J’ai deux passions : l’amélioration des transports au service du développement et la nourriture ! Et si, à première vue, les deux semblent assez éloignées l’une de l’autre, vous seriez surpris de voir les nombreux liens qui les rapprochent.
Cela m’a sauté aux yeux pendant ma dernière mission au Sénégal, où j’ai piloté la mise en œuvre du projet de transport et de mobilité urbaine (PATMUR) de la Banque mondiale. Achevé depuis à peine deux mois, ce projet a notamment permis de réhabiliter 173 kilomètres d’une route secondaire reliant la capitale actuelle, Dakar, à l’ancienne capitale, Saint-Louis.
Cette mission était donc l’occasion d’organiser une visite de terrain avec l’équipe du projet, afin de tester la toute nouvelle infrastructure. Nous sommes partis de Dakar, tôt le matin, dans l’idée de rallier Saint-Louis dans la journée et de rentrer le soir même.
Très vite, nous sommes frappés par la multitude de marchés, plus ou moins importants, qui ont poussé le long de la route. Une foule de clients enthousiastes se presse pour acquérir ces fruits juteux et ces légumes frais, à portée de main. L’énergie est palpable. Incapables de résister à la tentation, mes collègues supplient les chauffeurs de s’arrêter !
Une telle évolution est le résultat direct des récents chantiers routiers. Avant, le trajet entre Dakar et Saint-Louis prenait en moyenne six bonnes heures. De nombreux véhicules succombaient au mauvais état des routes et les marchandises transportées à bord finissaient par pourrir. Non content de ramener la durée du trajet à 3 heures 15, le projet a apporté une solution fiable et sûre pour transporter les marchandises, y compris les délicieux aliments dont je raffole…
De nouveau sur la route, nous nous arrêtons une nouvelle fois juste avant Saint-Louis, pour discuter avec un groupe de femmes qui vivent de l’extraction de sel dans les lacs avoisinants. Comme nous les avions déjà rencontrées lors de nos précédentes visites, nous souhaitions savoir comment la situation avait évolué pour elles. Le métier de paludier est physique et difficile. Et faute de protection efficace, le sel attaque la peau. Or, ces femmes travaillaient toute la journée, sans équipement ni protection adaptés, et devaient ensuite parcourir des kilomètres à pied pour stocker et vendre leur récolte. Jusqu’au projet PATMUR, qui leur a distribué des bottes et des gants de protection, des outils pour extraire le sel mais aussi des tricycles, grâce auxquels le transport du sel jusqu’au tout nouveau hangar et aux marchés voisins est devenu plus facile. Elles ont aussi pu réorganiser leur groupement d’intérêt économique, pour améliorer la gestion de leur production et développer leur activité.
Arrivés à destination, un festin incroyablement goûteux nous attend, avec un plat à base de riz et de poisson préparé « à la mode de Saint-Louis », suivi par une salade de fruits frais, le tout arrosé de jus d’hibiscus.
Cerise sur le gâteau, nous sommes de retour à Dakar pile au moment du coucher du soleil…
Cette courte visite de terrain est néanmoins révélatrice du pouvoir de transformation des systèmes de transport. Kilomètre après kilomètre, nous avons pu constater leur impact sur les communautés, plus solides, sur l’activité économique, plus diversifiée, et sur l’optimisme des habitants. Je savais déjà, preuve à l’appui, à quel point les transports peuvent stimuler le développement. Mais cette expérience a achevé de me convaincre de leur importance.
Alors, oui, continuons ensemble à soutenir des systèmes de transport sûrs et durables pour permettre à toujours plus d’individus d’accéder aux emplois, aux services, aux opportunités… et à des mets délicieux !
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