Selon un nouveau rapport de la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne est la seule région du monde où les femmes sont plus susceptibles de travailler à leur compte que les hommes. Elles sont donc des actrices incontournables de développement économique du continent, qui est aujourd’hui une terre de multiples opportunités. Bien que les femmes soient de plus en plus nombreuses à entreprendre et à profiter de ces opportunités, cela ne va pas sans de nombreuses difficultés et contraintes de divers ordres. J’en ai moi-même fait l’expérience dans mon parcours de femme entrepreneures.
Tout commence en 2014 alors que je suis employée dans une multinationale en tant qu’ingénieur support au service informatique, poste considéré comme l’apanage des hommes, ce qui entraînera ma mutation au département des achats, plus adapté selon certains, à une femme. Cette situation m’a déterminée à m’affirmer par ma valeur au-delà de ma condition de femme. Il faut dire que cette idée reçue que certains travaux sont réservés aux hommes est encore fortement répandue dans mon pays le Cameroun et, concerne particulièrement les emplois qui requièrent de la force physique, beaucoup d’énergie et de longs horaires.
En 2014 donc, l’entrepreneuriat m’apparaît comme la meilleure voie pour m’affirmer. Je lance un site de e-commerce spécialisé dans les vêtements et accessoires pour hommes, mais très vite je fais face à des difficultés qui me font fermer boutique en 2015 même si je croyais fortement en moi. J’associe rapidement ces difficultés à mon manque de compétences en gestion d’entreprise, c’est ainsi que je m’inscris à la formation GERME en gestion d’entreprise de l’Organisation internationale du travail, que je termine avec succès. La formation reste d’ailleurs un de mes piliers de développement professionnels.
Passionnée par les technologies de l’information et le développement d’internet, je participe à plusieurs conférences sur ce sujet au Cameroun. C’est au cours de ces conférences que j’ai constaté avec amertume que très peu de femmes y intervenaient ou participaient, et les rares qui s’y trouvaient ne semblaient pas être les mieux préparées. L’accès au savoir est pourtant démocratisé au Cameroun mais manifestement les femmes ne sont pas au courant des opportunités ou sont résignées par un contexte difficile et encore peu favorable à leur essor. Je décide alors d’agir pour aider les femmes à devenir un pilier du développement de l’économie africaine comme elles le sont déjà dans le développement familial, car ce dernier ne saurait être leur seul terrain d’expression et d’épanouissement. L’entrepreneuriat est une fois de plus la voie idéale. En 2015 je crée l’association African Women In Tech Startups pour promouvoir le leadership féminin dans l’entrepreneuriat technologique à travers la mise en commun des compétences existantes et pour accompagner les femmes entrepreneures dans l’utilisation du numérique comme levier de croissance, indépendamment de leur secteur d’activité. En effet, le manque de compétences spécifiques (et surtout techniques et technologiques) est un frein à la mise sur pied de certains idées entrepreneuriales portées par les femmes, notamment dans le domaine de la technologie où elles sont encore très minoritaires en Afrique. L’association compte aujourd’hui une dizaine de femmes bénévoles et engagées, toutes entrepreneures et des modèles dans leurs domaines respectifs. Nous élaborons des programmes et activités au Cameroun et avons une communauté en ligne dans d’autres pays Africains (Maroc, Gabon, Tchad, Sénégal). Grâce aux formations, au mentorat et aux rencontres organisées depuis 2016, nous observons une nette évolution dans ce secteur au Cameroun.
L’espoir existe, et il appartient à la femme de croire en elle, de se prendre en main et surtout d’oser. Les opportunités de formation ou de financement se multiplient sur le continent, et les femmes
doivent les saisir à pleines mains. Pour ma part, je continue à œuvrer par la sensibilisation, la formation et l’accès à l’information.
Alors, aux femmes, un seul mot : FONCEZ !
Prenez part au débat