La célébration de la Journée internationale de la jeunesse, dans quelques jours, me plonge dans un certain nombre de réflexions, liées notamment aux difficultés que rencontrent les jeunes dans le monde. S’il est un problème quasi universel, c’est bien celui du chômage des jeunes – qui reste plus de deux fois supérieur à celui de la population générale.
Or, chacun sait que la pression démographique, en particulier dans les pays en développement, rajeunit la pyramide des âges. Comment cela se traduit-il, concrètement, pour les millions de jeunes qui accèdent chaque année au marché du travail ?
Quand on parle du « chômage des jeunes », on vise les individus âgés de 15 à 24 ans qui n’exercent aucune activité alors qu’ils sont disponibles et qui ont été en recherche d’emploi dans un passé récent. Je m’appuie, plus bas, sur des données tirées des Indicateurs du développement dans le monde. Ces chiffres sont produits à l’origine par l’Organisation internationale du travail (OIT), qui établit ses propres estimations et effectue un travail d’harmonisation pour débusquer les incohérences au niveau des sources de données, des définitions et des méthodologies. Ils peuvent donc différer des publications officielles des bureaux nationaux de la statistique.
L’Asie, championne du monde de l’emploi des jeunes
En 20 ans, le taux régional de chômage des jeunes n’a guère évolué. L’Asie du Sud comme l’Asie de l’Est et le Pacifique affichent les meilleures performances, avec un taux proche des 10 % sur toute la période. L’inverse prévaut dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA), qui détiennent le record du chômage des jeunes depuis les années 1990 : en 2012, la région affichait un taux de 27 %. Mais c’est en Europe et en Asie centrale que la progression du chômage des jeunes a été la plus forte, après des années de recul, puisqu’il a franchi la barre des 20 % depuis la crise financière de 2008.
Il peut paraître surprenant que parmi les 10 pays ayant le plus fort taux de chômage des jeunes, la plupart soient européens : la Bosnie-Herzégovine, la Grèce et l’Espagne affichaient toutes des taux supérieurs à 50 % en 2012. Dans les deux derniers cas, c’est là un record absolu alors que pour la Bosnie, qui reste le pays du monde où ce chômage est le plus élevé, on observe en fait un repli par rapport à 2006, où il atteignait 63 %.
Le graphique suivant recense les pays où le chômage des jeunes est le moins fort : le Rwanda, le Qatar et le Bénin ont tous affiché un taux inférieur à 2 % en 2012. Si la situation est stable dans les deux pays africains depuis les années 1990, elle est en progrès au Qatar, puisque le niveau de chômage des jeunes était de 5 % en 2004. Soulignons que parmi les 10 pays où leur taux d’activité est le plus élevé, quatre se situent en Asie de l’Est.
Ventilation par sexe
Le chômage touche-t-il davantage les filles que les garçons ? Dans la plupart des cas, non. Mais c’est manifeste en Amérique latine et aux Caraïbes, ainsi que dans la région MENA. En Amérique latine, le taux de chômage des jeunes femmes est de 17 %, contre 11 % pour les jeunes hommes. La région MENA détient un nouveau record, avec un taux de chômage des jeunes femmes de 44 % en 2012, soit pratiquement le double (23 %) de celui des jeunes hommes.
Les raisons du retard des pays Moyen-Orient et d’Afrique du Nord
Que se passe-t-il donc dans la région MENA ? Première hypothèse, l’instabilité politique que connaît la région depuis quelques années. Mais une analyse à plus long terme révèle que ce chômage des jeunes n’est pas un phénomène récent. Selon le rapport de la Banque mondiale, intitulé L’emploi pour une prospérité partagée : le moment pour l’action au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les politiques gouvernementales suivies depuis des décennies sont à incriminer : « jusqu’au début des années 1990, l’État garantissait des emplois dans le secteur public à ses citoyens les plus instruits, contribuant ainsi à hisser le niveau d’éducation général mais aussi à pousser les budgets publics à leurs limites ». Aujourd’hui, ces jeunes qui ont fait de longues études sont les plus touchés par le chômage.
Pour plus d’informations sur le chômage des jeunes, consultez la base des données des Indicateurs du développement dans le monde. Vous trouverez également des données sur le monde du travail sur le portail consacré à l’emploi.
Indicateurs utilisés dans ce billet de blog (estimation modélisée OIT) :
- Chômage, jeunes femmes (% de la population active féminine de 15 à 24 ans) SL.UEM.1524.FE.ZS
- Chômage, jeunes hommes (% de la population active masculine de 15 à 24 ans) SL.UEM.1524.MA.ZS
- Chômage, total des jeunes (% de la population active âgée de 15 à 24 ans) SL.UEM.1524.ZS
- Chômage, total (% de la population) SL.UEM.TOTL.ZS
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