Publié sur Opinions

Ce que fait le Groupe de la Banque mondiale pour relever les défis climatiques et environnementaux

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Estación de energía solar Korat 1 en Tailandia, propiedad del cliente de la Corporación Financiera Internacional, Solar Power Co. Estación de energía solar Korat 1 en Tailandia, propiedad del cliente de la Corporación Financiera Internacional, Solar Power Co.

La semaine prochaine, je participerai au sommet Action Climat organisé dans le cadre de la 74e session de l’Assemblée générale des Nations Unies. La pollution, la dégradation des forêts et de la biodiversité, les plastiques dans les océans et les phénomènes météorologiques extrêmes : toute une série de crises environnementales mettent en péril la croissance économique durable et le développement sans exclus. Si les discussions internationales ont leur rôle à jouer pour avancer dans ce domaine, le Groupe de la Banque mondiale dispose d’un atout de poids : sa collaboration avec les pays pour rechercher des solutions locales et obtenir de bons résultats.

Au cours de notre dernier exercice, nous avons consacré 17,8 milliards de dollars à des investissements liés au climat et nous avons également un portefeuille important d’autres projets environnementaux. En décembre, nous avons annoncé de nouveaux objectifs en faveur de l’action climatique pour la période 2021-2025, en nous engageant à doubler nos investissements pour les porter à 200 milliards de dollars. Nous sommes déjà le principal bailleur de fonds pour les investissements dans les domaines du climat et de l’environnement, et nous intensifions notre effort. Sur l’exercice 2019, 30 % des projets financés par la BIRD et l’IDA ont produit des « co-bénéfices » climatiques, un résultat au-delà de notre objectif. 

L’ampleur de nos engagements reflète notre conviction : investir dans le climat et l’environnement est un levier fondamental pour réduire l’extrême pauvreté et promouvoir une prospérité partagée. Nos projets dans ce domaine ouvrent de nouvelles perspectives de croissance et d’investissement, créent des emplois et rendent les économies plus résilientes. Il est important de changer les mentalités et de montrer la voie. Voici un aperçu de l’action du Groupe de la Banque mondiale pour l’environnement et le climat : 

Déforestation et biodiversité : à l’ONU la semaine prochaine, j’interviendrai lors d’un événement consacré à la déforestation et l’Amazonie, et j’annoncerai un partenariat novateur pour restaurer les terres dégradées et mettre fin au déboisement. J’ai discuté de la crise amazonienne avec les autorités brésiliennes ainsi qu’avec les dirigeants du G7 lors du récent sommet à Biarritz, en France. Et à l’occasion des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale et du FMI le mois prochain, nous accueillerons une réunion des pays signataires du Pacte de Leticia afin de soutenir leurs plans visant à promouvoir une gestion durable de l’Amazonie. 
Nous soulignerons par ailleurs toute l’importance de la biodiversité pendant les Assemblées annuelles, lors d’un événement organisé le 17 octobre et intitulé « Investir dans la nature : chiffrer la valeur cachée de la biodiversité ». 

Nous considérons que le capital naturel joue un rôle de catalyseur économique, mais aussi d’amortisseur efficace contre les aléas climatiques extrêmes. Notre rapport Changing Wealth of Nations a montré que le capital naturel représente près de la moitié de la richesse des pays à faible revenu. Cette estimation augmentera probablement dans la prochaine édition du rapport, qui tiendra compte pour la première fois d’autres dimensions du capital naturel, comme les bénéfices procurés par les océans. 

Enfin, nous avons aidé l’Éthiopie à transformer des zones dégradées en terrains verts et fertiles, ce qui a permis de réhabiliter 900 000 hectares de terres et d’assurer la sécurité alimentaire de 2,5 millions de personnes, un meilleur accès à l’eau et des rendements agricoles plus élevés.

Adaptation et résilience : lundi prochain, je parlerai résilience et adaptation au sommet de l’ONU sur le climat. La rentabilité de l’adaptation est remarquable : investir 1 800 milliards de dollars dans cinq secteurs seulement entre 2020 et 2030 pourrait en effet rapporter jusqu’à 7 100 milliards. Ces cinq secteurs sont les systèmes d’alerte précoce, les infrastructures résistantes aux phénomènes climatiques, l’agriculture dans les zones arides, la protection des mangroves et la résilience des ressources en eau.

