Publié sur Opinions

5 solutions pour bâtir des vies meilleures grâce à l’accès aux services financiers

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Permettre à ceux qui sont actuellement exclus du système bancaire de posséder un compte courant peut être le sésame qui conduit à une inclusion financière plus large. 
 
L'utilisation des comptes courants pour troquer les paiements en espèces au profit de paiements numériques facilite l'accès au système financier formel et l’étend à ceux qui sont trop éloignés des agences bancaires ou négligés par les banques parce qu’ils sont pauvres.

De nos jours, un compte courant peut être un compte en banque, un porte-monnaie mobile, une carte de paiement ou tout autre outil électronique similaire.

Les choses ont beaucoup évolué ces cinq dernières années, depuis la réunion du G20 (a) et la reconnaissance par la communauté internationale de l’importance de l'inclusion financière, considérée comme un pilier essentiel de l’agenda mondial du développement. Depuis, plus de 50 pays ont pris des engagements formels (a) ou se sont fixés des objectifs en matière d'inclusion financière (a).

Mais il reste beaucoup à faire. À travers le monde, 2,5 milliards d'adultes n'ont toujours aucun accès aux services financiers de base. Combler ce fossé est vital pour mettre fin à l'extrême pauvreté et promouvoir une prospérité partagée. Le président du Groupe de la Banque mondiale Jim Yong Kim a fixé à 2020 la date butoir pour atteindre l'accès universel aux services financiers (a), c’est-à-dire faire en sorte que tous les adultes dans le monde aient accès à un compte courant leur permettant de déposer de l'argent ainsi que d'effectuer des paiements et d'en recevoir.

Disposer d'un compte courant ouvre la porte à d'autres services financiers comme l'épargne, le paiement, le crédit et l'assurance. L'utilisation de services financiers appropriés peut aider les gens à mieux gérer les risques, à sortir de la pauvreté et à se bâtir une vie meilleure. 

Pour y parvenir, le Groupe de la Banque mondiale focalise ses efforts sur les 25 pays qui concentrent 76 % des personnes non bancarisées de la planète, dont l'Inde et la Chine. Notre approche est centrée sur différents points : mettre en place des comptes courants accessibles, accroître le nombre de points d'accès, et appuyer leur diffusion à grande échelle et leur viabilité en dirigeant vers ces comptes des programmes publics impliquant de grands volumes de transactions, comme les transferts sociaux. Nous travaillons également avec certains pays pour renforcer les fondations indispensables : implication des hommes politiques et des différentes parties prenantes, mise en œuvre d'un cadre juridique et réglementaire, et développement des systèmes de paiement et des infrastructures TIC.
 
Si l'accès universel aux services financiers est atteint, et si cela ouvre la voie à une plus large gamme de services financiers utiles, en quoi cela changera-t-il, concrètement, la vie des gens ?

1. Les ménages pourraient épargner de manière plus pratique et plus sûre. Mettre de l'argent de côté en cas de coup dur est important pour tout le monde, mais encore plus pour les pauvres, car leur vie peut s'avérer particulièrement imprévisible sur le plan financier. Avec un compte courant, beaucoup de choses deviennent plus simples : manger plus et mieux (a), être mieux préparé en cas de problème de santé (a), et, si l'on commence à épargner quand on est jeune, développer de bonnes habitudes financières et recevoir une bonne éducation (a). Avec l'accès universel aux services financiers, tout le monde aurait la possibilité d'épargner, même de petites sommes, de manière parfaitement sûre.

2. Les personnes pauvres pourraient percevoir les allocations publiques de façon plus facile et plus sûre. Dans le monde entier, de plus en plus d'États font passer leurs programmes de transferts sociaux (pensions de retraite, aides sociales, etc.) des paiements en espèces (ou des contributions en nature) aux paiements électroniques (a), qui sont à la fois plus sûrs et bien plus pratiques. Cela permet aux bénéficiaires (a) de percevoir désormais la totalité de ces sommes puisque les intermédiaires, qui prélevaient un pourcentage, ont été éliminés du processus. Cependant, un certain nombre d'obstacles persistent, notamment liés au niveau des frais facturés et à la qualité de l'expérience client (a), mais ils peuvent en partie être résolus en renforçant l'éducation financière et la protection des consommateurs.

