Publié sur Nasikiliza

Croire en l’avenir : un voyage édifiant dans les villages guinéens

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Lancinet Keita. Photo : Mamadou Bah

J’ai récemment eu la possibilité de me rendre dans le Fouta-Djalon, une région du Nord de la Guinée, aux côtés de l’équipe chargée de mettre en œuvre un projet axé sur le développement de filets sociaux productifs visant à autonomiser économiquement les personnes vulnérables. Il s’agissait de lancer les activités de travaux publics à haute intensité de main-d’œuvre (THIMO) prévues dans le cadre du projet. C’était ma première visite de terrain depuis mes débuts à la Banque mondiale. Ce voyage à travers le pays m’a permis de voir de mes propres yeux l’extrême pauvreté. On en entend parler et on lit beaucoup de choses dessus, mais, là, j’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui y sont confrontées tous les jours. Je parle de chance, car cette expérience a été pour moi une leçon d’humilité, elle a renforcé ma détermination et rendu d’autant plus nécessaire le récit du quotidien de ces populations, de leurs luttes permanentes et de leurs accomplissements.

En 2012, la pauvreté touchait plus de la moitié (55 %) des habitants de la Guinée, mais ce pourcentage a probablement augmenté sous l’effet de la crise Ebola et de la stagnation de l’économie en 2014 et 2015. Cette pauvreté se concentre fortement dans les zones rurales, où son incidence reste bien plus élevée (65 % en 2012) que dans les centres urbains (35 %). Le manque d’infrastructures, de perspectives économiques et d’accès à l’éducation fait largement obstacle au développement de ces zones.

Le pays est aux prises avec d’importants problèmes de développement. Et le fait qu’il nous ait fallu plus de quatre heures pour parcourir 65 kilomètres en témoigne singulièrement... La Banque mondiale, en collaboration avec les autorités guinéennes, déploie le projet de filets sociaux productifs dans les quatre régions « naturelles » du pays. Sur les 171 micro-projets de THIMO, pas moins de 47 sont mis en place pour lutter contre la pauvreté ; ils permettront d’améliorer le quotidien de plus de 5 000 ménages, qui seront rémunérés en échange de leur participation à des travaux d’entretien, d’assainissement et de remise en état des infrastructures locales.

Les micro-projets

Ces micro-projets, dont le coût global s’élève à 1,1 million de dollars, seront réalisés en 60 jours de travail, et chaque travailleur percevra une rémunération journalière de 30 000 francs guinéens (GNF), soit un total de 1,8 million de GNF (environ 200 dollars) au terme du programme. Sachant que le salaire mensuel minimum en Guinée est de 440 000 GNF (soit une cinquantaine de dollars), il s’agit d’une somme importante, qui peut avoir un impact sur les conditions de vie du bénéficiaire si celui-ci en fait bon usage.

Afin d’inciter les ménages à mieux utiliser leur revenu, les travailleurs sont encadrés par des comités villageois et reçoivent une formation pratique, notamment pour apprendre à gérer un budget.

Depuis 2014, 4,2 millions de dollars ont été versés à plus de 32 000 bénéficiaires, pour 219 micro-projets.

Transferts monétaires

Le projet de filets sociaux productifs comporte par ailleurs un programme de transferts monétaires, qui cible directement les plus pauvres en Guinée. Ce dispositif apporte un appui aux ménages pardes transferts monétaires mensuels et des activités leur permettant, ainsi qu’à leur communauté, d’être plus résilients, d’améliorer et de diversifier leurs moyens de subsistance, et de couvrir leurs dépenses consacrées à l’éducation et aux services de santé de base.

Il s’agit, entre autres, d’aider les ménages vulnérables et marginalisés à gérer leurs dépenses courantes et de faciliter leur accès à l’éducation, à la santé et à d’autres services essentiels.

Une aide vitale pour des agriculteurs tels que Lancinet Keita, « Je suis malade depuis cinq ans et je ne peux plus travailler. Je veux recruter des jeunes avec cet argent, pour qu’ils plantent des anacardiers à ma place. Je ne peux pas m’en occuper moi-même. Les bénéfices réalisés sur la récolte me permettront de nourrir ma famille. Même après ma mort, mes enfants continueront à profiter de mon champ d’anacardiers. Je bénis ce projet ! »

Depuis 2015, quelque 1 670 bénéficiaires ont reçu au total 333 275 dollars sous forme de transferts monétaires, tandis que 25 000 autres supplémentaires profiteront des 16 millions de dollars de financements additionnels alloués au programme.

Parmi les bénéficiaires, il y a beaucoup de femmes, souvent veuves, comme Fanta Keita, « Mon mari est mort et je ne peux pas nourrir ma famille. Cet argent est arrivé au bon moment et va beaucoup m’aider. J’envisage depuis longtemps de faire du commerce, mais je n’en avais pas les moyens. Dès que j’ai reçu l’argent, j’en ai donné une partie à mon fils, pour qu’il achète de l’essence que je pourrai revendre avec un bénéfice. »
 

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Fanta Keita. Photo : Mamadou Bah

Venir en aide aux villages et aux enfants

Certes, le voyage était éprouvant physiquement (plus de 20 heures de voiture en tout), mais je ne le regrette pas une minute : j’ai pu rencontrer les bénéficiaires des activités menées par la Banque mondiale et constater de visu leur impact sur le terrain.

Lors de mon séjour dans l’un des villages de la préfecture de Koubia, j’ai fait la connaissance de Moumin (« celui qui a la foi », en arabe), un orphelin de huit ans qui se rendait avec sa tante au lancement des activités de THIMO.

Ce projet permettra à des enfants comme Moumin d’avoir accès à une meilleure éducation et à des services essentiels, dans le domaine de la santé et de la nutrition notamment. Je suis convaincu que, grâce à ce type d’aide, ces enfants contribueront à terme au développement de la Guinée. Pour moi, Moumin est le symbole de ce qu’incarne la Guinée : la résilience dans les périodes difficiles, et la promesse d’un bel avenir.

Les Guinéens ont triomphé d’Ebola et de la stigmatisation qu’entraîne cette maladie, surmonté nombre d’autres épreuves (baisse des prix des matières premières, troubles sociaux, junte militaire), et ils font tout pour continuer d’améliorer leur situation. Le taux de croissance réel du PIB devrait atteindre 6,7 % en 2017 selon les estimations du FMI.

En aidant les populations à prendre part à des activités productives, la Banque peut contribuer à réduire les niveaux de pauvreté en Guinée.

Impact sur le terrain

  • Depuis 2014, plus de 32 000 bénéficiaires ont reçu des versements en espèces, pour un montant total de 4,2 millions de dollars, afin de mettre en œuvre 219 micro-projets.
  • Depuis 2015, 1 668 ménages à faible revenu ont reçu des transferts monétaires s’élevant au total à 333 275 dollars.
  • Quelque 25 000 bénéficiaires supplémentaires profiteront de cette initiative grâce à un financement additionnel de 16 millions de dollars au titre du programme.
  • D’importantes initiatives sont déployées pour mobiliser les populations et former les femmes à des activités productives génératrices de revenus.

Auteurs

Mamadou Bah

Communication Officer in Conakry, Guinea

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