Il y a quatre ans, la République démocratique du Congo (RDC) a instauré la gratuité de l'enseignement primaire, consciente de l'importance du développement du capital humain pour soutenir la croissance économique, transformer le pays et en finir avec la transmission de la pauvreté d’une génération à l’autre. La Banque mondiale a salué cette initiative et soutenu son déploiement dans plusieurs provinces grâce à un financement de 800 millions de dollars de l'IDA alloués au projet d’urgence pour l'équité et le renforcement du système éducatif (PERSE).
Aussi ai-je été très heureuse de rencontrer le mois dernier des dizaines d'élèves de l'école élémentaire Ngwanza de Kimbaseke, l'un des quartiers périphériques de Kinshasa, et du centre scolaire pour filles Buena Muntu de Kananga, dans le Kasaï-Central, l'une des provinces les plus pauvres du pays. Les effectifs de ces deux établissements ont augmenté de plus de moitié depuis l'instauration de la gratuité, ce qui signifie que de nombreux enfants que j'ai rencontrés n'auraient peut-être pas été là si les frais de scolarité n'avaient pas été supprimés.
Les paroles édifiantes que ces élèves ont prononcées dans leurs messages de bienvenue, l'ambition de certains d'entre eux de devenir enseignants pour instruire à leur tour d'autres jeunes et la joie que j'ai pu lire sur leurs visages ont renforcé ma conviction de l'impact incroyable que l'éducation peut avoir sur la vie des enfants. C'est l'étincelle et le carburant qui rendent possibles toutes les réalisations futures. C'est l'énergie que je ne manquerai pas de transmettre lors de ma participation au Sommet sur le capital humain (a) le mois prochain, où tous les chefs d'État africains seront invités à renouveler leur engagement d'investir dans les populations.
Les progrès de la RDC montrent ce qu'il est possible d’accomplir avec une volonté politique affirmée. Pour s'en rendre compte, il suffit de regarder les résultats que ce pays a pu obtenir avec le soutien de la Banque mondiale, et ce malgré les fermetures d'écoles dues à la pandémie de COVID-19 et l'aggravation récente d'un conflit dans l'est de la RDC.
- Augmentation de la scolarisation en primaire : 3,7 millions d'élèves supplémentaires se sont inscrits dans les écoles primaires publiques depuis la mise en œuvre de la politique de gratuité. Le nombre d'élèves est passé de 14,2 millions pour l'année scolaire 2018-2019 à 17,9 millions en 2020-2021.
- Réalisation de la parité filles-garçons dans l'enseignement primaire : le taux net de scolarisation a augmenté de 50 %, passant de 52 % en 2000 à 78 % en 2017, et les filles ont rattrapé les garçons que ce soit en termes de taux brut ou de taux net.
- Amélioration de la transparence et de la gestion des ressources humaines : 58 000 enseignants du primaire ont été officiellement intégrés et payés régulièrement, conformément à un système de rémunération actualisé et transparent.
Malgré ces progrès remarquables, il reste encore beaucoup à faire en RDC, car le niveau actuel du capital humain reste faible. La RDC se classe au 164e rang sur 174 pays selon l’indice de capital humain 2020. Une situation qui est la conséquence de décennies de conflits et de fragilité et qui entrave le développement et la croissance. Selon cet indice, un enfant congolais né aujourd'hui ne peut espérer réaliser que 37 % de son potentiel, par rapport à ce qui aurait été possible s'il avait bénéficié d'une scolarité complète et de qualité, et de conditions de santé optimales. La médiocrité de l'éducation et des résultats d'apprentissage, en particulier au niveau secondaire et pour les filles, est l'un des principaux facteurs expliquant la faiblesse de l'indice de capital humain.
La Banque mondiale est déterminée à soutenir le gouvernement dans ses efforts pour relever ces défis. En mars, nos administrateurs ont approuvé un financement de 400 millions de dollars de l'IDA en faveur du projet pour l'apprentissage et l'autonomisation des filles. Destinée à appuyer les mesures prises par le gouvernement pour renforcer l'enseignement secondaire, cette opération s’attachera à assurer un accès sûr et équitable à l'éducation, en particulier pour les filles, et à améliorer les conditions d'enseignement et d'apprentissage dans les écoles secondaires de certaines provinces. Il s'agit notamment de créer des environnements scolaires sûrs et inclusifs, de renforcer les programmes et le matériel pédagogique et d'apprentissage, et de doter les filles et les garçons des compétences numériques nécessaires pour participer à l'économie de demain. Ce projet s'appuiera sur d'importantes réformes systémiques lancées dans le cadre du projet PERSE pour lutter contre les atteintes et le harcèlement sexuels dans les écoles. Il étendra notamment le mécanisme de traitement des plaintes « Allô École » de l'enseignement primaire au secondaire, généralisera la signature des codes de conduite à tous les enseignants du secondaire et conduira des campagnes de sensibilisation auprès des communautés, des enseignants et des élèves.
Je suis impatiente de voir les résultats de cette collaboration entre le gouvernement de la RDC et la Banque mondiale. Maintenir les filles dans le système éducatif en rendant les écoles plus sûres et mieux adaptées à leurs besoins, c’est une politique de bon sens pour augmenter le capital humain et faire progresser le développement économique sur le continent.
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