Au début de cette année, nous avons lancé notre Plan d’action sur l’adaptation au changement climatique et la résilience pour la période 2021-2025, qui comprend trois grands axes : 

  • intensifier fortement nos financements en faveur de l’adaptation pour les porter à 50 milliards de dollars
  • aider les pays à s’adapter pour que les risques climatiques soient gérés à chaque phase de la planification des politiques, de la conception des investissements et de leur mise en œuvre ;
  • créer un nouveau système de notation pour susciter des investissements dans l’adaptation et la résilience et pour en améliorer le suivi.
Dans la ville de Beira au Mozambique, le projet Villes et changement climatique financé par l'IDA a permis la réhabilitation/construction de 11 km de canaux de drainage, l'installation de stations de contrôle des inondations et la construction d'un grand bassin de rétention. Ces efforts ont contribué à réduire le risque d'inondation dans la ville, comme on a pu le constater lors du passage du cyclone Idai. Photo : © Sarah Farhat/Banque mondiale
Dans la ville de Beira au Mozambique, le projet Villes et changement climatique financé par l'IDA a permis la réhabilitation/construction de 11 km de canaux de drainage, l'installation de stations de contrôle des inondations et la construction d'un grand bassin de rétention. Ces efforts ont contribué à réduire le risque d'inondation dans la ville, comme on a pu le constater lors du passage du cyclone Idai. Photo : © Sarah Farhat/Banque mondiale

Comment tout cela se traduit-il dans les pays ? Dans la région côtière très peuplée de Sierra Leone par exemple, un projet permet de renforcer les routes et les autoroutes les plus menacées par les inondations, créant ainsi un système de mobilité fiable et plus résilient aux crues soudaines et aux glissements de terrain. Nous soutenons aussi les réseaux de transport public pour que les habitants puissent se rendre plus rapidement à l’école et au travail tout en réduisant les émissions polluantes, ce qui bénéficie à quelque 75 000 usagers des transports en commun, dont près de 40 % sont des femmes.

Au Mozambique, après les cyclones Idai et Kenneth qui ont frappé des millions de personnes, le gouvernement a piloté une intervention de crise impliquant un millier de travailleurs humanitaires de 188 organisations. La Banque mondiale a étroitement coordonné ses activités avec les autorités, les organismes de l’ONU et les donateurs, afin d’apporter une réponse harmonisée à la crise. Dans le mois qui a suivi le passage d’Idai, plus d’un million d’habitants avaient bénéficié d’une aide alimentaire, quelque 907 000 personnes avaient reçu de l’eau potable et 745 000 avaient été vaccinées contre le choléra. J’ai eu l’occasion de visiter le port de Beira peu de temps après le passage des cyclones, il était de nouveau en activité et la ville avait été nettoyée. Tout cela a été possible grâce en partie à un projet conjoint de la Banque mondiale et de la banque allemande KfW, qui a financé un système de drainage des eaux pluviales dont les 11 kilomètres de canaux et autres dispositifs de contrôle des précipitations ont empêché la ville d’être inondée. Ce projet a également financé un système solaire d’éclairage qui, à un certain moment, a été la seule source de lumière dans la ville. 

Pour aider au relèvement après les dégâts causés par le cyclone Idai, nous avons annoncé une aide de près de 700 millions de dollars pour le Mozambique, le Malawi et le Zimbabwe. Le Mozambique a reçu un financement de 350 millions de dollars au titre du Mécanisme de réponse aux crises de l’IDA pour rétablir l’approvisionnement en eau, rebâtir les infrastructures endommagées et restaurer les cultures dévastées. Cette aide a aussi contribué à lutter contre les épidémies, à assurer la sécurité alimentaire et la protection sociale et à mettre en place des systèmes d’alerte précoce dans les communautés sinistrées. 

Agriculture climato-intelligente : une agriculture à l’épreuve du climat est essentielle pour aider les cultivateurs à s’adapter à des conditions de plus en plus difficiles et l’adoption de bonnes pratiques agricoles est tout aussi importante pour protéger la biodiversité. Le Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest a élaboré et distribué 160 variétés de plants adaptés au changement climatique et également formé les agriculteurs à de nouvelles pratiques, comme le compostage et l’agroforesterie. L’agriculture climato-intelligente sera l’une des différentes solutions qui seront évoquées pendant nos Assemblées annuelles, le 16 octobre lors d’un événement intitulé « L’avenir des territoires ruraux ». 

