans, comparé à 99,6 naissances en moyenne pour la région d'Afrique subsaharienne. 

 

Proportion de femmes qui pensent qu'un mari est en droit de battre sa femme, au Togo et dans la région (%)
Source : EHCVM 2021/2022

 

De plus, le Togo a accompli des progrès rapides. L'utilisation de moyens de contraception chez les femmes mariées âgées de 15 à 49 ans a presque doublé entre 1988 et 2018, passant de 12,1 % à 21,5 % . En matière d'éducation, l'écart entre les sexes dans la part de la population n'ayant aucune instruction est significativement plus faible parmi les plus jeunes cohortes (Fig. 3). De la même façon, les cohortes plus jeunes sont plus susceptibles que les générations plus âgées d'avoir achevé des études secondaires (figure 4) tandis que l'écart entre les sexes est également plus faible parmi les plus jeunes.  

 

Part de la population togolaise âgée de 15 ans et plus sans éducation, par groupe d'âge, 2021 (%)
Source : EHCVM 2021/2022

 

Le Togo affiche l'un des taux de participation des femmes à la vie politique les plus élevés de la région : la part de sièges au parlement national occupés par des femmes a considérablement augmenté, passant de seulement 1,2 % en 1997 à 18,7% en 2020 ; un résultat probable de la révision de la loi électorale de 2013, exigeant que les listes de candidats incluent un nombre égal de femmes et d'hommes. Le Togo a aussi récemment mis en place un nombre important de réformes juridiques pour garantir les droits des femmes et s'attaquer à la discrimination basée sur le genre. Dernièrement, les amendements apportés au code pénal à travers la loi pour l'égalité des sexes ont renforcé la protection contre les violences basées sur le genre (VBG) et incluent des révisions au code de la famille (donnant des droits égaux au divorce et au remariage). De même, la loi sur la protection des apprenants contre les violences sexuelles (décembre 2022) criminalise les VBG en milieu scolaire, et définit également les procédures de prévention ainsi que les mesures de soutien aux victimes. 

Malgré ces avancées, il reste beaucoup à accomplir

La participation des femmes togolaises à la vie active reste bien inférieure à celle des hommes, et la majorité de leurs postes sont informels et vulnérables. Elles apparaissent également défavorisées en matière d'accès à la propriété foncière, aux actifs productifs et aux finances. Les adolescentes et les jeunes femmes en particulier n'ont encore que de faibles chances de terminer leurs études secondaires et de retarder la formation prématurée d'une famille. Bien que les filles soient plus nombreuses que les garçons à l'école primaire, l'écart entre les sexes dans les inscriptions est à la faveur des garçons dans tous les niveaux suivants du système éducatif, et les chances pour les filles d'achever leur éducation secondaire restent bien plus faibles que pour les garçons. Par ailleurs, les taux de mariages d'enfants et de grossesses adolescentes, bien que plus faibles que dans la plupart des pays voisins, demeurent très élevés. 

... et les efforts sont déjà en cours !

La publication du rapport coïncide avec le lancement officiel du projet pour l'autonomisation des femmes et le dividende démographique en Afrique subsaharienne (SWEDD+) financé par la Banque mondiale. Ce nouveau projet régional devrait contribuer à prolonger les efforts déployés par le Togo pour atteindre ses objectifs en matière d'égalité entre les sexes. Il vise à s'attaquer directement à certains des enjeux identifiés dans le rapport : améliorer l'accès à l'apprentissage des filles et des femmes, les opportunités économiques et l'utilisation des services de santé, ainsi que le renforcement des capacités institutionnelles du Togo en matière d'égalité entre les sexes. Le projet devrait bénéficier directement à plus de 105 000 filles et femmes vulnérables à travers le pays, par le biais d'interventions au niveau des communautés, notamment par le biais d'aides aux frais de scolarité, de cantines scolaires, de services d'aide aux victimes de VBG et de formations professionnelles. Et bien d'autres femmes, hommes, enfants et autres parties prenantes, comme les chefs religieux et traditionnels, bénéficieront aussi du projet à travers des activités supplémentaires.  

Le rapport sur la disparité de genre a offert une base analytique à l'appui de la Banque mondiale au Togo pour mettre en œuvre des réformes politiques visant à une plus grande égalité entre les sexes. Des réformes mises en œuvre grâce à la série de financements à l'appui des politiques de développement de la Banque mondiale au Togo, qui ont soutenu la loi mentionnée plus haut pour protéger les apprenants des violences sexuelles et fixer également de nouvelles normes et directives pour l'aide aux victimes de VBG. 

Poursuivons la célébration de ce qui a été accompli et les premiers pas sur le chemin restant à parcourir, pour atteindre l'autonomisation des femmes et des filles au Togo. L'objectif est ambitieux mais les étapes déjà accomplies le sont tout autant.


Auteurs

Miriam Muller

Spécialiste des sciences sociales, pôle Pauvreté et équité, Banque mondiale

Jozefien Van Damme

Chargée principale des opérations, santé, nutrition et population, Afrique de l’Ouest et du Centre, Banque mondiale

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