C’est un dimanche d’orages et de grèves à Katmandou, mais aussi une journée de hackathon (a) consacrée à un fléau silencieux : celui des violences dont sont victimes les femmes. Pour pouvoir participer à ce rassemblement, certains ont dû se lever à cinq heures du matin et parcourir plus de 12 kilomètres à pied afin de se rendre au Trade Tower Business Center de Thapathali. Voilà de quoi trouver force et inspiration.
Jeunes et solides, ces participants bénévoles sont déterminés à s’attaquer, grâce à la technologie, à des problèmes profondément enracinés dans l’ordre patriarcal de la société népalaise. Je viens moi-même de ce pays et j’ai malheureusement été témoin de ces violences à de nombreuses reprises. Au Népal, un tiers des femmes mariées ont subi une forme de violence psychologique, physique ou sexuelle dans le cadre conjugal.
Mais les choses vont changer, et ce hackathon en est un signal fort.
L’événement organisé aujourd’hui au Népal est sans précédent. Dès neuf heures du matin, plus de 80 passionnés de technologie et de représentants des organisations de la société civile se sont réunis pour la première fois dans une même salle afin de se mobiliser contre les violences faites aux femmes.
De la conception de systèmes d’alerte pour porter plainte aux dispositifs de prise en charge, les hackers en tee-shirt noir ont travaillé avec pugnacité sur 17 projets (a) destinés à aider les femmes. Née d’une manifestation similaire organisée sur le même thème fin janvier 2013 en Amérique centrale (a), l’idée de ce hackathon est aussi le fruit d’une initiative menée il y a quelques mois par la Région Asie du sud de la Banque mondiale. L’expérience consistait à demander aux jeunes de donner leurs solutions pour mettre fin aux violences faites aux femmes dans leur pays. Plus de 1 200 jeunes ont répondu, et leurs messages, envoyés sous forme de SMS, tweets ou e-mails, ont nourri la poursuite de l’initiative : « Cela nous a permis de voir qu’il existe une volonté parmi les jeunes d’Asie du Sud (a) de s’impliquer dans cette question et de constater le potentiel qu’offre la technologie », explique Luiza Nora, spécialiste du développement social au sein de la Région Asie du Sud.
Young Innovations (a), une société qui fournit des solutions dans les domaines du développement « ouvert », des solutions mobiles intégrées et du développement Web, a contribué à l'organisation du hackathon au nom de la Banque mondiale. D’autres partenaires comme la Société financière internationale (IFC) et l'Association informatique du Népal (CAN) ont mobilisé des développeurs professionnels pour accompagner les équipes du hackathon et mis sur pied une campagne de sensibilisation par SMS à l’attention des habitants de la vallée de Katmandou.
À l’heure où j’écris ce billet dans un coin de la grande salle où se tient l’événement, des passionnés de technologies rivés à leur écran s’efforcent d'imaginer des produits qui pourraient bien changer en profondeur leur société. Je vois en eux la promesse d’un avenir plus radieux pour mon pays. Malgré l’absence d’infrastructures adéquates (pannes de courant, lenteur de la connexion Internet…), ces jeunes veulent contribuer à l’amélioration de leur société et ils semblent tirer pleinement profit des ressources à leur disposition.
Il reste trois heures aux participants du hackathon avant la présentation au jury de leurs applications. Les trois applications récompensées bénéficieront d’une aide au lancement d’un prototype.
Je suis très impatient de connaître les résultats dont je vous informerai dans un prochain billet. En attendant, vous pouvez suivre une discussion sur ce hackathon via #genderhacknp, #endgbv sur Twitter ou suivre en direct cet événement sur http://www.ustream.tv/channel/vawhack (a).
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