Les violences de genre sont encore très fréquentes au Rwanda et les femmes en sont toujours les principales victimes. Pourtant, le pays est réputé pour être à l’avant-garde de la lutte contre ce fléau. En effet, des politiques et stratégies innovantes ont été mises en œuvre par le gouvernement pour éliminer les violences de genre et promouvoir l’égalité des sexes à tous les niveaux de la société.
La complexité du problème des violences contre les femmes au Rwanda découle du système de patriarcat, lui-même ancré dans nos conceptions culturelles/religieuses. Elle est également enracinée dans un terreau social qui crée des normes de genre et des relations de pouvoir inégalitaires. Dans le combat contre les violences de genre, la prévention est encore aujourd’hui la meilleure arme. La sensibilisation doit débuter dès le plus jeune âge au sein des familles et des écoles pour s’assurer que les parents et les enseignants promeuvent les valeurs d’égalité entre hommes et femmes, tout en remettant en question les normes discriminatoires. Pour les enfants et les jeunes adultes, l’éducation par les pairs devrait être au cœur du processus de prévention et l’organisation de débats sur ces sujets devrait être davantage encouragée.
Une partie du problème des violences de genre réside dans le fait que la plupart des victimes ne portent pas plainte, parfois par simple ignorance de leurs droits. Les autorités ont mis en place des mécanismes pour encourager les victimes à dénoncer les violences, à l’image de l’initiative Isange one stop centres (a), des centres d’accueil où elles reçoivent des soins médicaux, psychologiques et qui leur proposent une assistance juridique. Il faut par conséquent que tous les agents en contact avec les victimes soient formés à la lutte contre les violences de genre, en particulier le personnel médical qui est en général le premier point de contact des victimes.
Pour accroître l’efficacité de ces mécanismes, il faudrait renforcer la lutte contre la culture du silence, profondément enracinée dans la société rwandaise tout entière. L’un des moyens pour y parvenir est de continuer à inciter les victimes à témoigner et à raconter ce qu’elles ont vécu.
De nombreux Rwandais sont croyants et pratiquent leur foi au sein d’organisations religieuses. Aussi le gouvernement œuvre-t-il en étroite collaboration avec ces structures, qui constituent une tribune idéale pour promouvoir l’égalité des sexes et lutter contre les violences de genre. Cependant, certains chefs confessionnels cautionnent encore les comportements susceptibles de déboucher sur des violences de genre, c’est pourquoi il est essentiel de mieux contrôler les enseignements religieux.
Il est tout aussi essentiel d’utiliser la bonne terminologie. Par exemple, les termes « violences faites aux femmes » et « violences de genre » sont souvent confondus, ce qui contribue à rendre invisible les violences faites aux hommes, moins répandues mais qui existent bel et bien. Nous devons admettre qu’il y a aussi des victimes masculines, des hommes particulièrement stigmatisés qui éprouvent une telle honte qu’ils s’enferment dans le silence. Le bon usage des termes permettra en outre de faire comprendre que, puisque les violences de genre ne se limitent pas aux femmes, combattre ce problème est l’affaire de tous. Cela facilitera aussi un dialogue sur le fait que des hommes peuvent aussi être victimes de violences perpétrées par des femmes, même si ces cas sont moins fréquents. Les initiatives incitant les hommes à s’impliquer dans la lutte en remettant en question leurs propres comportements doivent encore et toujours être encouragées.
Le combat contre les violences de genre doit être mené en parallèle de la promotion de l’égalité des sexes. Et le gouvernement n’est pas le seul à devoir veiller à ce que ce type de violences soit éliminé : c’est au contraire le rôle de tous les citoyens, chacun doit se sentir concerné et agir pour y mettre fin.
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