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Protéger et développer le capital humain de l’Afrique

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Quand, en 2020, Niamoye Dicko décide de s’inscrire au Centre de formation professionnelle de Missabougou, au Mali, la jeune femme de 24 ans est déjà bardée de diplômes. Titulaire d’une licence en éducation et motricité et d’un master en droit privé, elle ne trouve pourtant pas d’emploi.

C’est sa mère, enseignante, qui lui parle d’un programme local de formation professionnelle pour les jeunes. Ce programme lui offrira une chance de changer son destin.  

« Quand j'ai connu l’existence de cette formation, j'ai immédiatement sauté sur l’occasion. Je suis actuellement la seule femme dans ma filière [l’architecture intérieure]. »

Le lancement du projet pour le développement des compétences et l’emploi des jeunes (PROCEJ) remonte à 2014. Porté par le gouvernement malien et financé par l’Association internationale de développement (IDA) (Banque mondiale), il a été conçu pour améliorer et promouvoir l’entrepreneuriat chez les jeunes et encourager les entreprises du secteur privé à créer des emplois pour des profils juniors. C'est dans ce cadre que le centre de Missabougou propose des formations qualifiantes dans les secteurs de l’agroalimentaire, la construction et l’industrie minière. Le PROCEJ apporte son soutien à neuf organismes de ce type. Plus de 42 000 étudiants en ont bénéficié à ce jour, dont la moitié de femmes. 

Dans le contexte de la crise de la COVID, les investissements et les engagements en faveur du développement du capital humain ont joué un rôle déterminant pour protéger les populations face à la crise. Alors que les pays s’efforcent d’endiguer la propagation du virus, de sauver des vies et de reconstruire leurs économies, la pandémie plonge l’Afrique subsaharienne dans sa première récession depuis plus de 25 ans, faisant basculer jusqu’à 40 millions d’individus dans l’extrême pauvreté — et anéantissant au bas mot cinq années d’avancées dans la réduction de la pauvreté. Les pays en situation de fragilité, conflit et violence, en particulier, sont frappés de plein fouet par ce qui constitue la plus grave récession depuis des décennies. L’insécurité alimentaire et nutritionnelle gagne du terrain, tandis que les écarts entre les sexes et les inégalités économiques s’aggravent.

Mais, malgré ces difficultés, les gouvernements, leurs partenaires de développement et d’autres acteurs clés n’ont pas ménagé leurs efforts pour protéger et préserver le capital humain de l’Afrique tout en atténuant les répercussions économiques de la pandémie. Forte du soutien de l’IDA, la Banque mondiale s'est mobilisée pour aider les États à élargir et renforcer leurs programmes de filets sociaux pendant la pandémie. Plus de 4 milliards de dollars de nouveaux financements ont ainsi été débloqués pour lutter contre la pauvreté chronique en assurant la distribution d’allocations monétaires et en venant en aide à ceux qui ont perdu leurs moyens de subsistance. Au Niger, par exemple, nous accompagnons l’action menée par les autorités pour renforcer la résilience des ménages au changement climatique en s'attachant à diversifier leurs sources de revenus et encourager l'épargne.

Le projet SWEDD pour l’autonomisation des filles et le dividende démographique au Sahel, une initiative phare également financée par l’IDA, s’emploie à aider les adolescentes à reprendre le chemin de l’école et à prévenir les violences sexistes. Au Bénin, 23 000 adolescentes ont reçu un cartable équipé d’un panneau solaire pour pouvoir s’éclairer chez elles le soir quand elles font leurs devoirs. Nos projets améliorent la sécurité alimentaire en aidant les agriculteurs à accroître leur production pour satisfaire les besoins des populations locales et en soutenant les chaînes d’approvisionnement alimentaire. En Côte d’Ivoire, un financement a permis de procurer des aides au revenu à 320 000 agriculteurs et de préserver 5 000 emplois locaux dans des installations de transformation. Nous aidons les gouvernements à généraliser les technologies digitales dans le domaine des services, qu’il s’agisse de la télémédecine, de l’apprentissage en ligne ou des transferts monétaires numériques. Nous nous associons aux opérateurs de téléphonie mobile dans le but d'accroître l'accès aux contenus numériques à travers la suppression des frais d’utilisation, la création de points d'accès internet publics et la distribution de cartes SIM. Soit autant d’initiatives grâce auxquelles des jeunes peuvent bénéficier de contenus éducatifs à distance.

Nous avons lancé le Plan pour le capital humain en Afrique en 2019, dans le cadre plus large du Projet pour le capital humain initié par la Banque mondiale. Nous étions alors très loin d’imaginer que nous serions bientôt confrontés à la plus grande crise mondiale de notre temps. Ces deux dernières années nous auront appris qu’il est plus important que jamais d’investir dans les populations. En proposant sept d'axes d'action puissants et novateurs, le Plan pour le capital humain en Afrique permet de structurer et dynamiser les efforts de secours, de restructuration et de redressement déployés face à la COVID en vue d’aider les pays et les gouvernements du continent à construire un avenir plus durable, inclusif et résilient en investissant en priorité dans la population. Comme nous le montrent les leçons de la pandémie, la mise en place de larges collaborations multisectorielles et de partenariats entre acteurs des secteurs public et privé contribue à instaurer un développement économique plus durable, inclusif et résilient face aux crises et chocs futurs.

Je suis frappée par la résilience dont fait preuve Niamoye et par sa détermination à braver les obstacles pour poursuivre son rêve de devenir architecte d'intérieur. Si elle a pu changer de voie, c'est grâce au Centre de formation professionnelle de Missabougou, qui a depuis été sélectionné par l’Union économique et monétaire ouest-africaine en tant qu’établissement pilote pour un nouveau modèle de centre universitaire de premier cycle. Le projet constitue désormais une référence qui témoigne de l’importance des investissements dans la formation des jeunes et de leur utilité quand survient une crise.

Aujourd’hui plus que jamais, les pays africains doivent pouvoir compter sur le soutien accru et sans faille de tous leurs partenaires. Partenaire solide et au long cours de l’Afrique, l’IDA a aidé les pays africains à mieux se préparer aux crises et aux situations d’urgence et à protéger leur capital humain.

À l’heure de la 20e reconstitution des ressources de l’IDA, mes collègues et moi-même sommes plus que jamais motivés à appliquer les enseignements tirés de nos efforts pour intensifier les investissements et les activités dans le développement du capital humain. Il faudra notamment s’attacher en priorité à garantir l'accès à des vaccins vitaux, mais aussi étendre la couverture des filets de protection sociale, améliorer les acquis scolaires de tous les élèves, faire en sorte que les filles terminent leurs études, mettre en place des systèmes de soins solides... Et la liste est encore longue.

« Le soleil n'oublie jamais un village, même s'il est petit », comme le dit un proverbe africain. Alors n’oublions pas le Mali ni les 38 autres pays d’Afrique qui bénéficient de l’aide de l’IDA et qui ont besoin d’un soutien à long terme et constant pour parvenir à surmonter des défis de taille — en investissant dans des systèmes de santé robustes et parés contre les risques d'épidémie, en luttant contre la pauvreté des apprentissages et en reconstruisant sur des bases meilleures et plus durables. L’IDA occupe une position forte et privilégiée pour concrétiser cette vision.

Ce billet fait partie d'une série de publications consacrées aux solutions visant à garantir une reprise résiliente après la pandémie de COVID-19 dans les pays les plus pauvres du monde. Pour les informations les plus récentes, suivez @WBG_IDA et #IDAworks.


Auteurs

Dena Ringold

Directrice régionale pour le développement humain en Afrique de l’Ouest et centrale

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