À Madagascar, une route boueuse marquée par des nids de poule géants peut paralyser les voitures pendant des jours. Pendant des années, le mauvais état de la route nationale 44 (RN44), la principale route menant à la région d'Alaotra Mangoro, a empêché les citoyens d'obtenir les soins médicaux dont ils avaient besoin, et a freiné la productivité et le potentiel agricoles pour lesquels cette région est connue. Les camions et cars bloqués étaient également la cible d'embuscades, rendant le voyage aussi dangereux qu'ardu.
Les réseaux routiers de Madagascar figurent parmi les moins développés au monde. La densité routière n'est que de 5,4 km par 100 km2, et la plupart de ses routes nationales et locales sont en terre battue et en mauvais état. Son indice d'accessibilité rurale (mesuré par la part de la population rurale qui vit à moins de 2 km d'une route praticable en toute saison) est de 11,4 %, parmi les plus faibles au monde, ce qui signifie que 17 millions d’habitants ruraux malgaches ne sont pas connectés.
De plus, le pays, et en particulier son infrastructure routière, est très vulnérable aux cyclones. En 2019, après le passage du cyclone Idai et pour son premier voyage à l'étranger, le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass, s'est rendu à Madagascar et a discuté des priorités de développement avec le chef de l’Etat et le gouvernement, parmi lesquelles le secteur des routes et des transports, et en particulier la RN44, a été identifié comme une priorité essentielle. En novembre 2019, le Conseil d’administration de la Banque mondiale a approuvé le Projet d’appui à la connectivité des transports, d'un montant de 140 millions de dollars, pour réhabiliter 148 km et deux ponts le long des routes nationales RN44 et RN12A ; et 500 km de routes locales à proximité des deux routes pour assurer l'accès au dernier kilomètre aux villages voisins. Ce projet finance également la mise en place de kiosques d'information numérique le long des routes principales afin de permettre aux agriculteurs d'accéder en temps réel aux prix et à la demande des marchés. Ensemble, la connectivité physique et numérique permettra aux communautés rurales de vendre leurs produits plus rapidement et à des prix plus élevés.
La construction d’n tronçon de 40 km de la RN44 est désormais achevée, ce qui a permis de réduire le temps de trajet entre Marovoay et Vohidiala de huit à trois heures. Les agriculteurs sont déjà heureux de constater une augmentation de leurs prix maintenant qu'ils peuvent facilement atteindre Ambatondrazaka, la capitale de la région, où ils peuvent fixer de meilleurs prix pour leurs produits. Ce qui ne coûtait que 400 ariary par kilo peut désormais être vendu plus de trois fois plus cher. Pendant ce temps, les travaux de la phase 2 de la RN44, un tronçon de 73 km, sont en cours et devraient être achevés en juillet 2023, tandis que les travaux de la RN12A viennent de commencer. Une fois achevé, le projet devrait bénéficier à 600 000 personnes et réduire le temps de trajet entre Fort-Dauphin et Vangaindrano de 24 heures à 8 heures. Il devrait également améliorer l'accès routier à 125 écoles et 45 centres de santé, et doubler la production agricole de certains produits comme le litchi.
Nous savons qu'investir dans la connectivité des transports est essentiel pour développer les économies rurales et améliorer les moyens de subsistance des populations rurales. Nous pouvons voir comment la vie des citoyens a changé, et plusieurs études ont montré les liens étroits entre l'amélioration de la connectivité des routes et des transports, et la croissance économique et la réduction de la pauvreté.
C'est la raison pour laquelle la Banque mondiale a décidé de débloquer les investissements dans le secteur, qui se sont considérablement accrus au cours des deux dernières années : le portefeuille de la Banque pour les routes et les transports à Madagascar s'élève maintenant à 740 millions de dollars, avec le Projet de connectivité pour l'amélioration des moyens de subsistance en milieu rural (140 millions de dollars) approuvé en 2019, le Projet de durabilité du secteur routier - RSSP (200 millions de dollars) approuvé en 2021, et le Projet de connecter Madagascar pour une croissance inclusive (400 millions de dollars) récemment approuvé en mars 2022.
En outre, la Banque aide actuellement le gouvernement à développer son secteur des transports dans le cadre d'une vision multimodale à long terme, en ciblant les investissements sur les zones les plus pauvres et les plus touchées par la famine afin de fournir un accès et une connectivité essentiels, tout en améliorant la résilience aux chocs climatiques. Ces projets sont également conçus avec la flexibilité nécessaire pour répondre rapidement aux urgences : cette année, Madagascar a dû faire face à quatre tempêtes et cyclones dévastateurs, qui ont affectés plus 500,000 personnes, et la Banque se prépare actuellement à réaffecter 100 millions de dollars pour répondre aux besoins urgents de reconstruction des infrastructures (routes, ponts, électricité et chemins de fer).
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