En liaison avec le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR), la Banque mondiale intensifie la recherche en Afrique, tout particulièrement dans le domaine des semences résistantes aux sécheresses. Nous allons travailler avec nos partenaires en Afrique pour élaborer un nouveau programme de financement de 60 millions de dollars de l’IDA. Nous prévoyons via ce mécanisme, auquel s’ajoutent nos contributions régulières au CGIAR, d’apporter un soutien à la recherche agricole de l’ordre de 150 millions de dollars au cours des trois prochaines années.

Énergies renouvelables : la Banque mondiale se mobilise pour aider les pays à accélérer leur transition énergétique et à produire une énergie durable, fiable et abordable. 

Au cours des 11 dernières années, IFC a financé plus de cinq gigawatts d’énergie solaire dans le monde en soutenant des projets dans plus de 15 pays. Scaling Solar (pdf), un programme conjoint d’IFC et de la Banque mondiale, s’étend à cinq pays d’Afrique et un pays d’Asie centrale. Rien qu’en Zambie, Scaling Solar a permis de produire 88 mégawatts supplémentaires d’électricité.  

Lors d’un récent déplacement en Égypte, j’ai visité l’énorme centrale solaire de Benban, juste à côté d’Assouan. Elle sera la plus grande centrale solaire du monde et a été construite en moins de deux ans grâce à plus de deux milliards de dollars d’investissements du secteur privé, coordonnés par IFC. Les réformes énergétiques menées par l’Égypte ont ouvert la voie aux investissements du secteur privé et pourraient être reproduites dans d’autres domaines liés au climat. 

En Inde, un prêt d’un milliard de dollars de la Banque mondiale soutient la mise en œuvre d’une initiative majeure dans le domaine de l’énergie, ainsi que le déploiement à l’échelle nationale du programme d’efficacité énergétique du gouvernement. 

Par ailleurs, en septembre dernier, la Banque mondiale s’est engagée à investir un milliard de dollars pour stimuler les investissements dans le stockage de l’électricité sur batteries, afin de renforcer les systèmes énergétiques des pays à revenu faible et intermédiaire. Cet investissement a pour but d’aider ces pays à exploiter davantage les énergies d’origine éolienne et solaire, à améliorer la stabilité, la fiabilité et la qualité des réseaux et à réduire les émissions de carbone. Le programme vise à financer le développement de 17,5 gigawattheures de capacités de stockage sur batteries d’ici 2025, soit à tripler les installations actuellement disponibles dans l’ensemble des pays en développement. 

En Haïti, l’un des pays des Caraïbes où l’accès à l’électricité est le plus faible, nous travaillons à la mise en œuvre d’un projet combiné d’énergie solaire et de stockage sur batteries qui fournira de l’énergie propre à 800 000 personnes et 10 000 écoles, cliniques et autres institutions. 

Villes durables : une grande part de notre action en faveur de l’adaptation concerne les villes. Nombre d’entre elles sont proches des côtes, elles sont donc exposées aux aléas climatiques. Ce sont également de grandes consommatrices d’énergie et elles émettent 70 % des gaz à effet de serre. Le travail de la Banque mondiale dans le domaine du développement urbain vise à construire des villes et des sociétés durables, en aidant les gouvernements nationaux et locaux à répondre aux besoins d’urbanisation d’une manière inclusive et résiliente, tout en conservant le caractère productif et viable de ces villes.

En exploitant la puissance des technologies numériques, nous pouvons évaluer les risques naturels dans une ville et cartographier les populations et les biens. Nous pouvons aussi analyser les risques climatiques et de catastrophe afin de planifier et de financer des villes plus résilientes. Par exemple, les drones offrent la possibilité de dresser des cartes de Zanzibar en six mois, ce qui permet aux responsables de surveiller l’expansion urbaine, de localiser les zones touchées par les inondations et de repérer les propriétés pour permettre le recouvrement des impôts fonciers. Et grâce à l’imagerie satellite et aux radars, en collaboration avec l’Agence spatiale européenne, nous pouvons mesurer l’affaissement du sol à Djakarta qui, dans certaines zones, atteint jusqu’à 15 centimètres par an en raison du pompage excessif des nappes souterraines. 

