Je m’appelle Christian Niyomwungere et serai bientôt diplômé de l’université du Burundi. C’est là-bas, pendant mes années d’études, que j’ai pris conscience du problème de l’emploi.
J’ai débarqué fraîchement à l’université un jour de juin 2013, passionné par la discipline que je venais de choisir : les sciences économiques et la gestion. C’était pour moi, un choix personnel et objectif. Même si, certains m’auraient plutôt vu en médecine. « Là, l’emploi est assuré ! », tentaient-ils de me convaincre. D’autres me disaient : « Pourquoi la gestion ? il n’y a plus rien à gérer ! »
Et moi de répondre naïvement ou disons, avec foi : « Je créerai des choses à gérer ! »
Mais dès mes premières semaines de cours, j’ai commencé à constater l’ampleur du problème. Avant tout, celui du nombre. Nous étions 473 étudiants en classe. Sans parler des autres étudiants, élèves et écoliers de tout le pays.
Dans un pays d’à peine 28 000 km2, où la population ne cesse de croître et près de 64 % des habitants sont pauvres, « Où iront tous ces gens-là ?» me demandai-je alors.
On estime entre 25 000 et 30 000 le nombre de jeunes Burundais qui sortent chaque année de l’enseignement secondaire et supérieur, mais la fonction publique, qui est toujours la voie rêvée, ne peut accueillir que 8000 nouveaux fonctionnaires par an.
Et, ce n’était pas le plus effrayant pour moi. Il y avait autre chose. Une chose bien plus grave à mes yeux : le manque flagrant de passion chez de nombreux camarades. Où étaient les chefs d’entreprise de demain parmi ces jeunes ?
Nos aînés ont été en général formés pour « chercher et non créer un emploi » et de ce fait nous transmettent cette vision des choses.
Stimuler donc l’esprit d’entreprise demande plus que des cours théoriques. Cela appelle également un environnement, un état d’esprit, dès l’enfance.
Entreprendre demande de la passion, de la détermination et un certain dépassement de soi. Et sur ce point, un enseignant qui n’a jamais pris le risque de créer une entreprise a toutes les chances de passer pour un défenseur de l’irréalisable, aux yeux des apprenants.
Notre pays ne manque pourtant pas d’hommes audacieux qui ont réussi ! Pourquoi ne pas les intégrer aux programmes d’enseignement et leur donner l’opportunité de partager leur expérience avec les étudiants ?
Nous autres jeunes, nous aimons suivre des modèles.
Quant à nous, qui sommes déjà le produit du système éducatif « théoricien », ne nous cramponnons pas à blâmer le passé. Le passé, on ne peut pas le changer, mais l’avenir oui.
Acceptons de commencer avec peu et soyons déterminés à grandir !
À côté de cette transmission de la passion d’entreprendre, promouvons les opportunités que présente la technologie au 21e siècle.
Mais là aussi, je fus désagréablement surpris au cours de la conférence « Promouvoir l’investissement à travers une coopération bilatérale et multilatérale » organisée par l’Agence de promotion des investissements, de constater que très peu d’entreprises présentes disposaient d’un site web.
Les initiatives et propositions de pistes de solution sont nombreuses, notamment au niveau de l’agriculture, du tourisme, de l’exploitation des ressources minières et de la construction ainsi que de l’intégration régionale. Rien qu’à consulter les documents nationaux sur l’emploi, le potentiel est indéniable. À titre d’exemple, selon le Rapport sur le développement humain au Burundi, publié en 2013 par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lorsqu’un touriste passe quatre nuits au Burundi, il crée un emploi annuel.
Mais avant tout, stimulons l’esprit d’entreprise chez les jeunes, incitons-les à poursuivre leurs passions. Ils créeront leur propre emploi, mais aussi des emplois pour les autres.
Et prenons à bras-le corps le nouveau moteur de l’économie : la technologie !
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