Publié sur Nasikiliza

Il est temps de tracer un nouveau chemin vers la croissance et la réduction de la pauvreté à Madagascar

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Baobab alley. Madagascar, Morondava. Photo: danm12/Shutterstock Baobab alley. Madagascar, Morondava. Photo: danm12/Shutterstock

J'entame ma première visite officielle sur cette belle île en tant que vice-présidente régionale de la Banque mondiale pour l'Afrique de l’Est et australe, et je suis très enthousiaste à l’idée de rencontrer et m'engager auprès d'un large éventail de parties prenantes, de décideurs politiques et d'acteurs du changement qui partagent collectivement l'ambition de réaliser des avancées significatives en matière de développement pour Madagascar.

La région Afrique et Madagascar traversent une période passionnante et pleine de défis. Dans ce pays de plus de 28 millions d'habitants, la croissance inclusive a subi de plein fouet les chocs parallèles de la pandémie, de la guerre en Ukraine entraînant des difficultés économiques, et des impacts climatiques. Le ralentissement induit par la pandémie a annulé les gains précédents et déclenché une récession environ trois fois plus profonde que dans le reste de l'Afrique subsaharienne, avec un effondrement des recettes d'exportation et des investissements privés entraînant une contraction du PIB de 7,1 % et du revenu par habitant de 9,8 %. En conséquence, on estime que 2,4 millions de personnes supplémentaires sont passées sous le seuil de pauvreté international en 2020, ce qui porte le taux de pauvreté à un niveau record de 81,9 %. Les impacts prolongés de la guerre en Ukraine ne sont pas de bon augure pour l'avenir de la Grande Île. La décélération de l'activité économique chez les partenaires commerciaux devrait réduire sensiblement la croissance de Madagascar en 2022, principalement en raison de la détérioration des perspectives de l'Union européenne qui absorbe plus d'un tiers des exportations du pays, tandis que la hausse des prix internationaux du pétrole contribuera à creuser le déficit commercial, les produits pétroliers raffinés représentant 5,1 % du PIB. Le récent ajustement des prix à la pompe réduira les pressions budgétaires, mais les dettes du gouvernement, vis-à-vis des distributeurs de carburant, restent élevées. Sur une note plus positive, ces récentes crises ont démontré la capacité de Madagascar à maintenir la stabilité macroéconomique, grâce aux efforts passés d'assainissement budgétaire, à l'augmentation des interventions de protection sociale pour les plus vulnérables, au renforcement du cadre opérationnel de la Banque Centrale et aux importants flux de financement concessionnels.

Ne jamais laisser passer une crise sans en tirer les leçons, dit l’adage. Ces multiples chocs et risques sont une opportunité pour Madagascar de trouver une voie pour sortir du piège de la pauvreté, en s'appuyant sur sa riche diversité et son avantage comparatif : une main d'œuvre de qualité, des ressources naturelles uniques, le positionnement d'un certain nombre de produits sur le marché haut de gamme, et une connexion Internet rapide. Le pays peut parvenir à une croissance plus inclusive en améliorant les possibilités d'emploi grâce à l'accélération des investissements du secteur privé, en améliorant les résultats en matière de capital humain et en renforçant la résilience face aux chocs. Des progrès ne seront possibles que si l'appropriation politique de ce changement est renforcée, et si le sort des populations pauvres et vulnérables est placé au centre du débat politique. Cela ne pourra réussir que s'il existe une coalition pour une croissance inclusive de tous les acteurs à Madagascar.

Je me réjouis d’avance des conversations que j’aurai avec les autorités, les acteurs clés de la société à Madagascar et le peuple malagasy, à qui je poserai ces questions fondamentales : Que faut-il faire pour réduire la pauvreté et les inégalités à Madagascar face aux différents chocs actuels et futurs ? Comment créer des emplois notamment pour les jeunes malagasy dynamiques qui constituent la moitié de la population et qui ne demandent qu'à mieux servir leur pays ? Comment améliorer la fourniture des services sociaux de base : éducation, santé, mais aussi l'accès à l'électricité et le développement des infrastructures de connectivité ? Que pouvons-nous faire différemment et comment la Banque mondiale peut-elle mieux soutenir Madagascar dans ses aspirations ? Ce sont des conversations essentielles à avoir pour alimenter les discussions en cours alors que nous finalisons notre stratégie d'engagement pour les cinq prochaines années à Madagascar, connue sous le nom de Cadre de Partenariat Pays (CPF).

Le programme d’investissement de la Banque mondiale à Madagascar s'est considérablement accru ces dernières années pour répondre aux crises urgentes mais aussi pour relancer l'économie et remettre le pays sur la voie du développement. Avec 26 projets soutenant l'éducation, la nutrition, la santé, la protection sociale, la construction de routes, l'accès à l'énergie, l'eau, l'inclusion financière, l'environnement, l'économie bleue et d'autres secteurs, le portefeuille de la Banque à Madagascar s'élève désormais à 3,4 milliards de dollars. Cela inclut un effort délibéré pour recentrer nos opérations sur les zones et régions les plus vulnérables, notamment dans le Sud.

Le Groupe de la Banque mondiale se tient prêt à soutenir le peuple malagasy et est prêt à jouer son rôle.


Auteurs

Victoria Kwakwa

Vice-présidente, Afrique de l’Est et australe, Afrique

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