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Réaliser le potentiel : pourquoi investir dans les filles en Afrique de l’Ouest et du Centre reste une priorité

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Réaliser le potentiel : pourquoi investir dans les filles en Afrique de l’Ouest et du Centre reste une priorité Ikhlas Mansour (centre) avec deux amies. Crédit : Miguel A. San Joaquin.

Grandissant dans une zone rurale du Tchad, Ikhlas Mansour était une enfant heureuse qui allait à l’école tous les jours. Mais tout bascule le jour où sa mère meurt en couches. Plongée dans la pauvreté, la famille ne pouvait plus se permettre le luxe de la scolarité.

« Tous mes rêves se sont évaporés. Il n’y avait pas de nourriture à la maison, et je devais aider mes grandes sœurs dans les tâches ménagères. Cela m'a brisé le cœur de ne pas pouvoir poursuivre mes études », se souvient Ikhlas.

L’histoire d’Ikhlas est loin d’être unique. Au Tchad, près d’une adolescente sur trois âgée de 15 à 19 ans n’est ni scolarisée, ni employée, ni en formation. En Afrique de l’Ouest et du  Centre, 60 % des filles non scolarisées n'ont même jamais mis les pieds dans une salle de classe. La pauvreté, le mariage infantile et les grossesses précoces sont des obstacles persistants qui brisent leur avenir avant même qu’il n’ait commencé.

L’opportunité transforme des vies… et l’économie

L’Afrique de l’Ouest et du Centre a l'une des populations les plus jeunes au monde. Les filles et les jeunes femmes sont essentielles pour libérer le potentiel de la région, à condition qu’elles aient accès à l’éducation, aux services de santé et aux opportunités économiques.

Et les filles comme Ikhlas ont rarement une seconde chance. Pourtant, cela a changé lorsqu’elle a trouvé un « espace sûr » soutenu par le projet d’Autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel (SWEDD). Elle a pu acquérir des compétences de vie, retrouver confiance en elle, et retourner au lycée.

« Mes frais de scolarité ont été payés, j’ai reçu un uniforme et j’ai trouvé un logement à proximité de l’école. Tout payé par le projet SWEDD », explique Ikhlas.

Image Jeunes femmes dans une école de formation de sage-femmes au Tchad. Crédit : Miguel A. San Joaquin


Espaces sûrs : une plateforme pour un avenir meilleur

Ikhlas n'est qu'une des nombreuses jeunes femmes dont la vie a été transformée par le projet SWEDD. Au cours des dix dernières années, le SWEDD a amélioré les opportunités pour 2,7 millions de filles et de femmes dans neuf pays, en se concentrant sur quatre domaines clés : l’éducation, la santé, les opportunités économiques et l’égalité de genre.

Les espaces sûrs, combinés à d’autres interventions visant à maintenir les filles à l’école et à leur offrir des opportunités économiques, comme celle d’Ikhlas, sont au cœur de ce travail. Les espaces sûrs sont des initiatives communautaires offrant une formation aux aptitudes à la vie quotidienne, du mentorat et un environnement protégé où les filles apprennent sur la santé, les risques liés au mariage précoce et l’importance de l’éducation. Plus de 650 000 filles ont participé à ces programmes, gagnant en confiance et en outils pour se réapproprier leur avenir. Le SWEDD a également soutenu Ikhlas et 20 000 autres femmes à suivre une formation de sage-femme, améliorant l’accès aux services de santé reproductive, maternelle et infantile dans les régions mal desservies.

Le nouveau documentaire de SWEDD rend compte de ces transformations.

Au Bénin, Odette et Angélique sont devenues techniciennes en panneaux solaires, bravant les normes de genre et apportant de l’énergie propre à leurs communautés. Harmelle, qui a dû quitter l'école à 14 ans, dirige aujourd'hui une entreprise florissante d’élevage d’escargots. Ces jeunes femmes ne se contentent pas de gagner leur vie ; elles prennent en main leur propre avenir et deviennent des modèles pour la prochaine génération.

Leurs parcours montrent qu’avec le soutien adéquat, les filles peuvent passer de perspectives limitées à un potentiel illimité.


Créer un environnement favorable à l’épanouissement des filles

L'autonomisation des filles nécessite plus qu'un soutien individuel, elle exige un changement systémique. La plateforme juridique de SWEDD a soutenu l’adoption de 41 cadres juridiques nationaux et régionaux visant à maintenir les filles à l'école, à protéger leurs droits, à promouvoir la santé reproductive et à lutter contre la violence basée sur le genre. Le changement des attitudes publiques est essentiel. En 2024, les campagnes de sensibilisation de SWEDD promouvant des normes de genre positives ont touché plus de 400 millions de personnes. Ces campagnes ciblées sont adaptées au contexte local et s’adressent directement aux adolescentes confrontées aux pressions de la tradition, des devoirs familiaux et de leurs propres ambitions. Et ces campagnes s’adressent aussi à leurs parents, leurs maris et futurs maris, ainsi qu'aux dirigeants communautaires et religieux, qui sont des maillons essentiels de la chaîne du changement durable.

L’agenda continue

S’appuyant sur une décennie d’impact, le projet Autonomisation des femmes et dividende démographique en Afrique subsaharienne (SWEDD+) comprend sept pays : Burkina Faso, La Gambie, Mauritanie, Mali, Sénégal, Tchad et Togo. Le SWEDD+ vise à approfondir et élargir les interventions, afin d'atteindre encore plus de filles et de jeunes femmes en leur donnant l'opportunité et les compétences nécessaires pour s'épanouir.

Les histoires d’Ikhlas, Odette, Angélique, Harmelle et d'innombrables autres témoignent de la résilience et du potentiel des jeunes femmes africaines. Chaque investissement dans l’éducation, la santé et l’autonomisation est un investissement dans un avenir plus prospère et équitable pour l’ensemble du continent.


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