Aucune autre région au monde ne peut autant se vanter d’avoir changé le quotidien de milliers de personnes grâce à l’amélioration de ses infrastructures de transport. Auparavant, le manque cruel d’infrastructures dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) rendait tout déplacement entre provinces extrêmement dangereux voire quasiment impossible.
La possibilité de relier cette région au reste du pays et du monde lui donne un nouveau souffle indispensable pour rétablir la paix et poursuivre son développement. L’est de la RDC a été pendant trop longtemps le théâtre d’affrontements meurtriers qui ont causé tant de tragédies et de souffrances humaines. Depuis 1998, près de trois millions et demi de personnes sont décédées et des millions d’autres ont dû abandonner leur foyer pour fuir la violence et l’insécurité.Malgré ces difficultés, une autre vision de cette région s’offre à moi à chaque fois que notre petit avion à hélice parvient à traverser le dernier cumulonimbus (non sans de grosses turbulences parfois) et s’apprête à atterrir sur ce qu’il reste de la piste de l’aéroport à moitié détruit de Goma. Tout est don de la nature, les forêts, les terres fertiles, l’eau en abondance et les montagnes. Cette richesse n’est égalée que par l’incroyable résilience de la population locale face aux catastrophes humaines et naturelles.
Dès la sortie de l’aéroport, dans les rues de Goma, ou encore à la « petite passerelle » (lieu de rencontre et de négoce transfrontalier entre les femmes commerçantes congolaise et rwandaises) vous êtes accueillis chaleureusement par des personnes qui ont courageusement affronté l’adversité et gardent tant d’espoir en l’avenir. Elles endurent et surmontent depuis des années un nombre incalculable de traumatismes et s’adaptent à chaque fois pour trouver de nouveaux moyens de subsistance dans un monde sans pitié. Elles ont même appris à cohabiter avec le Mont Nyiragongo dont la dernière éruption en 2002 a tué plus de cent quarante personnes et détruit une grande partie de Goma, y compris son aéroport.
Le retour à la paix et à la stabilité dans l’est de la RDC est encore très fragile. L’attrait des ses innombrables ressources naturelles et la résurgence d’anciens conflits risquent à tout moment de compromettre les espoirs de sa population. L’aide humanitaire et les opérations de maintien de la paix ont indéniablement contribué à rétablir la paix. Elles demeurent indispensables au maintien de la stabilité et à la gestion d’une éventuelle nouvelle crise. Mais on ne peut pas établir de paix durable sans s’attaquer aux causes directes des conflits passés. Il faut pour cela régler les différends fonciers, promouvoir la cohésion sociale, améliorer la gouvernance et offrir des opportunités économiques à la population pour sortir de ce cycle de violences.
Voilà pourquoi la Banque mondiale a décidé de faire un don de 52 millions de dollars pour soutenir en priorité la reconstruction de l’aéroport de Goma grâce à son Projet d’amélioration de la sécurité de l’aéroport de Goma.
Les dégâts causés par l’éruption volcanique de 2002 ont paralysé le trafic aérien et gêné les opérations humanitaires et de maintien de la paix dans toute la région. On dénombre officiellement sept catastrophes aériennes depuis 2002 et des dizaines de victimes. La rénovation et l’amélioration de la sécurité de l’aéroport devraient par ricochet renforcer l’efficacité de l’aide humanitaire et aider les petites et moyennes entreprises à commercialiser leurs produits locaux (tels que le Gouda, le café, le poisson et d’autres produits agricoles à forte valeur ajoutée). Cela devrait aussi rejaillir sur le tourisme local du fait de la proximité de Goma avec le parc national de la Virunga qui est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco et abrite une des biodiversités les plus riches et protégées d’Afrique.
Dans des environnements aussi fragiles que la RDC, les investissements dans les transports auront encore plus d’impact s’ils sont accompagnés de projets qui renforcent la cohésion sociale et préviennent les facteurs de tensions. C’est pourquoi ce projet soutient aussi l’Observatoire volcanologique et la gestion des risques naturels dans la région de Goma. Il finance des programmes publics à haute intensité de main d’œuvre comme l’exploitation du basalte, pour favoriser l’essor économique de la région. Ce projet mobilise différents types d’interventions pour accroître les opportunités économiques et la résilience des habitants de cette région, et contribuer ainsi à sa stabilisation et à son intégration dans la région des Grands Lacs.
Goma ne se contente donc pas de reprendre son activité. Elle est enfin prête à décoller économiquement.
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