Publié sur Blog de Données

Libre accès aux données : des leçons à tirer du Kenya et de la Moldova pour les pays en développement

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Dans un monde où nombre de pays riches ne permettent pas aux citoyens d’accéder sans encombre aux données publiques et de les utiliser facilement, le Kenya et la Moldova sont en pointe sur le sujet.

Sur les six derniers mois, ces deux pays ont lutté contre l’opacité, historique ou perçue, en lançant des sites Internet de données en accès libre. Désormais, les citoyens peuvent, par exemple, visualiser et télécharger facilement des informations sur le budget et sur le recensement.

Ce mois-ci, les experts de l’Open Data ont examiné de près ces initiatives pionnières, à la recherche des meilleurs moyens d’aider les pays en développement, tels que la Mongolie, le Nigéria et le Rwanda, à ouvrir davantage leur administration.

Ils ont, de surcroît, mis en avant l’existence d’une nouvelle communauté de pratique sur les données publiques en accès libre (Open Government Data Community of Practice) sur le site du réseau social LinkedIn, destinée à mettre en relation les pouvoirs publics et les experts de l’Open Data. Ce groupe communautaire a été créé conjointement par la Banque mondiale et la World Wide Web Foundation le 28 septembre.

Soucieuse d’améliorer l’accès à l’information et d’encourager les innovateurs à élaborer des solutions logicielles aux problèmes de développement, la Banque mondiale a ouvert une grande partie de ses données au grand public il y a plus d’un an. Pour sa part, la World Wide Web Foundation vise notamment à rendre le Web accessible à tous et à aider d’autres organisations à tirer parti des technologies Web.

Quant à la communauté de pratique, elle a pour objectif d’épauler les pays qui déploient une initiative d’ouverture de l’accès aux données publiques et de documenter ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, explique José Manuel Alonso, gestionnaire de programmes de données en accès libre pour la fondation.

« C’est le début d’une conversation sur la manière de contribuer à faire avancer ces travaux », expliquait Neil Fantom, à la tête de l’initiative Open Data à la Banque mondiale, le 3 octobre, lors d’un événement organisé par la World Wide Web Foundation et la Banque mondiale.

Les projets d’Open Data ont besoin d’un appui au sein du gouvernement

Cet événement a permis de mettre en regard les expériences d’ouverture des données publiques au Kenya et en Moldova. Au Kenya, la collecte de données pour le dernier recensement a permis d’accélérer la création du site de libre accès aux données ; maintenant, le pays se demande quel cadre mettre en place au niveau de la politique publique et des institutions pour l’alimenter en données. En Moldova, le site de données en accès libre s’inscrivait dans un programme plus vaste d’e-gouvernement.

Toutefois, ces deux initiatives, lancées respectivement le 8 juillet et le 20 avril, ont pu se concrétiser en grande partie parce que des personnages clés de l’État ont largement œuvré en ce sens, explique le personnel de la Banque mondiale qui a pris part à ces efforts.

Au Kenya, le secrétaire permanent aux technologies de l’information et de la communication (TIC) était convaincu de l’utilité d’ouvrir l’accès à ces données et n’a pas hésité à prendre un risque personnel pour mener ce projet à bien, explique Johannes Zutt, directeur pays.

Le projet est passé à la vitesse supérieure à partir du moment où le secrétaire a obtenu les données du recensement 2009 sous format électronique. La Banque mondiale a aidé le gouvernement à organiser les données, et désormais, le portail propose 350 séries de données concernant notamment les dépenses publiques, la pauvreté et les écoles.

Christopher Finch, spécialiste senior du développement social pour la Banque mondiale au Kenya, explique que les autorités ont voulu avancer dans ce projet au vu de la demande croissante de données du secteur des TIC, et parce qu’elles ont compris que les données et les TIC sont une source d’emplois et un moyen d’améliorer les revenus.

En outre, « l’existence d’une communauté mondiale de l’Open Data a été déterminante, précise Christopher Finch. Au Kenya, on se rend compte qu’on est connecté à quelque chose de plus grand ».

Alimenter durablement les sites

De la même manière, selon les participants, il convient d’intégrer ces sites de données en accès libre à des projets plus vastes visant la transparence de l’État. En Moldova, le portail n’est que la « partie émergée de l’iceberg », souligne Oleg Petrov, chef d’équipe sur le projet d’e-transformation de la gouvernance de la Moldova (Moldova – Governance eTransformation Project) mené par la Banque mondiale. « Il y a derrière cela une masse incroyable de travail qui n’est pas visible. »

Il a notamment fallu consacrer beaucoup de temps à faire accepter l’ouverture de l’accès aux données aux organismes qui jouent un rôle clé dans la pérennisation du portail, indique Jeff Kaplan, consultant auprès de l’unité TIC de la Banque mondiale. « Ne perdez pas de temps à vous battre contre les résistances que pourront opposer certains organismes. Trouvez ceux qui sont à même de faire avancer les choses, et commencez par travailler avec eux. »

« Vous ne pourrez avoir un site de données en accès libre que si vous avez des données à mettre en accès libre, observe Tariq Khokhar, militant pour l’Open Data au sein de la Banque mondiale. Il est essentiel de soutenir le renforcement des capacités et l’organisation des données. »

« Le site Web de données en accès libre de la Moldova, le premier de la région, a ouvert avec 67 séries de données communiquées par cinq organismes, chacune fournissant un minimum de trois séries par mois afin de créer un pipeline de données, précise Jeff Kaplan. Le nombre des séries est passé à 250 en cinq mois, et elles permettent la transparence intégrale des dépenses publiques. »

Ces efforts renferment le potentiel d’une « transformation énorme », mais ils sont difficiles à mettre en œuvre et à déployer correctement, explique Martin Raiser, directeur pays de la Moldova pour la Banque mondiale.

« Nous avons besoin de mutualiser l’expertise, souligne Aleem Walji, responsable des pratiques novatrices pour l’Institut de la Banque mondiale (WBI). La communauté de l’Open Data dispose d’une « opportunité immense » d’aider les pouvoirs publics à exploiter toute la puissance de l’ouverture des données. »

Pour de plus amples informations, vous pouvez consulter les sites suivants :


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