3. Les entrepreneurs pourraient accéder aux services financiers dont ils ont besoin pour développer leurs affaires et atteindre de nouveaux marchés. À l'heure actuelle, 200 millions de PME et microentreprises ne parviennent pas à obtenir les financements nécessaires à leur fonctionnement. Les comptes courants peuvent fournir des données sur les entrepreneurs et leur situation, en les dotant d'une « empreinte numérique », et apporter ainsi des réponses aux questions de coûts et de risques inhérentes à la prestation de services financiers aux PME et microentreprises (a). À titre d'exemple, l'intégration de petites structures à des chaînes de valeur électroniques et à des plateformes de commerce électronique, comme Alibaba et sa plateforme Taobao en Chine (a), a permis à 16 millions d'entreprises de vente, dont près de 90 % sont des PME ou des microentreprises, d'accéder à des services de crédit et de paiement.

4. Les clients inexpérimentés seraient davantage à l’aise avec les services financiers formels. Les comptes courants permettent de surmonter un certain nombre d’obstacles matériels et sociaux à l'accès aux services financiers. Disposer d'un compte courant par l'intermédiaire d'un magasin ou d'un téléphone mobile est bien moins intimidant que d'entrer dans une banque. Une étude réalisée au Mexique montre que les employés de banque traitent les clients différemment selon leur apparence ou leur connaissance des services financiers (a). Toutefois, le fait de faciliter l’accès aux comptes courants doit s’accompagner d’efforts pour sensibiliser et éduquer la population aux services financiers et garantir la protection des consommateurs (a) afin de protéger les clients contre les techniques de vente frauduleuses et autres pratiques commerciales abusives.

 5. Les personnes vivant dans des endroits reculés pourraient profiter de nouveaux services financiers via un simple téléphone mobile. Depuis le lancement de M-Pesa au Kenya en 2007, 255 services d'argent mobile sont apparus dans le monde (a), et ils proposent des services allant bien au-delà des paiements et des envois de fonds (a). Ainsi, l'utilisation des appareils portables facilite l'accès à l'assurance (a), au crédit et à l'épargne (a), à l'eau potable et à l'énergie solaire (a). Il suffirait donc d’un téléphone mobile tout simple et pas cher pour permettre aux populations pauvres de bénéficier de toute une gamme de services.

Quelles sont les avancées de l’inclusion financière dans le monde et quels sont les obstacles qu'il reste à franchir pour atteindre l’objectif d’un accès universel à l'horizon 2020 ? Ces questions seront au cœur d’une discussion, réunissant, en marge des Réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI, le président du Groupe de la Banque mondiale Jim Yong Kim, la reine Máxima des Pays-Bas, qui assure la fonction d’avocate spéciale du secrétaire général des Nations Unies pour la finance inclusive, le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, des dirigeants d'agences multilatérales, des gouverneurs de banque centrale et des représentants du secteur privé venus des quatre coins de la planète. À cette occasion, de nouveaux engagements ambitieux seront pris pour accélérer les progrès en direction d’un accès universel aux services financiers.

Cet événement sera diffusé en direct le 17 avril en anglais, en arabe, en espagnol et en français. 
Rejoignez-nous EN LIGNE et suivez cet événement avec le hashtag #FinAccess2020.
Vous pouvez également envoyer vos questions aux intervenants avant l'événement ou pendant sa retransmission en direct.
http://live.banquemondiale.org/acces-universel-aux-services-financiers


 


Auteurs

Gloria M. Grandolini

Former Senior Director for Finance and Markets Global Practice, Finance & Markets, and Chair of the Global Remittances Working Group

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