Publié sur Nasikiliza

Vous aimez manger ? Alors vous aimerez aussi l’agriculture

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If Eating is “Cool” then Farming must be “Cool” too


L’agriculture, pour la plupart des jeunes, c’est un paysan pauvre, terreux et épuisé, une binette rouillée pesant sur ses épaules abîmées et avachies. Dans son champ à la lisière de la modernité, il ne risque pas d’être actif sur Snapchat, Twitter ou Instagram...

Cette perception explique peut-être pourquoi le secteur agricole ne fait pas envie aux jeunes. Travailler dans l’agriculture, ce n’est pas « cool ». Ah bon ? Et pourtant, manger, c’est cool, non ? Puisqu’ils aiment manger, les jeunes devraient tout autant apprécier de produire ce qu’ils mangent. Des semences à la commercialisation, en passant par l’investissement, la production, la transformation, le conditionnement et la distribution : les jeunes ont leur place à tous les maillons de la chaîne agroalimentaire.

Notre époque est formidable ! L’étendue des technologies et des marchés est une chance pour ce secteur. Car les difficultés de l’agriculture et de l’agro-industrie sont autant de possibilités offertes aux plus créatifs. Où sont donc les applications sophistiquées mais conviviales qui pourraient mettre en relation producteurs et consommateurs ? Où sont les sites web, magazines, journaux et ouvrages qui nous informent sur ces filières ? Tous ces outils font cruellement défaut.

Et ce n’est pas tout. Il faut aussi créer, pour les nouveaux venus, des centres de formation dédiés à l’agriculture et à l’agro-industrie. Construire des installations de stockage aujourd’hui largement inexistantes alors que la demande est grande. Innover pour améliorer la sélection des cultures et des semences. Améliorer les techniques de préparation du sol et accroître l’accès à des dispositifs d’irrigation performants pour satisfaire la demande. Développer des usines de transformation et de conditionnement qui sont à l’heure actuelle bien peu nombreuses. Renforcer les circuits de distribution et la commercialisation. Et, pourquoi pas, guider des consommateurs qui sont même disposés à payer pour qu’on les conseille sur leurs modes d’alimentation.

Songez que nous n’avons même pas de jeunes chercheurs agronomes… En matière de transport, les cultivateurs n’en finissent plus d’attendre le jour où un entrepreneur généralisera l’usage de camions réfrigérés. Du côté des technologies de l’information, ils aimeraient disposer d’un appareil mobile pour pouvoir mieux surveiller le développement de leurs plantations, détecter au préalable les dangers qui les guettent et accomplir des tâches élémentaires sur leur exploitation, le tout en appréciant le confort de leur foyer.

Je prends un exemple. Au Rwanda, les consommateurs boudent les boissons traditionnelles — l’urwarwa (fabriquée à partir de bananes mûres) et autres ikigage, ubushera et umusururu (à base de sorgo) — parce que leur production et leur conditionnement sont rudimentaires et qu’il est impossible de les stocker. N’est-ce pas là une aubaine pour des jeunes pleins de créativité ? Il leur suffirait de trouver des méthodes innovantes pour mieux produire ces boissons, adapter leur conditionnement, les stocker correctement et les commercialiser efficacement. Je mise sur la dizaine de jeunes qui s’associeront pour se saisir de cette opportunité : leur fortune est assurée !

Autre exemple : fraîchement diplômé de l’université Mount Kenya, Gerald Mutema a décidé de se lancer dans l’élevage porcin, avec cinq cochons et un investissement de 500 000 francs rwandais (590 dollars). D’après ses calculs, il aura, d’ici la fin de l’année prochaine, un millier de bêtes qui lui assureront un revenu de quelques millions de francs.

Ce billet est un appel à l’action. Posez-vous et réfléchissez à cette question : si l’agriculture était un être humain et que nous le laissions mourir, qu’adviendrait-il de nous ? Il faut comprendre que la survie de l’humanité passe par celle de l’agriculture. C’est le moment ou jamais de se tourner vers l’agriculture et l’agro-industrie. L’avenir de vos enfants et vos petits-enfants en dépend.

J’ai choisi l’agriculture, et vous ?


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