Publié sur Nasikiliza

COP 21 : faire entendre la voix des jeunes

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Selon Nelly Alemfack, centre, « Les jeunes Africains doivent se mobiliser et se rassembler pour faire pression sur leurs gouvernements » afin qu'ils s'engagent davantage dans la lutte contre le changement climatique. 

Ce n’est un secret pour personne, la Terre se réchauffe. En tant qu’Africaine née au Cameroun, j’ai pu constater personnellement les effets dévastateurs de ce réchauffement et je n’ignore pas les dangers auxquels mon continent et mes compatriotes sont exposés en l’absence de mesures fortes pour faire baisser les températures. Les solutions et les actions concrètes existent mais elles ne suffiront pas. Pour gagner la bataille contre le réchauffement planétaire, il est indispensable que les jeunes et les futures générations s’approprient ces solutions.

J’ai décidé de m’engager dans la lutte contre le changement climatique en lançant l’organisation des Jeunes volontaires pour l’environnement au Cameroun. Nous œuvrons au développement d’initiatives qui placent les jeunes et les populations locales au centre des stratégies d’adaptation au changement climatique. Nous promouvons par exemple l’accès à des foyers de cuisson améliorés et aux énergies renouvelables (c’est le projet Clean Energy for Africa), ou encore, dans le cadre du projet Energy and Climate Education, des programmes de sensibilisation dans les écoles afin d’inculquer des comportements écoresponsables chez les jeunes enfants et de faire en sorte que ces jeunes deviennent les futurs ambassadeurs de la protection de la planète. Grâce à ces initiatives, et à nos antennes situées à Yaoundé, Douala, Mbalmayo, Buéa et Bafia, nous avons permis à un grand nombre de personnes de comprendre les conséquences du changement climatique et les solutions possibles pour y remédier.

Le gouvernement camerounais est lui aussi très engagé dans l’adaptation au changement climatique : il a créé l’Observatoire national sur les changements climatiques, axé sur la recherche, et établi un plan national d’adaptation au changement climatique. Il utilise également les ressources du mécanisme des Nations Unies pour la réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD+) pour juguler le déboisement en consultation avec les populations autochtones, dont il s’agit d’assurer le bien-être à travers l’usage des terres forestières. Le Cameroun a également fait part de son intention de réduire ses émissions de carbone de 32 % d’ici 2035.

Mais ces efforts ne seront pas suffisants. Les jeunes Africains doivent se mobiliser et se rassembler pour faire pression sur leurs gouvernements et faire entendre leur voix sur la scène internationale. C’est précisément l’objet de la Conférence de la jeunesse (ou COY, pour Conference of Youth), qui réunit des jeunes militants du monde entier en amont des conférences sur le climat organisées par l’ONU. La 11e édition, qui s’est déroulée avant la COP 21, a permis à ces jeunes de proposer leurs solutions et meilleures pratiques, et de les transmettre aux délégations en charge des négociations. J’ai participé à la COY 11 et j’ai tout fait pour que les recommandations de la jeunesse relatives à la gestion des ressources en eau, à la gestion des risques de catastrophe et à la résilience climatique (à savoir mes domaines d’expertise) soient entendues. Et elles l’ont été.

Notre groupe a présenté un rapport à Michaëlle Jean, secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie, Ségolène Royal, ministre française de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, et Annick Girardin, secrétaire d’Etat au Développement et à la Francophonie. Ce rapport, réalisé avec le soutien de l’Office franco-québécois pour la jeunesse, a été rédigé par une délégation de 52 jeunes âgés de 17 à 35 ans et originaires de 17 pays (Burkina Faso, Togo, Bénin, France, Cameroun, Canada, Haïti, Tunisie, Tchad, Maroc, Cabo Verde, Mali, Comores, Ukraine, Sénégal, Mauritanie et Madagascar). Ses recommandations en matière de gestion des ressources hydriques sont classées en quatre thèmes prioritaires : le partage de l’eau, l’eau et la santé, l’eau et l’agriculture, l’eau et les aléas climatiques.

Même si elle figure parmi les priorités mentionnées au titre des mesures d’adaptation, la gestion des ressources en eau ne constitue pas encore un aspect majeur des négociations sur le changement climatique. Nous espérons que notre action de plaidoyer contribuera à braquer les projecteurs sur cet enjeu et à en faire une priorité dans la lutte contre le changement climatique, aussi bien dans le cadre de la prochaine COP que dans celui des politiques et stratégies nationales. Lors de la remise du rapport, Mme Royal a déclaré : « Les États insulaires vont disparaître si on ne fait rien. La question de l’élévation du niveau de la mer et celle de la gestion de l’eau doivent être intégrées d’urgence aux discussions et aux négociations sur le changement climatique ».

À Paris, la COP 21 a débouché sur une avancée historique : les pays ont reconnu la réalité du changement climatique en signant un traité international contraignant sans précédent. J’ai eu le sentiment que les dirigeants du monde entier pensaient finalement aux générations futures et à nous, les jeunes ! Et cela renforce ma motivation pour poursuivre mes efforts et rallier de nombreux jeunes Camerounais. Certes, l’accord de Paris n’est pas à la hauteur de ce que j’en attendais : alors même que l’eau est au centre de la lutte contre le changement climatique, le texte ne contient pas de mention explicite à la gestion des ressources hydriques. En outre, il sera très difficile de garantir que cet accord réponde aux besoins des régions du monde les plus vulnérables et contienne le réchauffement mondial sous le seuil de 1,5 °C. Mais nous devons essayer. Notre avenir dépend de notre engagement à préserver les ressources précieuses de notre planète.


Auteurs

Nelly Diane Alemfack

Directeur exécutif de l’organisation Jeunes volontaires pour l’environnement au Cameroun

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