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Le riz, source d’opportunités en Côte d’Ivoire n°3 : Les contours d’un projet pilote

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Issouf Ouattara, directeur des ventes des plaines de Lopé dans la région du Hambol, Côte d’Ivoire, plaisante avec Sali Soro, une petite exploitante (Photo de Raphaela Karlen, Banque mondiale)


Le second billet de cette série de blogs illustrait le potentiel de réduction de la pauvreté à travers le développement des chaînes de valeur (DCV) en Afrique. La Côte d’Ivoire espère qu’une telle approche sera efficace pour ses riziculteurs. Lors de la crise alimentaire de 2008, les prix du riz ont triplé en seulement quelques mois, amenant le gouvernement ivoirien à développer une Stratégie nationale de développement de la riziculture. La moitié de la demande croissante en riz du pays est satisfaite par les importations, alors qu’il devrait être possible de le produire localement. La stratégie vise à atteindre l’autosuffisance en matière de production rizicole.  

Cette stratégie déploie une approche de DCV conduite par le secteur privé, avec comme points d’entrée les moulins à riz. Elle vise à renforcer le développement du marché, tout en améliorant la productivité des riziculteurs et la qualité de transformation du riz. Cela devrait permettre à la filière riz ivoirienne de produire de plus grandes quantités de riz blanc de qualité, afin de répondre à la demande urbaine non satisfaite.

Le riz, une culture vivrière et commerciale

La chaîne de valeur du riz présente un fort potentiel de développement d’emplois inclusifs et de génération de revenus. Le riz est cultivé partout dans le pays, y compris par les ménages les plus pauvres. La riziculture exige une haute intensité de main d’œuvre, et les écarts marqués de rendement net à l’hectare – notamment dans des conditions agro-écologiques similaires à travers la Côte d’Ivoire – semblent indiquer une marge de manœuvre conséquente en matière de gains de productivité. De plus, le développement de la filière rizicole peut générer de nouveaux emplois hors exploitation, notamment dans la fourniture d’intrants, les services de mécanisation, auprès des moulins à riz, dans la commercialisation ou encore la distribution. Cependant le DCV est plus difficile pour les cultures vivrières. Dans le cas du riz, les petits exploitants risquent de ne pas honorer leur contrat signé avec des moulins s’ils ne sont pas payés directement lors de la récolte ou si d’autres acheteurs leurs proposent des prix plus élevés au moment de la récolte. De même, les moulins peuvent choisir de ne pas honorer les prix stipulés dans le contrat lorsque le cours du riz chute.   

Un projet pilote lancé en Côte d’Ivoire tente de cerner comment concevoir une intervention de DCV efficace pour la filière du riz, en particulier pour permettre aux agriculteurs les plus pauvres d’accéder à des marchés en plein essor. Ce projet, qui débutera au printemps, appuie simultanément les moulins et les petits riziculteurs. Les moulins se verront offrir accès à des fonds de roulement sur une base commerciale, par une banque. Ils pourront ainsi fournir des crédits aux agriculteurs pour l’achat d’intrants et acheter leur production de riz paddy en espèces lors de la récolte. Les propriétaires, directeurs et employés des moulins reçoivent une formation en management en vue d’améliorer leurs procédures opérationnelles, leurs pratiques de commercialisation et leur gestion financière, tout en renforçant leurs liens avec le marché.

À travers ces diverses interventions, les moulins pourront non seulement répondre à la demande locale en riz blanc ou transformé, mais aussi approvisionner les importants marchés urbains, plus exigeants. Cependant pour accéder à ces marchés à plus forte valeur ajoutée, les moulins doivent pouvoir compter sur une production stable de riz paddy de qualité de la part des agriculteurs. C’est pourquoi le projet pilote offre aussi des services de vulgarisation aux agriculteurs, afin de stimuler leur productivité en les aidant à mettre en œuvre des pratiques agronomiques modernes. Avec l’augmentation de leur productivité, les agriculteurs verront leur sécurité alimentaire et leurs revenus s’accroître.

Atteindre les plus pauvres

Ce projet pilote innove non seulement par son approche de DCV appliquée à une culture vivrière, mais aussi en ciblant explicitement les riziculteurs les plus pauvres. Les recherches montrent que les transferts monétaires aux ménages pauvres augmentent leurs dépenses en alimentation, éducation et autres produits de première nécessité. Cependant les transferts monétaires seuls ne suffisent pas. Les petits exploitants ont également besoin de mesures d’appui qui augmentent leur productivité et leur accès à des marchés suffisamment développés pour acheter leurs produits. Le projet pilote prévoit que l’appui apporté à ces agriculteurs enclenchera un processus leur permettant de sortir de la pauvreté, par une combinaison de transferts monétaires et de DCV.

Les prochains billets de ce blog vous tiendront informés des développements pratiques de l’intervention, de son impact sur les revenus des petits riziculteurs, et de ses implications pour les stratégies de réduction de la pauvreté en Afrique.

Ce billet est le troisième d’une série de blogs analysant les raisons et les moyens de développer la chaîne de valeur du riz afin d’améliorer les opportunités d’emploi pour les populations rurales de Côte d’Ivoire. Il s’appuie sur la recherche, sur des consultations approfondies avec les acteurs publics et privés de la chaîne de valeur du riz, ainsi que sur des visites de terrain en Côte d’Ivoire. Le projet pilote sera entrepris par un consortium d'acteurs, notamment le Projet des Filets Sociaux Productifs de la Côte d’Ivoire, l’Agence pour le développement de la filière riz (ADERIZ), le Centre International de Développement et de Recherche (CIDR), le Centre de Promotion de la Micro-Industrie et du Développement Rural (CPMI-DER), l’Institut de microfinance UNACOOPEC-CI, l’Université Catholique de Leuven, et le Groupe Emploi de la Banque mondiale.

 

Le riz, source d'opportunités en Côte d'Ivoire n°1 : Agriculteurs et meuniers montrent la voie
Le riz, source d’opportunités en Côte d’Ivoire n°2 : Développer des emplois de qualité en favorisant l’accès des agriculteurs aux marchés
Le riz, source d’opportunités en Côte d’Ivoire n°3 : Les contours d’un projet pilote
Le riz, source d’opportunités en Côte d’Ivoire n°4 : La difficile recherche de moulins prometteurs


Auteurs

Raphaela Karlen

Senior Social Protection Specialist

Luc Christiaensen

Lead Agricultural Economist, Eastern and Southern Africa

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