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Le développement économique d’un pays ne se mesure pas uniquement à la taille d’une nouvelle route, ou au nombre d’usines, de centrales électriques et de ports construits. C’est aussi la somme d'histoires individuelles. Cette série de blogs publiée par le Groupe de la Banque mondiale, en partenariat avec Fraternité Matin et la bloggeuse Edith Brou, analyse l’impact des projets mis en œuvre et la manière dont ils changent le quotidien des Ivoiriens.
Il y a quelques mois encore, les habitants du quartier de Dioulakro situé en périphérie de Yamoussoukro (que les Ivoiriens appellent communément Yakro) devaient se battre tous les jours pour avoir de l’eau potable. Madame Bahlala se souvient encore des longues heures qu’elle devait passer devant le puits du quartier pris d’assaut dès l’aube. « À 4 heures du matin, j’étais déjà debout. Une bonne partie de mon activité quotidienne consistait à faire la queue pour chercher de l’eau. Une question de survie pour toutes les familles. J’en garde des souvenirs pénibles car sans l’eau, pas de vie ».
Plus loin, dans le quartier de Morofe Est extension, Die Konan se désaltère fièrement avec une eau désormais accessible à tout moment. Ce retraité de la société Sucrivoire qui était retourné sur ses terres natales en 2005, garde pourtant le même souvenir. « Toute la famille, y compris ma femme et mes enfants, devions aller loin pour chercher de l’eau à la rivière, tout en bas de la ville. Il fallait remplir des bidons et les transporter ici. Nous n’étions même pas sûrs de la propreté de cette eau, mais nous n’avions pas le choix. Notre puits s’était asséché et il nous arrivait souvent de ne pas nous laver ».
Deux témoignages qui nous rappellent que l’accès à l’eau potable n’est pas encore automatique pour une partie de la population ivoirienne. En 2014, on estimait à 70 % le nombre de ménages bénéficiant d’un accès à l’eau potable en milieu urbain, avec toutefois des différences significatives selon les endroits et les catégories de revenus. Par exemple, les ménages les plus pauvres vivant dans des villes secondaires avaient peu de probabilités d’y avoir accès, alors que les riches à Abidjan étaient presque certains d’être raccordés au réseau d’adduction d’eau. En outre, ce taux était bien inférieur à ceux des pays voisins comme le Sénégal (98%) et le Burkina Faso (86%).
C’est à partir de ce constat que la Banque mondiale a décidé de financer le projet de Renaissance des Infrastructures de Côte d’Ivoire (PRICI), pour aider la Côte d’Ivoire dans ses efforts pour élargir l’accès à l’eau potable à tous ses habitants. À Yamoussoukro, capitale politique du pays, l’infrastructure de base a dégringolé au cours des 30 dernières années, faute d’investissements et d’entretien, notamment pendant la crise qui a sévi lors de la dernière décennie. Bref, les installations hydrauliques existantes ne répondaient plus aux besoins des populations. Pour y remédier, le PRICI a injecté plus de 13 milliards de francs CFA dans des travaux de renforcement en eau potable et d’extension de l’éclairage public.
Ces nouveaux investissements ont permis à plus de 150 000 personnes vivant dans 11 quartiers périphériques de la ville de Yamoussoukro de bénéficier d’un accès direct à l’eau potable. Mieux, grâce à ces travaux de canalisation les localités de Sinfra, Tiébissou, Bomizambo, Kondé Yaokro et Lolobo, ainsi que tous les villages situés sur les axes Yamoussoukro-Tiébissou et Yamoussoukro-Sinfra sont désormais desservis. Le projet pourrait potentiellement bénéficier à plus de 300 000 personnes !
L’enjeu est de taille car la problématique de l’accès universel à l’eau potable est d’autant plus cruciale qu’elle a souvent fait descendre de nombreux Ivoiriens dans les rues, à Abidjan notamment ces dernières années. L’accès à l’eau est en effet indispensable à la santé et la qualité de vie. De nombreuses maladies et épidémies sont dues à la mauvaise qualité de l’eau. Et les nouveau-nés et les jeunes enfants en sont les premières victimes. Son accès facilité permet aussi de réduire considérablement le temps consacré aux travaux domestiques car jusque-là, la première tâche des femmes et des enfants est souvent d’aller chercher l’eau au puits ou au point d’eau le plus proche, parfois à plusieurs kilomètres du foyer.
S’il va sans dire que l’accès à l’eau potable est un droit universel, plusieurs questions se posent aux décideurs politiques. Par exemple :
- Si une connexion est le premier pas vers l’accès à l’eau potable, encore faut-il que l’eau soit de qualité, pas trop chère, et les coupures peu fréquentes ? Comment jugez-vous ces trois paramètres en Côte d’Ivoire ?
- Pensez-vous que l’eau potable devrait être gratuite pour tous les ménages ivoiriens, tout au moins pour les plus pauvres ? Si oui, comment faut-il la subventionner de manière à avoir le plus d’impact et de minimiser les coûts pour l’État ? ?
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