Les besoins de financement des infrastructures urbaines dépassent largement les ressources budgétaires et commerciales. La Banque mondiale aide les villes en investissant directement dans les infrastructures urbaines et en aidant les autorités nationales et municipales à mettre en place des systèmes fiscaux et financiers susceptibles d’accroître les recettes et d’assurer un meilleur accès aux capitaux privés pour financer durablement les besoins d’investissement. 

Eau et déchets : selon notre récent rapport sur l’eau, la détérioration de la qualité de l’eau réduit d’un tiers la croissance économique potentielle des zones fortement polluées et menace le bien-être humain et environnemental.
 
Dans le monde, 80 % des eaux usées sont rejetées dans l’environnement sans traitement et 1,6 million de personnes meurent chaque année de maladies liées à un assainissement défaillant et à une mauvaise hygiène. Nous aidons les gouvernements à gérer leurs ressources en eau afin qu’ils puissent fournir de l’eau potable et des services d’assainissement aux familles, aux exploitations agricoles et aux usines. 

Depuis 2000, la Banque mondiale a investi 4,7 milliards de dollars dans plus de 340 projets menés dans le monde entier pour financer la gestion des déchets solides, le recyclage, les méthodes de production propre et des réformes politiques en matière de tarification du carbone et de croissance verte.

En Azerbaïdjan (a), les prêts de la Banque ont soutenu la rénovation de la principale décharge du pays et la création d’un organisme public dédié au traitement des ordures ménagères. Le pourcentage de la population bénéficiant de services de gestion des déchets municipaux est ainsi passé de 53 % en 2008 à 74 % en 2012. 

Pollution et plastiques en milieu marin : la pollution de l’air, du sol et de l’eau cause environ neuf millions de décès prématurés dans le monde. La pollution atmosphérique a coûté à l’économie de la planète l’équivalent de 5 700 milliards de dollars en 2016, soit 4,8 % du PIB mondial. Grâce à notre nouveau programme PROBLUE, nous soutenons le développement d’activités économiques durables dans des océans sains. À l’échelle mondiale, nous intensifions nos efforts pour lutter contre la pollution plastique en milieu marin et les autres menaces pour la santé des océans, comme la surpêche et la destruction des habitats naturels, en particulier la mangrove. En Indonésie, la Banque mondiale a contribué à hauteur de 100 millions de dollars au programme de gestion des déchets de 1,3 milliard de dollars lancé par le gouvernement, qui prévoit notamment d’investir dans la gestion des déchets marins. 

Nouvelles solutions de financement : le rôle du secteur privé sera primordial pour réussir à relever les défis climatiques et environnementaux. Le Groupe de la Banque mondiale a été un pionnier du financement de solutions pour le climat et l’environnement. En 2008, nous avons émis la première obligation verte labellisée et, depuis, nous avons levé environ 13 milliards de dollars auprès d’investisseurs institutionnels et de particuliers du monde entier, par l’intermédiaire de plus de 150 green bonds émises dans 20 devises.

Nous avons conçu des instruments comme l’option de tirage différé pour les risques liés aux catastrophes, un prêt conditionnel assorti d’un mécanisme de décaissement rapide en cas de catastrophe naturelle. Nous travaillons avec les pays dans le cadre de programmes régionaux qui mutualisent les risques et les transfèrent aux marchés financiers afin de réduire le coût des primes d’assurance et de créer des plateformes régionales pour modéliser les risques et favoriser la collaboration en matière de préparation. Le premier de ces instruments régionaux de financement des risques, le Fonds caraïbe d’assurance contre les risques de catastrophe, englobe maintenant 21 pays des Caraïbes et d’Amérique centrale qui ont accès à une assurance contre les tremblements de terre, les cyclones tropicaux et les précipitations excessives. Ce mécanisme a été actionné à 39 reprises pour un décaissement total de 150 millions de dollars, dont 11 millions versés rapidement aux Bahamas après le passage de l’ouragan Dorian. 

Ce sont là quelques exemples des multiples modes d’action du Groupe de la Banque mondiale pour contribuer à relever les défis climatiques et environnementaux dans le monde. Je suis impatient d’échanger sur ces sujets essentiels la semaine prochaine à l’ONU et à l’occasion de nos Assemblées annuelles au mois d’octobre.


Auteurs

David Malpass

Ancien président du Groupe de la Banque mondiale

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