En 2020, Djibouti, l’Éthiopie, le Kenya et la Somalie ont enregistré globalement une croissance de 0,88 %, malgré les conditions particulièrement défavorables et le séisme économique provoqués par la pandémie de COVID-19 (coronavirus). La situation à venir ne sera pas simple, au vu de la grande diversité des profils de croissance, des fragilités sous-jacentes et des risques importants auxquels sont confrontés ces pays. Conscients des menaces mais animés par un optimisme prudent, les ministres des Finances des États membres de l’Initiative pour la Corne de l’Afrique (a) se sont réunis par vidéoconférence le 31 mars 2021 afin de conforter les avancées obtenues sur le plan de l’intégration régionale au service d’une meilleure résilience.
L’Initiative pour la Corne de l’Afrique a fait de la mobilisation de capitaux en appui à la connectivité et à la création de débouchés l’une de ses priorités. Sur l’enveloppe prévue de 15 milliards de dollars, une première tranche de 3,3 milliards a été débloquée par la Banque africaine de développement (BAD), l’Union européenne (UE) et la Banque mondiale pour accompagner la création de couloirs économiques régionaux, le commerce de l’énergie, l’économie numérique, la facilitation des échanges, la surveillance épidémiologique et la lutte antiacridienne. La Banque mondiale s’est ainsi associée à la BAD pour développer l’axe régional Isiolo/Mandera, avec un financement de 750 millions de dollars au titre du projet de désenclavement de la Corne de l’Afrique. Elle a approuvé un projet d’urgence pour la riposte aux invasions acridiennes reposant sur une approche-programme à phases multiples d’un montant de 500 millions de dollars, afin d’aider les pays de la région victimes de ce fléau. De son côté, l’UE a débloqué 88 millions de dollars pour la lutte contre les criquets pèlerins et 45 millions de dollars pour l’harmonisation des dispositifs commerciaux entre Djibouti et l’Éthiopie. En 2021, la BAD accorde la priorité à la mise en œuvre de trois projets, pour un montant estimé à 500 millions de dollars. Avec cette institution, la Banque mondiale a mobilisé environ 600 millions de dollars pour le déploiement d’un second réseau d’interconnexion électrique entre l’Éthiopie et Djibouti et de lignes entre l’Éthiopie et la Somalie. L’Initiative bénéficie de la vaste expérience et des apports techniques de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).
Ces interventions contribuent à resserrer les liens et la connectivité dans la Corne de l’Afrique, au service de la création d’emplois, de la réduction des risques émergents et du renforcement de la résilience. Les axes routiers interconnectés, l’accès à l’énergie et les systèmes numériques sont autant de catalyseurs des échanges commerciaux ; ils aident les entreprises à réduire leurs frais généraux et les rapprochent des chaînes de valeur régionales et mondiales. Les investissements dans les filières agricoles et pastorales favorisent le développement des moyens de subsistance et apportent de l’activité et des services dans les zones frontalières oubliées. Enfin, et surtout, ces interventions ont un effet d’entraînement sur la croissance et le développement, dans des marchés largement sous-desservis, et contribuent à remédier aux fortes inégalités au sein de la sous-région.
Les pays membres de l’Initiative pour la Corne de l’Afrique s’emploient à approfondir l’intégration régionale avec le soutien d’un nouveau fonds fiduciaire multidonateurs de 30 millions d’euros, abondé par l’UE et administré par la Banque mondiale. Les activités prévues dans ce cadre permettront d’accélérer la concrétisation de propositions en projets viables sur le terrain. Le fonds fiduciaire offre aux donateurs un véhicule simple pour accompagner des projets dans le cadre de l’Initiative pour la Corne de l’Afrique. Son entrée en vigueur est déterminante pour mobiliser d’autres partenaires du développement afin de financer le solde de l’enveloppe de financements prioritaires de 15 milliards de dollars.
Les États membres de l’Initiative pour la Corne de l’Afrique étudient également des solutions innovantes pour affronter les conséquences économiques et sanitaires de la pandémie de COVID-19, gérer les sécheresses et d’autres crises climatiques et apporter un soutien aux populations déplacées. Plusieurs ateliers leur ont permis de définir ensemble les actions communes prioritaires, offrant une plateforme de coopération active malgré le poids de la crise. L’Initiative a par ailleurs privilégié les aspects moins tangibles de ce partenariat, comme l’harmonisation des politiques dans le but d’obtenir des retombées réelles, indispensables pour améliorer les performances et la résilience de la région.
Les pays membres de l’Initiative pour la Corne de l’Afrique s’emploient à rendre la région plus interconnectée, plus intégrée et plus résiliente. Le Soudan, qui participait en tant que simple observateur, devrait rejoindre formellement l’initiative à l’automne, confortant un peu plus le potentiel et l’impact de cette alliance régionale.
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