Le brûlage à la torche des gaz sur les sites de production pétrolière est une pratique industrielle qui remonte à 160 ans. Elle contribue au changement climatique en générant plus de 350 millions de tonnes d’émissions en équivalent CO2 chaque année, auxquelles s’ajoutent du méthane brûlé en partie uniquement et du charbon noir. Cette pratique constitue aussi un gaspillage de précieuses ressources qui pourraient fournir de l’énergie à des millions d’habitants dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Et si elle s’est perpétuée jusqu’à aujourd’hui, c’est en raison d’un certain nombre de contraintes techniques, réglementaires et/ou économiques.
En outre, pour la première fois depuis cinq ans, le volume de gaz torchés dans le monde a augmenté l'année dernière (a). Selon de nouvelles estimations reposant sur des données recueillies par satellite, le torchage a augmenté de 3 % en 2018, à 145 milliards de mètres cubes — l’équivalent de la consommation annuelle totale de gaz en Amérique centrale et du Sud.
Comment expliquer cette hausse ? Elle est notamment imputable aux États-Unis, où le brûlage des gaz s’est envolé de près de 50 % entre 2017 et 2018, à la faveur d’un bond de 33 % de la production de pétrole. Parallèlement, les pays en proie à un conflit ou à des troubles politiques ont aussi connu une recrudescence du torchage. Au Venezuela — et c’est le signe d’une crise en cours comme précédemment en Syrie et au Yémen — le brûlage des gaz a grimpé en flèche alors que la production de pétrole s’est effondrée.
Si l’on ne peut tirer que des conclusions prudentes de ces variations d’une année sur l’autre, la Banque mondiale, à travers le Partenariat mondial pour la réduction des gaz torchés (GGFR) (a), continuera de suivre de près l’évolution de la situation et poursuivra ses efforts pour inverser la hausse observée en 2018. Alors que plus de 80 pays, compagnies pétrolières et institutions de développement se sont engagés en faveur d’une initiative de la Banque mondiale visant à mettre fin au torchage de routine d’ici à 2030 (a), nous disposons d’un socle solide pour atteindre cet objectif dans les dix années qui viennent. Mais, pour cela, il faudra accélérer les efforts entrepris dans cette direction et investir dans le développement des infrastructures, des technologies et des marchés requis.
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