Alors que l’avion descendait vers le Burundi lors de mon récent voyage, les teintes vibrantes des collines verdoyantes qui entourent Bujumbura, la capitale, m’ont coupé le souffle. Ce tout premier aperçu depuis l’avion laissait présager l’effervescence qui m’attendait au sol. Le Burundi, autrefois synonyme de troubles politiques, a progressé dans la consolidation de la paix depuis le malaise politique de 2015, et se transforme en un pays débordant de potentiel, avec des routes propres et un sol propice à offrir des opportunités de prospérité.
J’ai été particulièrement encouragée par l’impact que notre financement concessionnel de l’ IDA, a sur la vie des gens ordinaires dans les secteurs de la protection sociale, de l’accès à l’énergie et de la restauration du paysage.
Soutenir les personnes vulnérables à travers la protection sociale
Un moment profond s’est déroulé à Mahwa, dans la province de Gitega, où j’ai eu le privilège d’échanger avec des femmes qui avaient bénéficié d’un projet pilote de protection sociale. Ces femmes, parmi les plus vulnérables du pays, ont reçu une modeste somme de 12 dollars par mois et ont suivi une formation qui les a aidées à tirer profit des opportunités commerciales.
Le résultat ? Une métamorphose de la vulnérabilité à l’entrepreneuriat. Ces femmes remarquables sont aujourd’hui à la tête d’activités génératrices de revenus et créatrices d’emplois qui ont permis à leurs familles de vivre dans la dignité. Leur résilience nous rappelle manière émouvante le privilège que nous avons d’accomplir ce travail de lutte contre l’extrême pauvreté.
Grace à ce succès, la Banque mondiale a approuvé, l’année dernière, le projet Cash4Jobs (Merankabandi II), qui vise à renforcer la capacité de gestion de la protection sociale, à étendre les programmes de filets sociaux, à promouvoir l’inclusion et l’accès à l’emploi dans l’ensemble du pays. Grâce à une combinaison dynamique de transferts d’argent, d’initiatives de développement humain et de programmes d’inclusion productive, le projet vise à sortir 200 000 ménages d’une extrême pauvreté. Cela représente un pourcentage remarquable de 25 % des personnes les plus pauvres du pays, y compris les réfugiés, les communautés d’accueil et les personnes dévastées par les crises.
Construire les voies d’accès à l’énergie
Dans un pays où seulement 13 % de la population a accès à l’électricité, une transformation révolutionnaire est en cours. Le Burundi a entrepris des investissements substantiels dans la production et le transport de l’électricité à partir de sources renouvelables, avec des réseaux d’interconnexion régionaux généreusement appuyés par les partenaires au développement, y compris la Banque mondiale. Il a permis la participation du secteur privé et travaille d’arrache-pied sur les réformes difficiles du service public – REGIDESO.
La mise en service complète, très attendue, de la centrale hydroélectrique régionale des Chutes de Rusumo en septembre 2023, d’une puissance de 80 MW, dont 26,7 MW seront dédiés au Burundi, sonnera la fin d’une production thermique exorbitante. Le projet de construction de la centrale hydroélectrique de Jiji et Mulembwe, qui devrait accroître la capacité installée du pays de 50 %, soit 49 MW supplémentaires au cours des deux prochaines années, vient encore renforcer cette augmentation de la capacité énergétique.
Cette augmentation de capacité s’aligne à l’ambition du Gouvernement du Burundi d’atteindre l’accès universel à l’électricité d’ici 2030. Pour atteindre cet objectif, le financement du secteur privé, en particulier en matière de production et de distribution d’électricité, sera essentiel. Un financement supplémentaire viendrait compléter les réformes en cours, la planification stratégique et la réglementation du secteur de l’énergie – conditions préalables au développement d’un secteur énergétique durable au Burundi.
Prendre soin de la nature : la quête de la restauration des terres
La dégradation de l’environnement est une tendance préoccupante à l’échelle mondiale et, au Burundi, elle a de graves répercussions locales. Une perte annuelle alarmante de 3,9 % du PIB résulte de la dégradation des terres, et de 2017 à 2020, le pays a vu l’érosion d’environ 33 000 hectares (1,2 % de la superficie du Burundi). Plus de 90 % des 84 000 Personnes Déplacées à l’Intérieur du pays (PDI) peuvent attribuer leur déplacement à des catastrophes naturelles d’origine climatique.
Grâce à un Projet de Restauration et de Résilience du Paysage financé par l’IDA, le Burundi vise à restaurer la productivité des terres dans les paysages dégradés ciblés. Dans la commune d’Isare, sur l’une des collines dégradées entourant la ville de Bujumbura, j’ai rencontré des femmes qui plantaient assidûment des milliers de plants. Leur mission : restaurer la productivité des terres, se protéger contre l’érosion et sauvegarder leur précieuse patrie.
Grâce à ce projet, la certification foncière a également été introduite. Les autorités administratives, soutenues par les efforts continus de sensibilisation des communautés, ont fait la promotion de la certification foncière, facilité l’accès et formalisé les droits fonciers des femmes et des personnes vulnérables. Sur les 65 289 certificats délivrés dans la commune d’Isare, 80 % portaient le nom d’une femme, tandis que 0,24 % portaient le nom d’un membre de la communauté Batwa (peuple autochtone), renforçant ainsi les droits qu’ils détenaient déjà en vertu de la loi. Voir des femmes obtenir un accès légal à la terre en Afrique représente un grand pas en avant, et nous pouvons tous tirer des leçons de l’expérience pionnière du Burundi.
Tout au long de mon voyage au Burundi, son immense potentiel m’est apparu. En élargissant l’accès à la protection sociale, à l’énergie et à la terre, le Burundi est en passe de tenir la promesse de « Merankabandi », un mot qui signifie donner aux personnes les plus vulnérables une chance de vivre dans la dignité, « comme les autres ». Avec la préservation de la paix et l’augmentation des investissements dans des secteurs stratégiques, je suis partie avec une conviction inébranlable : Le Burundi est en train de tracer la voie qui lui permettra de tenir la promesse d’un développement inclusif pour son peuple.
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